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criminels condamnés. Thomas de Souza en eut le commandera en i avec titre de
gouverneur général j on soumit en mcme temps à ses orilres tous les autres établisscmens,
et l'on restreignit beaucoup les privilèges de ceux qui les premiers avaient
reçu des fiefs dans ces contrées.
A l'arrivée de Souza, Alvares Correa vivait encore : l'influence de cet homme
singuliei- ne lui servit pas moins que sa propre sagesse et sa modération à établir
des rapports d'amitié avec les Tupinambas, qui favorisaient beaucoup les développemens
de ce nouvel établissement. Plus tard, quand des divisions éclatèrent entre
les Portugais et les Indiens, la nouvelle colonie était déjà tellement affermie par
l'appui que lui avaient prêté les Indiens eux-mêmes, qu'il n'y avait plus d'inquiétude
à concevoir de leur agression, et qu'il devint même évident que cette agression
ne pouvait conduire qu'à leur perte. L'arrivée de beaucoup de Jésuites multiplia
encore les occasions d'hostilité par le zèle peut-être outré qu'ils apportèrent à la
conversion des Indiens. Ils s'appliquèrent aussi à extirper les habitudes anthropopliages
des Tupinambas, et souvent ils leur aiTachèrent leurs victimes.
En i552 Thomas de Souza remit le gouveraement à Duarte da Costa, qui avait
été nommé son successeur. Celui-ci arriva accompagné de plusieurs Jésuites, entre
autres du célèbre Anchieta; mais bientôt ils quittèrent Bahia, pour continuer dans
le midi du Brésil les travaux de leui' mission, et pour jeter les fondemens de la
puissance que leur ordre établit au Paraguay.
La fin du seizième siècle fut pour Baliia une époque importinte; car l'accroissement
de la population et l'étendue toujours plus grande des étabhsscmens portugais
au Brésil amenèrent la division de cette colonie en deux gouvernemens distincts.
Bahia resta la capitale du gouvernement septentrional, Rio-Janeiro le devint des
provinces méridionales ( iSya). Néanmoins, au bout de quelques années, on réunit
les deux gouvei-nemens, pour être bientôt séparés de nouveau, jusqu'à ce qu'enfm
Rio-Janeiro devînt la capitale de tout le Brésil. A peu près à la môme époque
les Tupinambas partirent pour l'intérieur du pays; seul moyeu qu'ils eussent de
se dérober aux Portugais, dont les attaques réitérées menaçaient de détruire peu à
peu toute leur race. Une partie de leurs habitations furent dans la suite occupées
par d'autres sauvages, qui appartenaient à des tribus moins puissantes, et celles-ci à
leur tour disparurent devant la civilisation européenne, qui ne cessait de s'étendre.
Aujourd'hui on connaît à peine le nom de la plupart de ces tribus sauvages; le peu
qui en resta se répandit dans les forêts de l'intérieur, ou s'établit parmi les colons,
se perdant et se mêlant ainsi au sang européen et au sang aû-icain.
C 4ii )
La mort du roi Don Sébastien dans la malheureuse bataille d'Alcaçar eut pour
conséquence la réunion du Portugal et du Brésil à l'Espagne. Il y eut de la part du
gouvernement espagnol tant de négligence, tant de mauvais vouloir à l'égard de celle
colonie, que ce fut une espèce de provocation, une occasion fournie tout naturellement
aux ennemis de cette puissance pour tenter une attaque sur le Brésil. Eu
i()23 la Compagnie hollandaise des Indes occidentales arma une Hotte de soixante
voiles pour s'emparer de cette proie, qui, d'après les apparences et les renseignemens
qu'on avait recueillis, devait être d'une conquête facile. Quoique la cour
d'Espagne fût informée de ces armemens et du but de l'expédition, elle ne fu rien
pour s'y opposer, et quand une division de la flotte hollandaise parut devant Bahia,
sous les ordres de Willckens, le gouverneur Diego de Mendoza n'avaii pour défendre
la capitale que quati'e-vingts hommes de ti'oupcs de ligne; quani aux hommes
de la milice, ils avaient plus d'aversion pour le joug espagnol que pour les Hollandais,
et même, à certains égartls, ils regardaient ceux-ci comme des alliés et des
libérateurs; ils se dispersèrent donc sans la moindre résistance. Mais le gouverneur
défendit si vaillamment son palais, où il s'était retranché avec sa troupe, (j^ue les
Hollandais lui concédèrent la faculté de se retirer où il voudrait. Cej)endant ils ne
tinrent point leur parole, et dès qu'il eut posé les armes, ils le déclarèrent prisonnier
et le renvoyèrent en Europe. Peu de temps après que Willckens se fut emparé de
Baiiia, le reste de la flotte hollandaise y arriva conduite par Vandoori, qui prit le
commandement supérieur; bientôt néanmoins l'événement prouva que ce n'était pas
la lâcheté des Brésiliens qui avait rendu sa victoire si facile, et que la cause en était
d'abord dans la négligence du gouvernement, puis, de la part du peuple, dans le
défaut de dévouement et de confiance. Révoltés de l'avarice grossière des Hollandais,
les habitans de Bahia et de toute la province se réunirent dans les cantons les
moins habités du pays. L'évêque Marcos Tejeira se mit à leur tête, et les Hollandais
furent en très-peu de temps réduits à ne plus posséder que la capitale; la province
toute entière était en révolte ouverte. Cette énergique insurrection donna à
la cour d'Espagne le temps d'armer une flotte pour secourir le Brésil. En 1625,
Don Fadi'ique de Tolède parut devant Bahia, et après un siège d'un mois, ¡1 contraignit
la garnison hollandaise à se rendre. Depuis lors les Hollandais ne purent
plus réussir à s'établir à Bahia; la flotte qu'ils envoyèrent pour opérer une nouvelle
tentative, fut battue par Don Fadrique. Mais en revenant en Espagne, la floiie
de ce dernier eut tant à souffrir de la tempête, qu'il ne put rentrer à Cadix qu'avec
fort peu de bdtimens, qui étaient dans le plus mauvais état. Bahia fut désormais
./•Dl,.. G/alu-.y/Li., ^^
l'iniimlrt •