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mouvemens contraires, el les commencemens de leur civilisation sont peu à peu
dispersés et éci-asés; car bientôt les conquérans partagent le sort des vaincus par suite
d'une irruption nouvelle, venue de l'intérieur. Ces guerres, ces victoires et ces dominations
ont un caractère de fureur et de cruauté poussées jusqu' à la démence et
telles qu'aucune autre partie du monde n'en ofTre d'exemple. Souvent on est tenté
de regarder l'eau-de-vie des marchands d'esclaves comme le seul mobile, le seul
principe moral de l'iiistoire de ces peuples. Un récit détaillé de ces événemens, une
énumcralion suivie des iribus de Nègres qui parurent sur ce vaste champ de bataille,
ne serait susceptible d'aucun intérêt : nous rappellerons seulement les conquîtes
des Giagas au commencement du 17.' siècle, et leur reine Jem-ban-Dunba, faisant
piler dans un mortier son propre ills, afin d'en composer un onguent qui devait
la rendi'e invincible, elle et ses guerriers.
Ce qui importe le plus aux destinées futures de l'Afrique, ce sont évidemment
les essais récens tentés par l'Angleterre pour rendi-e la civilisation de ce continent
possible et pour parvenir, au moyen de la suppression du commerce des esclaves,
à melti-e fin à un état aussi violenL Les hommes qui les premiers, en Angleterre,
se déclarèrent au nom de l'humanité contre ce commerce, furent long-temps un
objet de dérision; on les regarda comme des i-éveurs égarés par une folle sensibilité,
jusqu'à ce qu'enfin les publicistes qui dirigeaient le gouvernement se fussent convaincus
du désavantage qui résultait de ce trafic et du bien qu'entraînerait sa suppression.
En cxcluanl l'Angleterre de l'Europe, le système continental lui donna une
domination illimitée sur toutes les mers ; il lui fournit à la fois le prétexte et les
moyens d'éloigner de la côte africaine les pavillons européens et d'arrêter la marche
du commerce des esclaves. Ce peu d'années de repos commençait à produi r e les plus
heureux ellets : à la place des dévastations et des violences on voyait partout se développer
un germe d'industrie; les nombreux produits de ces contrées étaient échangés
contre les marchandises anglaises, et les deux parties pouvaient en attendre des avantages
toujours croissans. Le christianisme commençait à se répandre dans l'intérieur
d u pays au moyen des missionnaires; il amenai t à sa suite la paix, puis de nouveaux
besoins et de nouvelles jouissances.
Par une réaction singulière, la chute de Napoléon eut pour l'AInque les plus
fâcheuses conséquences. La plupart des possessions de la côte retournèi-ent à leims
anciens maîu-es : leur réintégration, la fin de la suprématie que le ]>avillon anglais
tenait d u dj-oit de la guerre, lai.ssèrcnt revivre ce conunerce des esclaves et toutes ses
suites désastreuses; elles détruisirent en peu de temps tous les germes de civilisation que
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l'époque précédente avait fait naître et fomentés. Ce fut partout avec une véritable
fureur que les marchands d'esclaves excitèrent les princes et les chefs de la côte contre
les missionnaires; ils prodiguèrent les présens, ils promirent des gains rapides, enfin
ils employèrent l'eau-de-vie, ce poison auquel le Nègre ne résiste jamais, et bientôt
ces missionnaires furent obligés d'abandonner ces peuples à la perte à laquelle ils semblent
être condamnés pour toujours. La suppression du commerce des esclaves fut
l'un des engagemens saci-és contractés par les maîu-es de l'Europe envers l'humanité
aux congrès de Paris, de Vienne et d'ALx-Ia-chapclle ; mais jusqu'à ce j o u r , en dépit
de l'infatigable activité et des représentations de l'Angleterre toujours reproduites de
la manière la plus pressante, rien d'essentiel n'a été fait pour l'accomplissement de
cet engagement. 11 y eut des demi-mesures, des lois et des ordonnances insuffisanles
pour te fond des choses, ou bien dont le but apparent était manqué par suite de la
négligence volontaire apportée dans l'exécution. Tout cela n'eut d'autre ciFet que de
rencb-e le commerce des esclaves plus lucratif et par conséquent d'en augmenter l'attrait,
de le li\Ter entre les mains d'hommes qui sont le rebut des nations maritimes,
enfin de lui donne r une extension et un caractère de violence et de cruaut é qui n'avait
jamais été poussé au même point. Les bdtimens négi'iers sont la plupart disposés de
manière à pouvoir opposer de la résistance aux vaisseaux anglais qui croisent dans ces
parages pour faire exécuter, autant que le permet le di-oit mutuel de visite, les lois
prononcées contre la traite des esclaves. Ces négriers ne craignent point, lorsqu'il
s'agit de compléter leur cargaison, d'enlever les habitans de la côte et les riverains des
grands fleuves; il est prouvé aussi que.souvent ces bâi imens exercent la piraterie. Les
combats entre eux et les croisières anglaises sont trcs-fréquens. Toutefois là où la
résistance à force ouverte n'est pas possible, il existe, pour éluder les lois, un système
organisé de parjure et de fraude qui passe toute croyance, et dont l'impudence
a gagné depuis le dernier matelot jusqu'au fonctionnaire le plus éminent dans les
colonies des nations qui déshonorent leur pavillon par ce trafic.
Après tant de preuves palpables et réitérées du peu de foi que l'on peut accorder
aux paroles trompeuses des autres puissances, on ne fonde l'espérance de voir enfin
cesser ce déplorable état (|uc sur la possibilité d'une crise politique quelconque, qui
vendrait au pavillon britannique la domination exclusive de la côte africaine. Le gouvernement
anglais, pendant une longue suite d'années et dans une multitude de
circonstances, à démontré que ses intentions sur l'abolition de la traite des Nègres
étaient sérieuses, et <|uoique nous ne puissions avoir une grande confiance dans la
générosité et dans riiumanité de ce gouvernement, nous trouvons une garantie sûre
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