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roceiros ou colons proprcnicnl clils. Leurs fondions exigent beaucoup de courage
et J'liabilcic, tant pour saisir el dompter les chevaux sauvages, que pour les soins
à donner aux bel es à cornes, si toutefois il peut être ici question de soins. Les
troupeaux errent librement, et ce n'est que dans certaines saisons de l'année que
les plâes à cheval les réunissent dans des lieux entourés de clôture {rodeio). Une fois
rcnlermés, on recherclie les taureaux de deux ans, et on les châtre 5 on marque
d'un fer chaud ceux d'un an, pour leur inqiriincr la marque du propriétaire; enfin
on prend, pour les tuer, ceux ([ui sont ¡Igés de plusieurs années. On observe dans
cette dernière opération une méthode qui prouve beaucoup d'habileté. Le berger
à cheval poursuit l'animal, et quand il l'a une fois atteint, il tàclie de lai jeter un
fort lacet autour des jambes pour le renverser, ou bien il le terrasse d'un coup
de perche et lui noue ensuite les pieds. Les fonctions du berger consistent de [)lus à
visiter tous les jours les diiTérens pâturages, pour empêcher le bétail de se perdre,
et pour le protéger conu-e les animaux féroces, et surtout contre les loups, qui sont
fort nondjreux dans les campos. Cette inspection, vu la grande étendue des pâturages,
ne peut se faire qu'à cheval, car le pâtre a très-souvent quinze ou vingt legoas
à parcourir en un jour. 11 y a près de la fazenda un pâturage entouré d'une haie
{corral)-, on y tient toujours un certain nombre de bètes apprivoisées, et principalement
de vaches, dont le lait fournit un fromage qui dans ces conti-ées est un article
de connnerce fort important.
L'éducation des chevaux n'exige pas plus de soins que celle des bétes à cornes, mais
elle demande tout autant de fatigue et d'habileté. Ordinairement les chevaux courent çà
et là par troupes de vingt à trente. Pour les approcher, les marquer ou les vendre, les
piaes, à certaines époques, poursuivent ces troupes, les unes après les autres, et les
font entrer dans une enceinte. Là on prend avec des lacets les chevaux qui ont
l'âge requis ; on se sert de pinces ]>uur les tenir par les oreilles ou les lèvres -, on leur
nu;t un caveçon, et tout aussitôt le f>ido s'élance sur leur dos; puis on lâche le clieval
ainsi monté : alors il s'élance à la cour.se, et par les sauts les plus rigoureux
il cherche à se débarrasser de son cavalier, jusqu'à ce qu'épuisé de fatigues et de
coups de ibuet, il connnence à obéir à la bride. Le lendemain on renouvelle le
même Q-aitement, et en ti-ès-peu de jours le cheval est dressé. Dans cliaque jazencla
il y a quelques ânes de bonne c[ualité pour la jirojiagation des nuilcts; à quel eilct
on tient toujours un certain nombre de jumens à proximité de l'habitation et dans
un pâturage séparé.
VOYAGE PITTORESQUE
D A M S L E BRESIL.
^mi mm otmipéieh©.
LES révolutions politiques et les événemens qui depuis quelques années se sont
succédé au Brésil, et dont Rio Janeiro a été souvent le théâtre, ont eu des résultats
fort remarquables 5 mais l'un des plus iniportans, celui peut-être qui frappe le plus
l'observateur, c'est l'intérêt toujours croissant que prennent les habitans du pays à
toutes les questions dont la solution peut exercer quelque influence sur l'état intérieur
ou sur les relations extérieures du Brésil. Cet intérêt se manifeste librement
et sans aucune contrainte, et si l'on compare ces nouvelles habitudes avec l'ancienne
obéissance passive, avec cette muette soumission à tous les ordres venus de la métropole,
sentimens qui étaient le caractère dominant de toutes les colonies des Etats de
l'Europe, et surtout de celles de l'Amcrique méridionale, on ne niera pas que
l'esprit d'examen et de discussion ne se soit mis à la place du respect aveugle qu'on
professait pour la supériorité de la métropole, et que ce ne soit là un des traits
caractéristiques des moeurs de Rio Janeiro. Les habitans de toutes les classes se livrent
aux conversations politiques, et dans leurs groupes on voit des ecclésiastiques, des officiers,
des négocians, des ouvTÎers. S'ils ne sont pas toujours très-instruits du sujet dont
ils parlent, toujours est-il qu'ils font preuve de zèle, de raison, d'esprit, et qu'ils expriment
leur pensée avec beaucoup de facilité. Chez les peuples méridionaux ces discussions
en pleine rue rappellent assez bien la vie publique des anciens; elles forment
l'opinion, elles l'expriment. Mais, comme on peut bien le penser, il existe au Brésil,
comme en Europe, différentes manières de voir sur ces réunions. Que les puissans du
jour soient incommodés parfois du progrès sans cesse plus sensible de l'esprit d'investigation,
du besoin qu'éprouvent les citoyens de se communiquer leur pensée sur
des événemens 6t sur des mesiu-es dont les suites bonnes ou mauvaises agissent sur
tous les membres de la société, cela est tout simple; mais du moins ils ne devraient
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