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réussirent enfin à s'emparer non-seulcmenl de la province Je Pernambuco, mais
encore de toutes les provinces voisines qui vers le sud s'éiendenl jusqu'à Bahia. Les
causes qui paralysèrent la courageuse résistance des habitans de Pernambuco, en
leur raisant perdre tout le fruit de leurs premiers succès, furent principalement dans
les divisions qui s'établirent entre les chefs des Brésiliens ; dans l'incapacité ou dans la
trahison du général Bagnolo, qui était napolitainj enfin, dans la désertion du mulâtre
Calabarj ce fui ce qui contribua le plus à la réussite des Hollandais. Sans doute il est
pénible de jeter ainsi le blâme sur les noms de quelques-uns des chefs qui défendaient
la liberté du Brésil ; mais quand l'histoire flétrit le nom d'un traître, qui plus tard
devint l'objet de la vengeance de ses concitoyens, il est beaucoup d'autres noms qui
brillent et brilleront toujours dans les annales du Nouveau-Monde5 leur immortelle
réputation est due aux plus nobles sacrifices, à l'héroïsme le plus pur, à la profondeur
des vues et à l'habileté de l'exécution. 11 est beaucoup d'bommes dont la noble
conduite constitue de véritables litres de noblesse à la race noire et à la race cui-
\Tée, et nous citerons de préférence à tous les auli-es les noms du chef de Nègres
Henrique Diaz et du chef indieu Camerain.
Alors même que tout paraissait perdu, une grande partie des habitans de Pernambuco
refusa de se soumettre aux Hollandais. Ils partirent avec femmes et enfans
pour le port voisin de Porto-Calvo; de là, chassés encore par les Hollandais, ils vinrent
à Bahia. Beaucoup d'enti-e eux, leurs femmes, leurs enfans périrent de faim et de
mal-aise dans leurs marches à ti'avers les déserts de Sertaos. Les auti-es conlribuèrenl
beaucoup à protéger Bahia contre l'attaque du général hollandais Maurice de Nassau.
Vers ce temps (i()58) il parut ótre décidé qua l'avenir le Brésil serait partagé
entre la Hollande et le Portugal, et d'autant plus qu'on avail vu échouer la dernière
lentalive de la cour d'Espagne, qui avait envoyé Francisco Mascarenlias à la tête d'une
flotte pour sauver Pernambuco. Par une administration sage et vigoureuse Maurice
de Nassau clicrcha ù fermer les plaies des pi-ovinces qu'il avait conquises, ei qu'une
guerre de dévastation avait long-temp.s ravagées. L'activité des Hollandais semblait
promettre que bientôt l'on mcttrail à profit les riches ressources de celle contrée,
et que Pernambuco serait l'une des principales colonies d'une puissance, qui, pour
l'importance maritime, était alors une dos premières de l'Europe. Un événement,
([ui à la première apparence semblait devoir favoriser toutes ces vues, cona-ibua
cependant à les détruire d'un seul coup. Le 1." Décembre une conjuration, la plus
glorieuse peut-être de toutes celles dont l'histoire a rcaeiiu le souvenir, délivra le
Portugal du joug de l'Espagne, et mit la maison de Bragance sur le trône. Il parais-
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sait dès^Iors que les Étals de Hollande trouveraient dans le Portugal un allié
naturel contre l'Espagne, et de fait, le nouveau roi, n'étant pas encore bien assuré
sur son trône, se vit obligé de conclure une trêve de dix ans, en assurant aux
Hollandais la possession de leurs conquêtes au Brésil. Mais les Hollandais eu.x-mûmes
violèrent cette convention par leur attaque imprévue sur Maranham. Vers le même
,emps Maurice de Nassau fut rappelé par les chefs ombrageux de la Républicpie, et
l'administration des provinces conquises fut confiée à trois commissaires j mal.
bientôt ces commissaires portèrent l'exaspéradon des habitans à son comble par
des vexations de tout genre et même par leur intolérance religieuse. Le gouvernement
sage et fort de Maurice n'avait pas donné lieu à ce genre de plaintes. Alors
un jeune homme, Fernandez Vieira, entreprit de délivrer sa patrie. Il appartenait
à une famille considérée et possédait de grandes plantations dans la province. Déjà
il s'était distingué dans divers combats contre les Hollandais, et notamment à la prise
d'Olinda, où il avait avec trente-sept compagnons et pendant six Jours défendu
contre toutes les forces ennemies le fort Saint-Georges, qu'il ne rendit qu'à des conditions
très^honorables, et en rejetant avec un noble dédain la condition de ne
jamais porter les armes contre les Hollandais. En 1645 il conçut le plan de s'emparer
de la capitale de la province : se voyant trahi et dénoncé, il prit sur-lc-champ
la résolution de se dérober aux conséquences de son action, en se révoltant ouvertement.
A la tête d'une petite troupe fort mal armée, il attaqua les HoUandais. Griice
à son inébranlable courage, à sa sagesse profonde, à son brûlant amour de la patrie,
il réussit à communiquer son enthousiasme à ses conîpatriotes, et quoique la supériorité
de l'ennemi lui fît essuyer quelques revers, les flammes de l'insurrection se
répandirent sur toute la province de Pernambuco et sur les contrées voisines. Vieira
fut l'ame de toutes ces entreprises; ses richesses servaient à l'armement, ii la nourriture
des patriotes; sans hésiter il jeta lui-même la torche dans ses plantations, pour
que l'ennemi n'en pilt tirer parti. D'abord les entreprises de Vieira ne furent point
appuyées par le gouvernement portugais; le roi lui ordonna même formellement de
poser les armes.« Quand j'aurai, répondit-il, reconquis poiu" le roi, mon maiti'e, l'une
« de ses plus belles provinces, je recevrai de ses mains la punition de ma désobéisa
sance.» Cependant le vice-roi Vidal, dont la résidence était à Baliia, lui envoya
de temps à autre de faibles secours. La Hollande arma une flotte pour sauver sa
conquête; celte circonstance, jointe aux victoires de Vieira, détermina enfin le
gouvernement à reconnaître formellement son entreprise et à envoyer quelques
troupes à Pernambuco sous le commandement de Francisco Baretto de Menezes.
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