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on aime surtoul à les surprendre dans leurs canipemens, et quand on esl parvenu à
les d e coumr , on les cerne la nuil, el au point du jour on fail feu de loules parts sur
les Indiens endormis. Quand on le peul , on lire lout di-oii dans les cabanes remplies
d'Indiens, de femmes et d'enfans plongés dans le sommeil. Surpris de la sorte, les sau-
A-ages s'échappenl el lâchent de se sauver par la fuite. En règle générale, le soldat
massacre tout ce qui lombe en son pouvoir; rarement il épargne les femmes el les
enfans, et cela seulement quand toute résistance a cessé : souvent celte résistance
est fort opiniâtre. I^es Indiens sont avertis quelquefois de l'approche des soldats
par leurs cliiens ou par leurs cochons, et alors tout s'enfuit, femmes, enfans et les
hommes eux-mêmes.
Il arrive aussi dans ces entradas que les soldats sont surpris par les sauvages; car
ils savent habilement poser des embûches dans les lieux favorables, et ils éclaii'cissent
le bois jusqu'à une certaine distance, afin de pouvoir lancer leurs traits plus sûrement,
sans cependant qu'on puisse les voir. Aloi's les soldats qui n'ont point de
vôtemens cuirassés se trouvent dans ime position d'autant plus fàciieuse que la plupart
du temps leurs fusils ne valent rien. En général, ces sauvages ne sont pas des
ennemis que l'on doive mépriser, et c'est un bonheur pour les colons qu'ils se réunissent
rarement en gi'and nombre. Toutes les fois qu'ils l'ont fait, les presidios ont
été d'un mince secours, forcés qu'ils étaient à se retirer dans les gi-andes villes avec
les colons qu'ils devaient protéger, et à abandonner les plantations aux sauvages.
Lors même qu'on ne se ferait des forêts primitives du Brésil qu'une idée imparfaite,
on se convaincrait qu'il ne faut pas même penser à soumettre ces peuples par
la force, aucun corps, tant soit peu nombreux, ne pouvant seulement rester quelques
jours dans ces forêts, et l'usage de l'artillerie et de la cavalerie étant de toute
impossibilité, l^es armes à feu ne donnent elles-mêmes aux soldats que peu d'avantage
sur les sauvages, parce que dans les forêts il est rare que le coup puisse être
ajusté d'assez, loin pour que le trait n'ait pas autant d'elfel que la balle, sans parler
de ce que l'humidité fait souvent rater les fusils, landis qu'elle permet aux sauvages
l'usage de leur arc. Quel que fûl d'ailleurs le résultat d'une pareille guerre, la perle
des colons serait incalculable, landis que les sauvages n'ont rien à perdre.
Toutes ces choses ne permettent pas de douter que les tribus indiennes sauvages
ne puissent, surtout dans le cas où elles se réuniraient, devenir funestes aux élablissemeiis
européens, el l'on a d'aulani plus de sujet de s'élonner que lo gouvernement
portugais ait doimé si peu d'attention à ce danger, négligeant lo seul moyen
qui pouvait non-seulement l'écarter, mais encore le changer en une source de prospérité
publique : ce moyen ne peut exister que dans une civilisation des Indiens,
opérée sagement et successivement; ¡1 conviendrait de les ai-racher peu à peu à la vie
errante des chasseurs, et de les accoutumer à des demeures fixes et à' l'agriculture.
Le gouvernement portugais a fait, il est vi-ai, depuis le milieu du dix-septième siècle,
plusieui-s lois et plusieurs réglemens pour parvenir à ce but', et ces lois font honneur,
sans doute, à ses bonnes intentions; mais elles ont été conçues eu grande
partie sans connaissance de cause, et pour la plupart elles n'ont pas été exécutées.
L'état des Indiens qu'on dit civilisés (Indios mansos), aussi bien que les rapports
dictés par l'imparlialité et rédigés par des hommes au fait de ce sujet, demonu-ent
jusqu'à l'évidence que jusqu'à présent !1 a été fait peu de chose, ou même rien du
tout, pour remplir les intentions bienfaisantes du gouvernement. Conformément
aux lois existantes, et sm- l'ordi-c de ce gouvernement, qui a pour cet objet dépensé
des sommes considérables, plusieurs hordes d'Indiens de toutes les tribus,
et même des tribus entières, se sont déterminées à accepter des présens, et se sont
laissées entraîner par des promesses à abandonner les bois et à se réunir en aldeas
sur des terres que le gouvernement leur assignait; et afin de pourvoir, par tous les
moyens possibles, au bien-être physique et moral de ces sauvages, on mettait toujours
à leur tête un directeur et un ecclésiastique. Ce n'est point ici le lieu d'indiquer
avec plus de détails quelle fut la destinée de la plupart de ces élabli.ssemens.
Toujours est-il certain que les directeurs et les ecclésiastiques détournaient souvent
les sommes qui leur étaient confiées, et que pai--là les Indiens se virent successivement
amenés à un état qui ne différait que peu ou point de l'esclavage, ces
directeurs et ces ecclésiastiques les faisant travailler pour eux-mêmes et les traitant
avec une grande dureté. Il ne faut pas nous étonner que dans ces circonstances on
n'ait rien fait pour l'instruction religieuse des Indiens, qu'on n'ait même rien pu Ikire,
et qu'ils se soient enfuis dans leurs forêts dès qu'ils en ont trouvé l'occasion. Ajoutez
à cela que les colons avec lesquels ils sont en relation ne sont pas seulement des hommes
grossiei-s, mais que très-souvent ce sont de véritables criminels, qui cherclient à se sousti'aii
e à l'empire des lois dans les contrées de la colonie les plus éloignées; aussi ces
colons, loin de favoriser les vues du gouvernement, rendent les sauvages toujours plus
hostiles et toujours plus défians, tant par leurs U-omperics (|ue par les mauvais traitemens
qu'ils leur font essuyer. Pour ce qu'il a^lhit en laveur de la civilisation des Indiens,
le colonel Marlier mérite une mention honorable : il a fondé plusieurs aldéas
dcCoroados, de Coropos et de Puris dans la province de Miiias-Geraes; et ces aldéas
promettent de pi-ospérer beaucoup plus que la j)kiparl des autres. L'essai de joindre
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