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pourvoir eux-mêmes à leur nounilure de la journée. On voit aussi des femmes
esclaves gagner leur cnlrelicii de la mémo manière, elles se font nourrices, blancliisseiises,
fleuristes ou fruitières.
La facilité avec laquelle les esclaves parviennent à récupérer leur liberté, est le
plus grand des avantages du système clabli au Brésil sur celui que suivent les colonies
anglaises. A certains égards cet avantage doil cire attribué aux dispositions législatives
: toutefois ces dispositions agissent moins d'une manière positive qu'elles ne
laissent faire le Lien par leur silence j car la seule chose qu'on puisse dire à leur
éloge, c'est que du moins elles ne mettent point d'obstacles à rémancijiation des
esclaves, tandis que raiTranchissemcnl résultant de la volonté libre du maître est,
dans les colonies ajiglaises, puni d'une amende.
Pour un esclave le moyen le [ilus ordinaire de recouvrer sa liberté, est d'épargner
une somme égale à celle qu'il a coûté à son maître, ou à sa valeur actuclIe; cette
somme lui sert à payer sa rançon. Ceu.K qui exercent des métiers dans les villes,
sont aussi ceux qui y parviennent le plus facilement. Les esclaves des plantations
n e jouissent de cet avantage que quand la proximité d'une ville leur asstu-e le débit
des produits de leur petit cliamp ou de leur industrie.
11 y a dans ce rachat de la liberté quelque chose de contradictoire; il y a une
opposition ti-anchée entre la loi existante et l'usage, et cette opposition est la plus
grande preuve de l'absurdité de la loi. Selon la loi, l'esclave ne peut posséder
aucune propriété, ou plutôt tout ce qu'il possède est la propriété du maître: il
en résulte que c'est de ses propres deniers que ce dernier se fait payer la liberté
de son esclave; et mcmc il aurait le droit de lui eidever ses économies, sans
lui donner en retour la liberté, ni aucune autre indemnité. Néanmoins on citerait
à peine un exemple d'un maître fai.sant usage de ce cb-oit; lors même qu'il serait
assez inhumain pour le vouloir, il serait douteux qu'il osât à ce point heurter
l'opinion publique. II n'y a d'ailleurs ni meriaccs ni mauvais traitemens qui puissent
amener l'esclave à livrer son j.ctit irésor, ou à indiquer le Ueu où il le garde. Si,
dans ce cas, l'opinion publique et l'usage préservent de violence celui que la loi y
expose, il arrive aussi, par un eifet contraire, que ce même .usage énerve une loi
rendue en faveur de l'esclave, une loi qui renJerme la seule garantie accordée à
ce dernier conu-e rarbitraire du maîire. Cetie loi contraint le maîire ù rendre
la liberté à l'esclave toutes les fois que celui-ci lui offre le jn-ix qu'il en a payé,
ou sa valeur actuelle, à dire d'expoi't, potu- le cas où elle excéderait le prix d'achat.
Mais cette disposition si sage est enticroment négligée, connue toutes celles qui
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sont à l'avanuige des esclaves; à peine si l'on connaît son existence, il est rare, ou
plutôt il n'arrive jamais que les eclaves l'invoquent, soit qu'ils l'ignorent, soit qu'ils
sachent fort bien qu'ils n'en tireront pas grand secours, car il faut dt^a un hasard
bien heureux pour leur donner la possibilité de porter leur plainte aux tribunaux
supérieurs. Il est encore bien plus difficile de la .soutenir contre leurs maîtres, qui
ont mille moyens de retarder la décision ou même de faire rejeter la demande,
et de faire expier à l'esclave sa téméraire entreprise, en lui faisant éprouver toutes
sortes de vexations et en l'intimidant. En cela, comme en toute autre chose, l'esclave
dépend donc uniquement du caprice du maître, et si celui-ci, soit méchanceté,
soit entêtement, soit par d'autres motifs, ne veut pas lui vendre sa liberté, la
position de l'esclave devient d'autant plus dur e qu'il voit s'anéantir le frui t de longues
années de travail et d'économie. Il est replongé dans l'esclavage au moment même
où il se croit sûr de sa liberté et tout en conservant en mains les movens de la récupérer
: ouü-e l'amertume causée par l'espérance déçue, il lui faut supporter les suites de
la méfiance et de la colère de son maître. Toutefois ces exemples sont rares : un
maître ne peut guère avoir d e raison pour refuser la liberté à un esclave; car après
u n refus il n'y a plus de fond à faire sur lui : désormais il travaille avec dégoût,
et saisit la première occasion de s'enfuir: s'il n'y parvient, il finit par s'ôter la
vie, et dans tous les cas le maître ne tire plus d'avantages du travail de l'esclave ainsi
r e t e n u dans la servitude. L'opinion publique, particulièrement dans les classes inférieures,
se prononce d'une manière bien forte, et fait .sentir à l'aufeur de ce refus
toute son animadversion. L'influence du clergé a eu sur ce point , comme sur tou te
autre matière, des conséquences très-salutaires; il protège si ouvertement la liberté
des esclaves, que cela suffirait poui- empêcher que l'on y opposât des obstacles fréquens.
Néaiunoins quand ces refus ont lieu, ils frappent ordinairement les esclaves les plus
habiles et les plus laborieux , ceux qui sont réellement devenus indispensables.
Après avoir été pendant de longues années les surveillans d'une plantation, après
avoir possédé toute la confiance de leur maître et s'être élevés :i un certain degré
d'ai.sance qui semblait ne rien laisser à désirer, on en a vu retomber tout à coup
dans un état d'abaissement tel que les mauvais traitemens étaient nécessaires jiour
les contraindr e à la continuation de lein-s travaux, et cela parce que l'apparence de
la liberté ne leur suffisait pas, et qu'ils avaient insisté pour obtenir leur affi'ancliisscmcnr.
Au Brésil il est pour beaucoup de Nègres un autre moyen de parveni r à lu liberté}
c'est l'usage où sont les ¡Négresses de (hire tenir leurs enfans sur les fonts de baptême
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