( 6 )
ses noeuds devienne le fond du vase. L'épaisseur des roseaux étant souvent celle du
bras, il n'en Ihul pas une bien grande longueur pour conlcnir beaucoup d'eau.
l a plupart des sauvages couclient dans des hamacs u-cssés en nattes, et que l'on
suspend soit à un poteau de la liutte, soit cnli-o deux arbres. Cependant les Botocudos
ne font point usage des hamacs : ils se préparent des litière» sur la teiTe même,
et les composent du liber du jjao estopa.
On voit, contre les parois de la cabane, des rcscaux ou des sacs qni renferment les
objets de toilette et les autres petites choses qui complètent le mobilier des Indien» :
ce sont, par exemple, des matières colorautcs, des ficcllcs, des plumes, des hameçons.
Mais la plus importante des richesses aux yeux des Indien» est dan» la possession
de leurs armes : ils les emploient et pour la chasse et pour se défendre contre leur»
ennemis. Us tieiment beaucoup aussi au coutean dont ils se servent pour fabritper
ces a rme s , et ils le por tent ordinairement suspendu à leur cou, au moyen d'un cordon.
C'est prestiue toujours une lame européenne serrée entre deux morceaux de bois
en guise de manche; car, les Indiens préfèrent cette espèce de poignée aux manches
onliiiaircs que les bl.-mcs leur vcndeuL avec le coutean. Les hache» de fer sont si rares
que les hordes n'en ont le plus souvent qu'une seule pour tous.
L'iirc et la flèche sont les prlncii>alcs armes de» Indiens. Ces armes sont beaucoup
|ilus longues que chez le-s autres sauvagas; cependant la plupart de ceux de l'Anieritjue
méridionale portent aussi des arcs et des Sèche» d'uue grande longueur. La
lance et le lazo ne se trouvent que chez quelques peuplades, qui depuis la découverte
se sont mises à co.nbattre à cheval j et c'est chez cclles-là seulement que les arcs et les
llcches ont été raccourcis. I/arc des Brésiliens est souvent de cinq, de six, et même
de sept pieds. Sur la partie méridionale de la côte d'orient, ainsi qu'à Minas-Gcracs,
on le fait du bols noir et luisant du palmier mri, et plus vers le nor d on se s en, à cet
effet, du bois que les Portugais appellent poo iarco. C'est une espèce de hi^nonm :
il est dm- et d'mi blanc jaun3U'e, qui par la suite passe au brun. Jamais on n'emploie
les intestins des animaux pour en faire des cordes; mais on prend des ccorces, et
sunout de celle de la cémpla. Pour les icchc», elles sont de différentes sortes de
ro-seaux, elles ont quelquefois cinq pieds et plu». Le» Botocudos en font de la tige du
roseau apjielé uim, qui est très-li.sse. Il y a trois espèces de ilèclics. Les unes, à pomte
large, faite ordinairement du roseau tangarussu ; elle est très-dure et très-pointue.
Pour augmenter encore la ibrcc de celte pointe, on l'enduit de cire, et le roseau
qu'on en imbibe au moyen du feu devient aussi dur que la corne. Comme
par la nature du roseau cette pointe est creuse, les blessures qu'elle fait saignent
( 7 )
beaucoup : c'est pourquoi on les emploie principalement à la guerre et dans le»
chasses contre les grosses espèces de gibier. La seconde espèce de flèche» a une pointe
d'un bois fort dur, longue d'un pied et demi : elle est du palmier appelé aïri, et
forme plusieurs crochets, qui ajoutent beaucoup à la gravité des blessures. Enfin,
la troisième espèce ne sert qu'aux chasses de petit gibier ; ou la fait des branche»
droites de certains arbrisseaux, et l'on arrange en pointe quelquei-mi» des nccuds qui
entourent ces branches, ce qui donne à la pointe une forme obtuse et verticilléc. Les
Brésiliens n'ont pas de carquois : leurs trait», étant trop long», ne peuvent être portés
qu'il la main :.ils n'ont pas non plus de lances ni de javelots; cependant ils se servent
parfois de leurs longues llèehe» comme de javelot», surtout pour la pèche. Ces peuples
ne font point usage d'armes empoisonnées comme les sauvages de la rivière des .Amazones
et de la Guianc, Quant à la pêche, les Indiens se servent rarement de filets :
ils reçoivent leurs hameçons des Européens, et souvent ils tuent les grands poissons
avec des Hèclies. Les canots sont rares : il n'y en a pas dans toutes les tribus. Quand les
Botocudo» parurent pour la première fois sur la côte, sous le nom d'.Aymores, il» ne
les connaissaient point; au.ssi était-on préservé de leur attatpte <[uand on était abrité
par une rivière impétueuse : c'est peut-être l'origine de la fable absurde qui prétend
qu'ils ne savaient pas nager. Il est d'autres peuplades qui, au temps de la découverte,
se servaient de nacelles et de radeaux pour faii-e la guerre, et qui même paraissent
avoir réuni de petites flottes : cependant il n'en reste plus de vestiges. Les canots de»
Indiens sont des troncs creusés, et longs parfois de vingt pieds ; ils n'ont pas de voiles,
mais ils emploient pom- les faire manoeuvTCr de courtes rames. Les Indiens s'e.vercent
dès leur plus tendi'e enfancc il l'arc et à la flèche; dès qu'ils ont acquis mie certaine
habileté, leur existence est assurée, et on les abandonne à eux-mêmes. Ou voit dans
toutes leurs habitudes qu'ils partagent avec beaucoup de peuples sauvages la perfection
des sons, des exercices du corps; ils excellent à la course, ii la nage, etc., enfin ils sont
endurcis à toutes les fatigues, et supporlent urès-bieii la faim et la soit Mais si leur
tempérance est gi-ande en cas de besoin, leur voracité non plus n'a point de bornes :
il fcxceplion des os les plus durs, il» mangent tout tlans le gibier qu'ils ahattent.
Quand ils viennent dans les plantations des blancs ou aux postes mihlaires, ils ne
cessent de demander des alinien», cl dévorent tout ce qui leur tombe sous la mani.
Ils ne connaissent aucune mesure à la boisson : l'cau-de-vie et les liqueurs sont aussi
dangereuses pour eux que pour les autres sauvages. Le. Indiens eu.vinêmes font une
liqueur cuivrante du sue de la tige du ni.-iïs ; il» l'appellent cUca : ils la prcssurenl eu
luiclmnt la lige et recueillant dans un vase le suc qui résulte de cette opération.
1