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cliirurgia, où l'on forme des diirurgiens secondaires, et I'aula do comercio, où l'on
donne à de jeunes négocians les connaissances dont ils ont besoin, sont sans contredit
beaucoup plus utiles. Le seul établissement classique csl le lycée, où le grec, le lalia
el la rhétorique sont plutôt enseignes qu'appris.
Ce que nous avons dit fera juger que les progi'cs de la civilisation à Rio-Janeiro
pendant les dix-liuil ans qui viennent de s'écouler sont surtout la conséquence des
nombreuses relations d'affaires avec les nalions européennes. Cette civilisation porte
un caractèj'c étranger et se montre dans la vie sociale, dans les vai-iations et l'accroissement
du luxe et des besoins, enfni, cliez les classes élevées, dans le désir toujours
croissant d'une culture plus étendue des facultés intellectuelles; elle paraît beaucoup
plus dans toutes ces choses, qu'elle ne se manifeste par l'existence de connaissances
approfondies ou par leur application aux différentes branches des arts, des métiers,
des manufactures, de l'agriculture, etc. On est encore fort reculé à Rio pour toutes
ces choses; aussi le commei-ce de la ville ne consiste-i-il en général qu'en exportation
de produits bruts, tandis qu'on fait venir d'Europe presque tous les produits des
arts. Du reste, il n'est pas douteux que les eiforts que le gouvernement fait pour
introduire dans le pays mcnie quelques-unes des manufactures les plus importantes
pour l'Etat, par exemple, celles qu'exige le service de la guerre et de la marine, ne
soient enfin couronnés du succès qu'on en attend, Il Ihul dire à la louange de la génération
qui s'élève dans le Brésil, qu'elle est douée d'un zèle sans bornes pouiatteindre
à des connaissances dont elle sent si bien le défaut, et que les progi-ès que
font dans toutes les branches de la science les jeunes Brésiliens qui sont à Paris et à
Londres, promettent à leur patrie d'iniportans services pour l'avenir.
Le ton de la haute société est surtout d'imiter les moeurs anglaises; mais celles-ci
sont beaucoup trop opposées à la vivacité des liabitans cl même au climat, pour qu'un
pareil mélange ne produise pas sur l'étranger impartial une impression désagi-éable :
il ne peut manquer d'être choqué de retrouver au milieu d'une nation si gi-ande et
si originale toutes les petitesses, les lolics et les entraves de la bonne compagnie européenne,
et surtout de la société anglaise : par exemple, devoir des promeneurs qui
parcourent le passeio publico, vêtus ù la dernière mode de Paris ou de ijondrcs, et
qui n'offrent ii l'artiste aucun aspect agréable. Les ecclésiasliques, et surtout ceux qui
appartiennent à un ordre monastique, occupent dans toutes les sociétés une place
distinguée, et en général ils la méritent, tant par leur conduite que par leurs connaissances,
qui sont, comparativement, beaucoup plus grandes que celles des autres.
Au Brésil, comme dans la niélro])oic, la lillérature fi-ançaise du siècle dernier a
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exercé une gi-ande influence sur l'éducation des hautes classes, et maintenant encore
c'est la seule Htlérature étrangère qui soit quelque peu connue des Brésiliens et des
Portugais, tant par des traductions que par les ouvrages originaux. Cela e«t d'aulanL
plus singulier, que le nombre des Anglais établis à Rio est bien plus considérable
que celui des Français, et que le commerce a répandu lu connaissance de l'anglais
beaucoup plus que celle du français, enfin, que les moeurs anglaises trouvent bien
plus d'imitateurs que les moeurs françaises. Ce n'est point ici le lieu d'examiner quelle
influence les derniers cl.angemens produiront sur les institutions civiles et sur la
marche de la civilisation au Brésil, « jusqu' à quel point des événemens futurs peuvent
la déranger ou lui donner une autre direction. Si d'une part, les liabitudes sociales des
classes élevées à Rio ne fournissent pas au peintre plus de traits à saisir ou à représenter
que dans la plupart des grandes villes de l'Europe (bien que sous d'autres
rapports il reconnaisse leurs avantages), de l'autre, il en est richement dédonmiagc par
la bruyante variété qui règne dans les classes inférieures. On retrouve ici la race alricainc
avec ses dégénérations ; elle y est toujours plus remarquable, tant par la teinte
prononcée et par le nombre de ses individus, que par son amour pour les couleurs
mêlées, par les cris au moyen desquels les Nègi-es s'excitent au travail, enfin, par les
bruyantes expressions de leur joie. On en est d'autant plus frappé du caractère sombre
des Indiens qui prennent une place dans ce tableau, soit comme bateliers, soit comme
pêcheurs, soit comme muletiers. Du reste, on voit ù Rio très-peu de véritables Indiens
sauvages, et leur apparition excite vivement l'altention, même celle des liabitans. La
place la plus vivante c'est Largo do paço, devant le palais imj>ériai, au lieu du débarquement
: là se rassembleni, et surtout le soir, des hommes de toutes les conditions,
de toutes les nalions et de toutes les couleurs. D'une part les travaux du chargement
et du déchargement des vaisseaux, de l'autre le palais impérial avec son appareil
militaire, conti-ibuent beaucoup ù animer le tableau. Il est un usage choquant, qui
]>araît tout aussi contraire aux idées d'un prince éclairé qu'il l'est au degi-é de
liberté civile auquel prétendent ses sujets, c'est que chaque fois que l'empereur passe
en voiture, ceux qui le rencontrent descendent de la leiu', tandis que le peuple se
met à genoux. C'est un irait caractéristique des moeurs publiques chez les liabitans
de Rio-Janeiro, que le grand nombre de fêtes d'église el de processions, el la joie
bruyante avec laquelle on les célèbre; particulièrement parmi les classes inférieures
du peuple et dans les quartiers de Mata-porcos, de Gainboa et de Vallongo, où elles
sont accompagnées de feux d'artifices, de nmsique et de danses.
Les liabitans de Rio font en général preuve de beaucoup de tempérance dans leur
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