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corde avec l'accomplissemenl de ce voeu. L'expérience a prouvé que rien n'est plus
propre à gdter l'esclave et à diminuer sa valeur, que l'usage fréquent du fouet,
qui anéantit en lui tout sentiment d'honneur. Et s'il est vrai que les mauvais
esclaves s'attirent le plus ces corrections, il est vrai aussi qu'il y a ici une continuelle
et (iklieuse iTciprocité de cause et d'effet. D'ailleurs, les esclaves s'habituent
si promptement à ce genre de douleur, qu'il arrive souvent que ceux que leurs
premiers maîtres châtiaient fréquemment du fouet, supplient leur maî tre nouveau de
les faire fouetter plutôt que de les faire enfermer, ne fût-ce que pour peu de temps.
Le meilleur moyen de retenir les esclaves dans le devoir par une sévérité nécessaù
e, mais dépourvue de cruauté, c'est de les enfermer pour plus ou moins de
temps , et surtout aux jours qui leur sont réservés, sans y joindre d'autre privation
que celle de la lumière. Passer un jour seul dans l'obscurité et sans alimens,
est une chose que le Nègre redoute beaucoup plus que tous les coups de fouet
qu'on pourrait lui donner.
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VOYAGE PITTORESQUE
L E BRÉSIL.
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N o u s avons, par les précédens cahiers, donne quelques notions sur l'état des
Nègres dans les plantations; nous allons faire connaître quelles sont dans les villes
la position et la manière de vivre de ces esclaves, car sous beaucoup de rapports il
y a des différences très-prononcées entre leur sort et celui des autres. Une grande
partie de la population esclave de Rio-Janeiro est au service domestique des
grands et des riclies : c'est un article de luxe, qui se règle bien plus sur la vanité
d u maître que sur les besoins du ménage. Ces esclaves portent des liM-ées la plupart
d'un genre fort antique, et ces livrées, jointes aux bourses de leurs coilFui-es, en font
de véritables caricatures. Ils ont peu d'ouvrage, ou mime ils n'en ont point du
t o u t ; leur nourriture est fort bonne; en uu mot , ce sont des êtres tout aussi inutiles
que les valets des grands seigneurs d'Europe, dont ils imitent les vices avec une
grande facilité. La plupart des esclaves des grandes villes sont assujettis à payer
toutes les semaines, ou même tous les jours, à leure maîtres une somme déterminée,
qu'ils tâchent de se procurer par l'exercice d'une profession; ils sont menuisiers,
cordonniers, [ailleurs, mariniers, porte-faix, etc. Ils peuvent de la sorte
gagner aisément au-delà de ce que leur maître exige; et pour peu que ces esclaves
mettent d'économie dans leurs affaires, ils pai-viennent, sans beaucoup de difficulté,
à racheter leur liberté dans l'espace de neuf à dix ans. Cependant cela n'arrive pas
aussi souvent qu'on aurait lieu de le croire, et cela parce que les Nègres ont des
dispositions à se laisser entraîner aux plus folles dépenses, surtout en iait de vêtemens,
d'étoffes de couleurs voyantes et de rubans : ils dissipent en ce genre à peu près tout
ce (¡u'ils gagnent. Ils jouissent en général de beaucoup de liberté, et leur existence
est fort supportable, car ils ont toute la journé e pour vaquer à leurs affaires, poui'vu
qu'ils rentrenl le soir ; leurs maîtres ne s'inquiètent d'eux qu'autant qu'il le faut
pour s'assurer la redevance hebdomadaire. Le matin avant leur départ, et le soir
aju'ès leur retour, on leur donne de lu farine de manioc et des fèves; mais ils doivent
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