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L'eiilerreinent des morts donne lieu (juelquetbis à une sorte de cérémonie funèbre.
Un clief prononce quelques paroles, et les femmes jettent des cris lanricntables.
Dans (¡uelques tribus les morts sont enterrés assis, et l'on niet des armes
dans leur tombe.
Nous avons exposé aux yeux de nos lecteurs les rapports domestiques et de famille
des Brésiliens, leui-s moeurs, les besoins de leur existence et leurs usages : il nous
reste encore à jeter un coup d'oeil rapide sur leurs relations civiles el politiques,
si toutefois elles mérileni d'être qualifiées ainsi. La seule espèce de lien politique
que l'on trouve chez les Indiens sauvages, est celui qui existe entre les diverses
bordes et leurs cliefs, que les Portugais appellent Capitaos. Il n'y a néanmoins, j'our
determiner l'autorité de ces cliefs, aucune espèce de lui ni d'usage : il n'est pas
plus possible de rien dire de précis sur le mode et les conditions de leur nomination.
Le plus souvent, il est \Tai, ou même toujours, elle a lieu par voie d'élection;
du moins l'on n'a pas jusqu'à présent découvert la moindi'c chose qui pi\t faire
penser que cette dignité est héréditaire. Toutefois l'élection se fait sans aucune espèce
de solennité ni même d'ordre. On dirait, au contraire, que par un consentement
tacite on regarde comme chef de la troupe le plus audacieux, le plus rusé el le
plus fort. Au surplus, sa ¡)lace ne lui rapport e absolument aucune espèce d'avantage;
on ne lui paie aucun tribut, et toute son autorité consiste dans ce genre d'inHuence
qu'obtient partout sur les autres le plus fort, le plus sage, le plus habile î\ manier
l'arc, à la chasse et à la guerre. C'est lui qui fait les dispositions nécessaires aux
chasses, au.\ attaques et aux défenses entreprises en commun : il fixe le moment de
quitter le lieu où l'on campait, et détermine celui vers lequel se dirigera la horde,
.soit pour y trouver sa nourriture, soit pour échapper à l'agression de l'ennemi.
Le gouvernement du Brésil fait, coumie antérieurement celui de Portugal, consister
sa politique à l'égard des sau\ages à se procurer quelque influence sur le
choix des Cajiitaos, et à le faire tomber sur des Indiens chez lesquels on remarque
un germe de civilisation, ou qui du moins monU-eut moins d'aversion et de méfiance
envers les blancs. Aiin d'atteindre ce but, on chei-che, le plus souvent, à
engager quelques Indiens à se rendre dans les grandes villes; on les y traite bien, et
on les renvoie avec des présens el le titre de Capitaos. Il ne faut pas croire cependant
que les Indiens confirment ibrmcllemeut un chef nommé de la sorte; la
horde peut, .selon qu'il lui plait, le reconnaître ou ne le recoimaître jias : copendanl
il arrive naturellement que le contact des sauvages avec les blancs leur apprend
quels sont les avantages qui résultent pour eux d'avoir un chef rcconmi par ceux-ci,
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qui soit avec eux en relations d'amitié, et qui puisse, en cas de besoin, procurer
à ses compati-iotes leur protection ou des vivxes. Nu! doute que, si ce système était
suivi avec plus de constance, il ne conti-ibuât beaucoup à déterminer les Indiens
à se réunir librement en aldeas.
Il est encore plus difficile d'indiquer avec précision quel est le lien qui réunit
diverses hordes, et quelle est leur composition, qu'il ne l'est de déterminer l'autorité
exercée par le Capitao. Ces hordes sont au surplus la seule espèce de réunion
connue des Indiens : celles qui appartiennent à une même nation ne sont obligées
par aucune espèce de devoir à prendi-e part à une action commune. Toutefois
nous trouvons dans l'histoire primitive de ces peuples des exemples de mouvemens
généraux, qui permettent de conclure qu'il existait un degré de civilisation plus élevé,
telles sont les migrations des Aymores vers la còte, et celles des Ttipinambas de la
côte vers l'intérieur.
Déjà nous avons fait remarquer qu'avant la découverte les hordes étaient plus
nombreuses, que leurs demeures étaient plus fixes, et que par cela même la puissance
et la considération des chefs élaieni plus étendues et mieux déterminées.
Si, sur ce point, l'état actuel des Indiens ne nous présente que les débris de
leur ancien ordre social, on en peut dire autant à l'égard de leurs usages religieux
et de leurs prêtres. Il n'est pas douteux qu'au temps de la découverte les prêtres
ou magiciens n'aient exercé une grande influence sur les tribus indiennes, qu'ils
n'aient formé une sor(e de corporation, dans laquelle on n'était reçu qu'après de
nombreuses et dures épreuves. On redoutait les malédictions des prêtres, on recherchait
leurs bénédictions. Au milieu d'une multitude de cérémonies, les guerriers se
faisaient inspirer le courage par eux. Les magiciens et les médecins actuels des Indiens
ne sont, à ce qu'il paraît, que les misérables successeurs de celte caste; ils semblent
avoir partage le sort de lu mai-aca, qui jadis était le signe révéré de leur puissance,
et qui s'est conservée à la postérité, sans qu'on y attache d'idée précise; car on
s'en sert aujourd'hui dans les danses et dans les fêles comme d'un instrument de
musKjuc, cl cependant on l'emploie aussi dans les conjurations et dans les cures
conmie un apj)areil magique.
Les dilTérentes iribus n'ont pour l'ordinaire entre elles que des rapports d'ininiiiié.
Toutefois on peut facilement distinguer les hostilités nées d'une ofiense quelconque
de tribu ù tribu, de celles qui se sont perpétuées depuis plusieurs siècles.
Les premières peuvent avoir lieu entre deux hordes de di/férentes tribus pour une
pièce de gibier ou pour d'auu-es sujets de ce gem-e, sans que pour cela les hordes
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