qu'elles ont.été produites à quelque distance du brillant théâtre où
l’imitation avait dis-lors atteint son plus'haut'degrérde perfcction. -
En terminant ce rapport, la Commission dont j ’ai l’honneur dlêtré
l’organe auprès.de vous,- Messieurs, cède au-.besoin d’exprimer-une
dernière fois le sentiment profond.d’intérêt»;avecJcquel elle a contemplé
ces restes précieux d’un art'd o n t il. ne se recouvre presque
pasiiun jscûl .monument qui ne constate, à des degrésr divers;^une
direction .constante dans les mêmes principes, jointe a une inépuisable
variété dans ses productions. ; Ici, comme dans . toutes les oeuvres
vraiment .originales du génie grec, on ne peut s’empêcher de reconnaître
et d’admirer, cette imitation. à la fois. naïve e t savante d’une
nature choisie, qui- devint. de bonne -.heure e t qui resta jusqu’au
dernier moment le principe de l’a rt grec; principe excellent et fécond,
qui suffît pour expliquer cette longue successioh de grands artistes et
. cette, immense quantité de 'chefs d’oeuvre produits par la Grèce antique;
tandis que, hors, de ce principe où la raison et le goût, la
vérité et la science, se trouvent si' heureusement combinés, il, n’y a
pour l’art et pour, les artistes-que . les perpétuelles variations de la
modeou les aveugles'errements de-la routine, le caprice pour'règle,
la fantaisie potir guide et la bizarrerie pour résultat. C’esfmneiiiou-
vclle application de ce grand principe que viennent nous •'offrir; nos
basTfèliefs d’01ympie;; si mutilés;, si dégradés' qUSls soient dans leur
ensemble et dans leurs détails; et c’est aussi une excellente leçon qu’ils
nous-donnent, et qui nepouvaitgüère venir plus;à propos; en nous
montrantxomment l’imitation peut être- toujours variée,-'sans' cesser
d’être, jamais originale, et combien ili-y - a pour l’art de manières
d’être üeuf et hardi, savant,ét, vrai, en restant toujours;# l’exemple
des anciens, dans-une nature choisie, en l’étudiant-avec conscience
et, en la'rendant avec soin;: en sorte que l’imitation de la nature et
l’étude de'l’antique deviennent pour nous deux formules presque
équivalentes, et pour ainsi dire deux expressions différentes de la
RESTAURATION DU TEMPLE. .
De .toutes les descriptions de Pausanias, il n'y en a pas une. qui soit aussi circonstanciée e t aussi précise
que celle qu’il nous donne du temple de Jupiter à Olympie; et nous avons trouvé cette description si
bien d’accord, avec nos découvertes, qu’il ne nous a pas été possible de dputef .de son exactitude pour
l e s -parties qui nous manquent : aussi avons-nous scrupuleusement suivi ..cette description qui nous a
semblé, pour ainsi d ire, aussi incontestable que des matériaux trouvés sim des beux.
M. Quàtremère, dans son bel ouvrage sur le Jupiter Olympien', voulant txâitèf à fond tput .ce qui se
rattachait à son sujet, adonné une restauration du temple. Oorûme il n’avait pour ce travail aucun
..document positif, il a recomposé son monument d’après la description de Pausanias, et if sest servi'
comme d’une autorité matérielle, du Partbénon .et du grand temple de Poestiim: Le respect qu’mspir’e
l’érudition de M. Quàtremère et k''grande connaissance de l’antiquité qui'se trouve dans son Jupiter
Olympien empêcheront nos lecteurs de .croire que nous, ayons l’intention, de-critiquer son, travail .en
entreprenant après lui une restauration du temple de Jupiter; nous sommés bien persuadés que, si-.les
matériaux que nous àvôns rapportés luî eussent été connus lorsqu’il composa son ouvrage , çè qu’il noùs
eût donné serait bien Supérieur à ce que nous pouvons faire : bien loin d’iivoir la prétention de le corriger
on verra qu’il.;.nous sert d’autorité dans: nos : conjectures, et que Jnous adoptons entièrement les idées
qui y sont émises , parce qu’elles sont le résultat de connaissances contre lesqüelles les nôtres ne peuvent
entrer en comparaison.
Afin que l’on juge, mieux des rapports qui existent entre les matériaux que nous, avons trouvés, et la
description.de Pausanias, nous avdns rapproché la description de ces matériaux avec le récit de l’auteur
grec ; nous y.avons ajouté des restaurations que nous avons faites des parties manquantes, et les autorités
sûr lesquélles nous nous sommes appuyés.
E X P L I C A T IO N D E S P L A N C H E S .
P lanche 62.
Plan du tem ple, état actu el avec les fo u illes . ■,
Nous voyon sdan s Pausanias « que le b ois consacré à Jupiter portait depuis les temps les p lus anciens le nom d’Altis.:.1.'
« ^ e le téinple et. la statue de Jupiter avaient été faits' du butin: que rapportèrent les Elécns dans la guerre où ils
« détruisirentPiseet toutes les villes circonvoisines qui s’étaient soulevées.... L e temple,’.dit-il, est d’architecture dorique:'
v est entoure de colonnes en dehors, et ôn l’a' construit avec une espèce de tu f qu’on trouve dans le pays II
« a 90 pieds de largeur et a3o de longueur; il a été bâti p ar L ib o n , architectè du pays 1 »
Paiisan., liv. V, ch. x , traduction de Clavier.
‘
L e plan que nous donnons offre en effet un temple entouré de colonnes en dehors, construit en tu f très-dur, très-poreux,
et p ar conséquent très-propre à se lier avec le stuc dont il estrecouvert. Les mesures que donne Pausanias sont en pieds
grecs de 1 1 pouces>4 lignes de notre pied. S i l’on réduit ces mesures en mesures françaises, on aura pour la largeur
'89 p. 8° :8 ou 29' mètres 146 millimètres; e t pour la longueur 2 17 p* 2® 8 ou 70 mètres 562 millimétrés.
Or, en comparant les mesures de notre plan avec celles-ci, on verra que la différence qui s’y trouve est de s; pgU
chose qu’i l ne sera- pas possible de douter que ce monument ne soit le temple de Jupiter : on en sera d’autant plus
convaincu, que Pausanias, dans sa description d’Olympie, n’indique aucun monument dont les dimensions puissent à
beaucoup près approcher de celles de ce temple. Nous ferons ici une réflexion qui paraîtra peut-être superflue, c’est que
1 auteur grec, qui n était pas architecte, voyageait probablement sans les instruments nécessaires pour prendre des mesures
exactes, et que dans cellesqu’i l a prises, peut-être à la hâte, il a bien pu commettre quelque erreur. « Il y a dans l’intérieur
« du temple des colonnes qui soutiennent des portiques supérieurs par lesquels est une entrée qui conduit à la statue. Il
« y a aussi un escalier tournantpour monter su rlé fa îte '..... toute la partie du pavé qiii est; devant la statue n’est point en
« marbre blanc, mais en marbre noir entouré d’un rebord en marbre de Paros, qui sert à contenir l’huile qu’on y verse;
« l’huile en effet e st nécessaire pour la conservation d e là statue d’Olympie, elle empêche l’humidité de l’Altis; qui est un
« endroit m arécageux, de gâter l’ivo ire ’ . »
Nous ayons trouvé en effet deux colonnes de la décoration intérieure du temple renversées : elles sont en pierre grise
semblable à celle des colonnes extérieures ; elles devaient être enduites de-stuc, mais il n’y en avait plus dé vestiges. Bien que
Içur état de ruine n’a it pas permis de les mesurer exactement, on a cependant pu reconnaître qu’elles étaient cannelées, et
que léur diamètre de 1,100 donnait une hauteur convenable pour la combinaison de deux ordres l’Un sur l’autre. Dans
BEfintérieur du templë.'sous là seconde colonne renversée à peu près au fond du naos; :à l’endroit où devait être la
s ta tue, o n à découvert beaucoup de débris de dalles en marbre noir d ë ô ,to o d’épaisseur, qui formaient, sans doute,la
partie de pavement q u i, suivant Pausanias, était devant la statue. Plus près de l’entrée du temple, oh a trouvé une partie
de dallage en pierre, qui formait le massif sur lequel était posé le dallage en màrbre, indiqué dans la description : tout le
reste du pavement intérieur d é la celia était tellement ruiné qu’il nous a été impossible de reconnaître aucune trace delà
disposition des portiques qui en formaient la décoration.
Nos découvertes jusque-là ont é té d’accord avec les indications de Pausanias; mais ce que nous avons trouvé e f qu’il a
sans doute négligé d’indiquer, c’ëst un pavement sous le pronaos et sous le portique : il est Composé de carreaux en
marbre blanc, e t dé compartiments en marbres dé couleur, tels que cipolin, brèche violette et albâtre oriental. (Voy ez planches
63 e t 64 pour les détails). Il est cependant possible que ce pavement, qui est évidemment une restauration romaine,
n’éxistât pas encore du temps de cet historien; mais ce qu’il aurait dû voir, c’est une mosaïquesurlaquelle ce pavement est
posé, et qui ést bien certainement de l’origine du temple. Cette mosaïque, exécutée avec des cailloux de l’Alphée d’environ
0,020 cubes, se composait de compartiments dont le milieu, divisé en deux sujets d’une figure, représentait, l’un un Triton,
e t l’autre une Syrène. Ces deux sujets sont entourés de méandres et de palmettes; le tout d’un beau caractère e f d’une
belle exécution. (Voyez planches 63 et 64.)
A droite sous le pronaos, dans la combinaison du pavemént de marbre qui pose sur la mosaïque, on a trouvé un massif
qui devait former le soubassement d’un piédestal; il est posé sur la mosaïque: sa place e t sa dimension ne permettent pas
de douter qüe cé-ïte séit celui sur lequel étaient les chevaux dé Gyniscà : « Les offrandes qu’on conserve dans l ’avant-
« ne f du temple sont d’abord le trône d’Arimnus, roityrrhénien , qui le premier d’entre les Barbares fit une offrande à
« Jupiter O lympien; ensuite les chevaux de CyhiSca, en bronze, monument de la victoire qu’elle remporta à Olympie. Ils
a sont de grandeur naturelle ; on les voit à droite en entrant dans l ’avant-nef. Il y a aussi un trépied, etc.’ » ,
Renvois du plan.
A. Débris dé dallage en marbre noir. D. Mosaïque grossière, en cailloux de o,Q2p; d ’épaisseur : il
B. Colonnes renversées : on suppose qu’elles faisaient partie est probable qu’elle régnait sous tout le portique du
■ de la décoration intérieure. . temple.
C. Pavement romain en marbre de diverses couleurs : il E. Soubassement d’un piédestal en marbre blanc : sa dimenrecouvre
une mosaïque grecque exécutée avec les cail- • siôn fait présumer qu’il supportait un monument cq^-
loux de l’A lphée. • sidérable, probablement les chevaux de Cyhisca. , _ ‘
Renvois indiquant les places où ont été trouvés les fragments de sculpture.
a., Deux combattants d ontl’unestarmé d'un large bouclier, ¡L j ’ Feuille de laurier en bronze.
et deux autres fragments du même bas-relief. j . Une main.- - - ; -,
aa. Fragmen t d ’un pied d ’une grande dimension. k . Hercule domptant un taureau.
b . Tête de cheval. I. Deux morceaux de serpent.
BW Tête de sanglier. r ' imv- U n lio n dompté, auquel tiennent une jambe, un pied
d. Tête d!hpinme avec la barbe en masse. et une massue.
e. Extrémité d’un p iedi ‘ ’ n. -Trois morceaux de jambe de l’Herçüle domptant un
f: Jambe en deiix parties. taureau.
g. Tète d’homme avec la barbe en masse, d’une conser- o. Face d’une tête de lion de la cimaise.
vation parfaite. ' ' p- Erofiîi cl’une même tête de lion.
h. Figure entière de femme assise: Minerve ou une nymphe.
« Pausan., liy. V, ch. x.
» Pausan., liv. Y,-ch. xi.
3 Pausan., liv. Y, ch. xii.
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