Suivant Pline , Euryalus et Hyperbius employèrent les premiers, les b riques, dont ils furent les inventeurs, et ils en
firent usage à Athènes. Mais comme on vient de le dire, plusieurs savants pensent que ces noms étaient purement symboliques.
Eupalimes de Mégare éleva une des trois merveilles de Samos, le temple de Junon, b âti sur l ’emplacement de celui
qu’on attribuait aux Argonautes;. C’était, au rappo rt d ’H érodote, l’édifice le.plus important qu’on eût encore vu de son
temps.
Ctesiphon de Crète commença le temple de Diane à Ephèse; il était d ’o rdre dorique, e t en marbre b lanc de Paros;.'il
ne fu t achevé qu’au b out de deux cents ans. Brûlé par Erostrate, le jou r de la naissance d’A lexandre-le-Grand, il fu t
rebâti plus magnifique qu’auparavant, sous la direction de Dinocrates.
Callimaque de Corinthe, surnommé p ar ses concitoyens le premier des artistes, fut l’inventeur du chapiteau
corinthien, dont la symétrie de l’ordre est attribuée à Tarchelios. et à Argelios. Il paraît que dans un temple qu’il édifia
à Corinthe, et dans lequel il employa cette nouvelle décoration de chapiteaux, il fixa e t détermina d’une manière
plus précise qu’on ne l’avait fait avant lu i, les proportions et la manière d ’être de l’ordre corinthien.
Au siècle de Deucalion, on avait élevé un temple à Jupiter dans la ville d’A thènes. Pisistrate, qui usurpa-le p ou vo ir ,
le voyant tombé en .ru in e , conçut le projet d’en faire édifier un autre à sa p lace, sous le nom de Jupiter Olympien.
Ce travail, si grand e t si somptueux dans le pro jet qu’on en fit, devint l ’oeuvre des siècles suivants, et
plusieurs hommes puissants mirent leur gloire à contribuer à sa construction et à son embellissement. Persée,
dernier ro i'd e Macédoine, et Antiochus Epiphane, environ 4oo ans après Pisistrate, finirent le corps du temple
et élevèrent les colonnes de son portique, sous la direction de Cossutis, architecte romain, qui excella, dit-on,
dans les proportions qu’il donna à la cella. C e t édifice, bâti en marbre blanc, devint • alors l ’un des temples
les plus célèbres de la Grèc e, au nombre desquels on comptait ceux de Diane à Ephèse, d’A pollon à Milet, et dè
Cérès à Eleusis.
On sait que l ’empereur Hadrien avait décoré Athènes de plusieurs monuments, tels que le temple de Junon, de
Jupiter Panhellénien, et un Panthéon où l ’on, admirait cent ving t colonnes de marbre de P h r y g ie , ainsi que des portiques.
I l y avait près de ce temple une bibliothèque e t un gymnase où l’o n comptait cent colonnes en marbre de L ibye.
Mais revenons aux édifices construits avant la domination romaine.
L e temple de Thésée est le plus ancien et l’u n des plus magnifiques d’Athènes. C’est le mieux conservé. Toutes
les colonnes, une seule exceptée, sont debout e t peu mutilées; son entablement est dans le meilleur é tat, et il ne
manque que quelques tables au plafond de ses portiques; c e qui n’empêche pas d’en pouvoir apprécier le dessin.
Il est d’o rdre dorique e t parallélogramme p ar son plan, comme presque tous les temples grecs. Une rangée de
colonnes tourne à l’entour. O n en vo it six de fac e, e t treize de retour. Il ressemble beaucoup au Parthenon, auquel
il semble avoir servi de m odèle, ainsi qu’à la plupa rt des autres temples de la Grèce.
L e plan du Theseum a de longueur plus du double de sa largeur. L ’intérieur forme un parallélogramme qui a plus de
deux fois ét demie sa largeur. C e t intérieur n’e st décoré d’aucun pilastre. L ’intérieur même du corps du temple
n!en a que quatre situés aux quatre angles, et qui ne répondent à aucune des colonnes de la face, n i d u retour.
On vo it par là que les anciens voulaient que leurs façades fussent composées de colonnes peu espacées; ils ne
se piquaient pas de faire répondre les antes des angles de la ceüa à une des colonnes de la façade, parce
que les portiques du côté du temple seraient devenus trop p etits , ou trop grands. Cette licence qu’ils se permirent
semble d ’autant plus tolérable, qu’elle échappe dans l’exécution aux yeux des spectateurs. Les colonnes du temple de
Thésée n’ont que six diamètres tout au plus de hauteur, comme toutes celles qu’on vo it aux édifices d’A thènes du beau
temps des arts. L ’entablemént qu’elles soutiennent est du tiers de la colonne, et le fronton qui termine la façade est
plus bas même qu’il ne le s e r a it,.en le traçant d’après la règle qu e.Vitru v e donne pour en déterminer la hauteur.
Les plafonds sont disposés d’une manière singulière. H y a comme de grandes poutres de marbre à la hauteur de la
corniche, q u i, à peu de chose p rè s , répondent à chaque frig lyphe, et retracent l’idée de la première disposition des
pièces de bois qui formaient ces ornements, dans l ’o rigine de l ’architecture.
Pausanias a parlé des sculptures du temple de Thésée, édifice dont la mutilation est attribuée à l’empereur
Théodose. O n y distingue encore le combat des Centaures et des L a pith e s, et celui des Athéniens contre les
Amazones. Ces bas-reliefs sont sur les deux faces de la cella, ou corps du temple. O n remarque à l’opisthodome, et
sur les parties latérales, des bas-reliefs renfermés dans les carrés des métopes. I l est probable que le sculpteur
Mycon avait le projet qu’il y en eût tout autour de cet édifice.
On sait qu’Ictinus e t Callicrates furent chargés par Périclès d’élever au milieu de l’acropole d’Athènes un
édifice appelé le Parthenon, construit en marble blanc..Vu d’une distance considérable, il frappait d’étonnement;
de près il était admirable par l’élégance de ses proportions, et par la beauté des bas-reliefs dont l’intérieur était décoré.
Ictinus fut pareillement employé à la construction du temple de Cérès et de Proserpine à E leusis, il en b âtit la cella ; il
construisit également le ' temple de Phigalie en Arcadie.
«A rrêto n s -n o u s ,» d it l’auteur d’A nacharsis, «devant ce superbe monument d’ordre dorique, qui se présente
«à nous. C’est ce qu’on appelle les Propylées ou vestibules de la citadelle. Périclès les fit construire en marbre,
« d’après les dessins et sous la conduite de l’architecte Mnésiclès. Commencés au temps de l’a rchontat d’E utymènes, ils ne
«furent achevés que cinq .ans après : ils coûtèrent, dit-on, deux mille douze talents, somme exorbitante, et qui
« excède, le revenu annuel de la république. » Des statues équestres et une foule d’ornements décoraient cette
façade, où se trouvait la seule porte qui donnait entrée dans l’A crop o le, consacrée à Minerve, protectrice d’A thènes.
Hippodamos de Milet avait édifié le Pirée, découvert par Thémistocle, lorsqu’il voulut créer une marine aux Athéniens.
Mais le grand ouvrage jdè}, cet architecte fut la; v ille -d e Rhodes, la plus remarquable de l’antiquité par
la beauté de ses bâtiments et de ses temples; Pline dit que de son temps Rhodes possédait plus de trois mille
statues admirables, et q elp lu s de valeur que toutes celles renfermées dans la. Grèce entière;
■ L ’a rt du. sculpteur s’étant associé à l’a rchitecture, dut servir à varier les inventions , à caractériser les différents
modes, à multiplier les formes, les combinaisons' et les effets de ses travaux, en fixant le genre qui caractérise
chacun des ordres et en indiquant la destination de chaque édifice.
La sculpture grecque était parvenue à son apogée, au temps de Périclès. Elle avait commencé par des ébauches
grossières, faites d’abord avec différentes sortes de b o is , en partant de l’hermès, pour arriver à la statue.
On montrait à SiCyone une statue d’Apollon en b u is , et à Ephèse une autre de Diane en cèdre. Lysistrate de
Sicyone, frère de Lisyppe, paraît être le premier artiste, qui ait fait des portraits de plâtre e t de cire. L ’ivoire
était employé par morceaux, travaillés séparément e t qu’on rapprochait ensuite, pour en composer un tout. Lorsque
lé m a rb r i fut con n u ,il devint la matière la plus recherchée par les artistes; celui qu’ils employaient ordinairement
était tiré de l’île de Paros; mais l’a rt de fondre l’o r et l’a rgent paraît dater d’une plus haute antiquité: le veau
d’o r , le serpent d’airain, et !ms| forges de Tu bulcain, remontent aux premiers âges de la tradition.
Au temps de P ériclès, Phidias, Polyclètes, M y ron, Lysippe, Scopas, étaient les plus célèbres sculpteurs de la Grèce.
Phidias mérite d’être mis à la tête de cette brillante école. I l établit dans ses ouvrages le style majestueux qui
marqua ses ouvrages d’Un tel cachet de noblesse, de grandeur et de simplicité, que Périclès le choisit pour diriger
Férection des monuments dont il voulait embellir sa patrie, quoique Athènes possédât alors une foule d’artistes
célèbres. Ce fut encore lu i qui sculpta le bTtjffi de marbre trouvé dans - le camp des P erses , après la bataille de
Marathon, dontffil|fit une statue de Némésis. Au nombre des ouvrages qui immortalisent son ciseau, on doit citer
la statue colossale de Minerve du Parthenon, exécutée en o r et en ivoire. Cicéron, Pline, Plutarque, Pausanias, parlent
avec enthousiasme de ce chef-d’oeuvre qui fu t la plus belle production de ce génie. Cependant Phidias , dégoûté
par l’envie; :èt découragé par l’ingratitude des Athéniens, dut se réfugier chez les Éléens. Ce fut dans l ’É lide, aux
bords d eTAÎphéè, (pie;;,,pôür se venger noblement, de ses persécuteurs, il exécuta la statue de Jupiter Olympien,
qu’on reçut unanimement comme un prodige de l ’a rt;’ 'ce. qui n’empêcha pas l’auteur de mourir dans les fers.
Polyclètes, qui passa pour le statuaire le ; plus? habile dans les proportions du corps humain , avait exécuté
une statue si parfaite, qu’elle était surnommée le Canon ou la Règle. Myron-d’ÉIeuthère fut son disciple. Au nombre
des ouvrages qui le rendirent célèbre, on cite une vacheâwàiMiii d’une exécution si parfaite, qu’elle a donné lieu
aux épigrammes rapportées-dans l’Anthologie grecque.
Scopas, sculpteur1 et architecte, avait fait une statue.de Vénus qui paraît l’avoir emporté sur celle de Praxitèles. II
contribua aussi à la construction du; mausolée b âti à Halicarnasse par la reine Artémise.
A l ’époque la plus brillante des arts, Lib on de Messine b âtit le temple de Jupiter Olympien près de P ise, sur
la rive droite .d^Jli’À lphée : .c’était dans cet édifice qu’on admirait la statue de Phidias. Ce temple a été retrouvé
dans les fouilles faites par la commission de Mo ré e 1.
Vers l’année 4 io avàùt; k ç ’.&pé lise:, le temple de Diane à Éphèsé fut achevé par Péonios et par Démétrios prêtre
de Diane. L e premier de ces architectes et Daphnis de Milet bâtirent près de cette'ville un temple en marbre,
consacré à Apo llon, qui fut le plus grand e t le plus magnifique ouvrage de la Grèce, Ici ’finit à peu près , l’école
des artistes célèbres de la Hellade, dont nous donnons le tableau depuis le X V e jusqu’au III0 siècle avant notre ere.
T A B L E A U DES PRINC IPAU X A RCHITEC TES E T STATUAIRES D E L A GR È C E ,
Agamèdes, . ; ^architectes', dû’. X V e. au .
Trophonio s, • j X?'siècle'.^' .¿¿j
GitiadasdèL acon ie , architecte, statuaire, poète. IX esiècle.
Dibutades de Corinthe, sculpteur en plastique.;VIIe
Rhoeços de Samos, fondeur e t a r ch ite cte.. . . . . V I I0
Théodore de Samos, fondeur; architecte, graveur.VIIe
Eùchyr de Corinthe, s ta tu a ir e ................................V I Ie
Corosbos, ' ~
Ménésiclès,
Xénoclès d'A thènes,
Métagène de Xypète, l architectes.
’Callicrates, I
Ic tinos, ' ' i
Ca rp ion, /
Mêlas de Chios, statuaire.
G lau c ç sd e Chios,;,ouvrier en fer;
Miciades de Chios, statuaire.
Antistate, architecte.
Callescliros, Athénien, architecte.
Antimachide, Athénien, architecte.
Porinos, Athénien, architecte.
Dédale de Sicyone, statuaire.
Dipoenes de Crè te , son élève, statuaire.
Scyllis de Crète', .son élève, statuaire.
Smilis d’Ëgine, statuaire.
Dontas de Sparte, statuaire.
1 Voyez la description des planches, p, 61 du premier volume; une note de M. Gh.’ Lenormant, bulletin n° n de février i83a , p
e la Société de Correspondance archéologique; et une autre deM. P. Forclihammer, même ouvrage, bulletin n°. 111 de mars 183a, p. 33.