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Au nom seul d'Olympie, l'imagination d'un poëte s’enflammerait, et trouverait dans la description
de ce lieu , autrefois si célèbre, le m otif de belles pages qui seraient consacrées sans doute à retracer ces
jeux qui durent leur origine aux dieux de l'Olympe, et auxquels Hercule, Apollon, Mars et Mercure
daignèrent prendre paçt. Laissant un libre cours aux pensées qui lui seraient inspirées y iï nous
peindrait cette plaine couverte des plus beaux monuments , chefs-d’oeuvre des Phidias et des Alcamènes,
où tous les cinq aUsdes peuples de la Grèce se rassemblaient, et où les plus beaux génies de l’antiquité
venaient mettre le scèan à leur gloire immortelle en se disputant une couronne d’olivier. Mais incapable
de.rendre dignement la poésie de ces lieux inspirateurs, et devant d’ailleurs réduire tous ces beaux
souvenirs du passé à une simple description du présent, nous bornerons notre récit à faire connaître
fidèlement la vallée de l’Alphée , jadis brillante de toutes les richesses ét de toutes les gloires, et qui
aujourd’hui n’offre plus qu’un désert.
. C'est à Olympie que l’Alphée paraît dans toute»sa largèur et sa beauté, ayant été grossi, de plusieurs
autres fleuves considérables, tels que l’Hélisson, le Brenthéate, le Gortynius, le Bupkagus, le Ladon
et l'Erymanthe '. Les Eléens prétendaient que dès l’âge d’or'Saturne avait un temple à Olympie*; ils
attribuaient l’origine des jeux Olympiques à Hercule, qui (disaientlll~l proposa un jour à ses quatre
frères Péoneüs ; Epimède, Jàsius et ida, de s’exercer à la course , et de décerner au vainqueur une
couronne d’olivier, arbre quHercùle'avait importé en Grèce3; d’autres racontaient que Jupiter èt
Saturne combattirent ensemble à la lutte dans Olympie , e t que l’empire du monde fut le prix de la
victoire; enfin il y en avait qui soutenaient que Jupiter ayant triomphé des Titans, institua lui-même
ces:jeux; où Apollon, entre autres, signala son adressé en remportant le prix de la course sur
Mercure, et celüi du pugilat sur Mars *.
Cinquante ans après le déluge de Deucalion, Clymenus, fils de Cardis, et l’un des descendants d’Hercule
Idéen, étant venu dfe Crète, célébra ces jeux-à Olympie, ensuite il consacra un autel aux Cifrètes,
et nommément à.Hercule, sous lè titre d’Hercule Protecteur. Endymion, fils d’Atthlius, chassa Clymenus
de lElide , s empara du royaume et le proposa à ses propres enfants pour prix de la course. Pélops, qui
vint trente ans après Endymion, fit représenter ces mêmes jeux en l’honneur de Jupiter, avec plus de
pompe et d appareil qu’aucun de ses prédécesseurs5;, mais depuis Oxilus, qui ne négligea pas non plus
ces sortes de spectacles, les jeux Olympiques furent interrompus jusqu’à Ipbicrate, qui les rétablit.
La solennité des jeux Olympiques attirait dë toutes lès parties de là Grèce une foule considérable qui
y. arrivait p arterre et par m er6; elle était consacrée p àr un décret qui suspendait toutes les hostilités,
et en vertu duquel des troupes qui seraient alors entrées dans la terre d’Olympie auraient été condamnées
à.payer une amende de deux mines ( ï8o livres) par soldat’.
- Suivant l’ancien usage, les vainqueurs, déjà comblés d’honneurs sur le champ de bataille, rentraient
dans leur-patrie avec to.ut l’appareil du triomphe8, précédés et’ suivis d’un cortège nombreux, .vêtüs
d’une robe de pourpre ®, quelquefois sur un char à deux ou quatre chevaux, et par une brèche'pratiquée
dans le mur de la ville,0. En certains endroits le trésor leur fournissait une subsistance honnête " : à
Lacédémone ils avaient l'honneur, dans un jour de bataille, de combattre auprès du roi '* ; presque
partout ils avaient la préséance à la représentation des jeux; et le titre de Vainqueur Olympique ajouté
à leu® nom leur conciliait une estime et des égards qui faisaient le bonheur de leur vie,3. '
Avant notre arrivée à Olympie, plusieurs voyageurs français et étrangers, comprenant l’importance
des découvertes qu’on pouvait faire dans cette mine féconde , avaient fait tous leurs effortspour retrouver
quelques-uns des monuments que Pausanias a décrits. Parmi ces voyageurs nous devons citer MM. Fauvel,
1 Pausati., liv. V , chap, i
*Td. lïv. V, chap. yiii.
6 Philostr., Vit. Apoll., liv. VUI, chap. 3
I iEschin. de Fait, leg., p. 897.
8 Mem. del’Acad. dcs Belles-Lettres, t. I , p. 374-
9 Theocrit., in Idyll. 3, v. 74.
10 Plut., Sympos, lib. II, 5 5 , t. II, p. 63g.
II Diog. Laert. in Solon., lib. I , § 55.
i ’i'. Plut. in Lye., t.-I, p. 53.
~ Xenoph. ap. Athen., lib. X, chap. n , p. 4>4-
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Ppù^ùéyifie., Sfonfeope, C^l^nell* Gfill Ct Leak; quelques-uns., ne pouvant résister à leurs inspirations
PQé&quçs,, prétendant avoir petro.uy,é des indices .certains de tout ce qui devait avoir «existé dans .ces lieux
sj çélèb®es,, et, trompés p.âr leur imagination, ils trompent leurs lecteurs. M- Staobope, qui nous ,a donné
m ouvrage très-exact sur la plaine d’Olympie, rectifie ces erreurs, et nous fait voir les dip,ses telles qu’elles
étaient lors de .son voyage, et à peu près telles que nous les avons trouvées- Les voyageurs Geli, Cokesell et
Leak en pnt aussi donné des .descriptions fidèles .et conformes à celle que nous allousdonner à notre tour-
En suivant la route qui .conduit de Pyrgos à Miraea, .e’est-à-dire en remontant vers l ’est, le long des
cpteaux sablonne,ux qui bordent la vallée de l’Alphée, après avoir traversé le lit encaissé, du Cladée, dans
lequel ¡se trouvent quelques grosses pierres provenant sans .doute de monuments antiques , on-reconnait
à .quelques ruines romaines .en briques l ’emplacement d’Olympie, le mont -Cronius, au pied duquel
était l’Altis, dont nous avons reconnu la place par 1® découverte que nous y avons faite du fameux temple
de Jupiter Olympien, dont nous parlerons plus tard avec détails.; à gauche de la route, dans la petite
y.alfée qui forme un angle .droit avec celle d’Olympie, .au pied du mont Saturne, est une autre ruine
romaine en briques formant une .salle carrée, dont la voûte est tombée : à l’intérieur se voient encore
quelques restes de stue> (Voyezlettre F , pi, 5.8 .; et le détail, pb fip.) Plus loin et dans l’encaissement du
Qjadée .sont d’autres vestiges d’antiquités du même temps, mais dont on ne peut reconnaître la destinar
tion, ns>u plus que .de celle .dont nous avons parlé précédemment ; c’est là que M. Pouquevillè dit avoir reconnu
les restesd’un pont sur le Cladée. (Voyez G, pl. 58, et les détails, pl. 6o, ) En revenant vers la rive de
l’AlpUée,; à; droite de la route de Pirgos, se voient deux autres ruines romaines aussi en briques, et
qui sont sans intérêt. (Pl. 58, J et K., et le détail de la plus importante de ces ruines, pl. §9.-) Sur 1®
route même de Pirgos se voit maintenant une ruine du moyen âge, découverte par M. Dubois, (Voyez H,
pî, .58 , fit le détail ; pl. 61,) C’est à quelques pas de là, vers l’est, que se ¡trouventles restes du temple de
Jupiter. (V oyez plan général D, et toutes les planches relatives à ce monument.)Un peu plus loin etsur la droite
est encore une autre ruine romaine en briques, qui laisse reconnaître dans son plan une salle octogone, et
en contre-bas, le long du terrain à pic qui entoure une plaine plus basse, sont attenantes à cette salle octogone
cinq ou six petites salles carrées et parallèlement placées, que quelques auteurs ont désignées pour
être les remises des chars qui s’exerçaient à la course dans l’hippodrome, lequel, suivant ces écrivains, est
reconnaissable par le terrain à pic dont nous venons de parler e t’dont nous parlerons encore plus loin.
En continuant à suivre la route qui longe le .pied des petits coteaux qui bordent la vallée ,|0n trouve,
près d’un bosquet ô'ù sont quelques oliviers sauvages, des tombeaux turcs. C’est près de là que le sentier
se divise ; en prenant celui de gauche, après avoir moùté un petit coteau, on voit un ravin boisé où
coule une petite rivière; près de laquelle se trouve urte ruine d’aquéduc romain en-briques et en blocage.
Près de là en remontant le ruisseau, M. Poirot a trouvé un chapiteau dorique et diverses pierres auxquelles
il n ’a pu assigner ni nom ni époque. Après avoir traversé là rivière , on monte' un-autre coteau boisé, au
haut duquel est le village de Miracà, qui se compose da chaumières assez misérables : au milieu est un
pirgo ou petit château turc, construit avec des pierres-provenant du temple, mais qui, réduites en moellons,
n’ont plus aucun caractère architectural.
Eh redescendant de Miraca, dans une direction dm nòrd au sud," on arrive dans la vallée près de
l’embouchure de la petite rivière dans l’Alphée : c’êst là que, suivant M. Pouqueville, devait- se trouver
l’ancienne Pise; mais après avoir cherché vainement quelques tracés de l'existence passée de cette ville,
nous redescendons dans la vallée, pu nous retrouvons à peu de distance les tombeaux turcs ci-dessus
indiqués, et un peu plus loin un petit coteau sablonneux sur lequel étaient nos tentes.
C’est après des courses plusieurs fois répétées dans la plaine d’Olympie, dans les vallons et sur les
eôtéaux- qui l’environnent, et un séjour de six semaines, que nous nous sommes convaincus qu on chercherait
vainement d’autres ruines que celles que nous indiquons dans notre plan.
Je regrette de ne pas partager l’opinion des awteurs qui pensent que le terrain coupé à pic pu en talus,
dont j’ai parlé plus haut, est, malgré ses, irrégularités, l'ancien hippodrome d’Olympie, et je suis davis que
ce terrain n’indique pas autre chose qu’un ancien lit de l’Alpkée. Je ne puis non plus reconnaître, dans une
ruine romaine où se trouve une salle octogone, des remises pour les chars, parce que c’ette construction
(voyez N , pl. 58; et;le détail, pl. 5g), trop mesquine pour l’importance des jeux Olympiques, n’a aucune
analogie ayec les Carceri rpmain§.qui s§ trouvent au cirque de Caracalla à Rome, et à d’autres'monuments
destinés aux courses de chars.. D’ailleurs, pendant le long séjour que nous avons fait à Olympie,
nous avons été à même d'observer tout ce qui reste sur ce sol célèbre, assez scrupuleusement pour être
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