en archéologie qu’on lui avait imputée, pour qu’il soit nécessaire de défendre sa mémoire. Son voyage est resté manuscrit;
et on retrouve de temps en temps les monuments historiques qu’il se vantait d’avoir détruits, lorsqu’il les avait
eu copiés. Un grand nombre de ses inscriptions, déposées au cabinet des manuscrits de la Bibliothèque ro ya le, ont été
publiées récemment par M. Boeck à Berlin.
Pococke visita Athènes en 1739. L ’année suivante, W o od , Awkins et Bouvric faisaient leur beau voyage en l ’honneur
d’Homère. Il serait à desirer qu’on en fit autant pour Virgile et pour Ovide.
L e premier voyage pittoresque de la Grèce est celui de Dav id Leroi, élève de B londel, regardé comme le fondateur de
l’école d’architecture française. Chandler, qui ne nomme jamais Spon qu’avec répugnance, ne manque pas d ’accuser
l’artiste français d’avoir altéré la vérité dans quelques dessins. Il aurait dû se contenter d’observer qu’il y a des restaurations
maladroites dans l’artiste français, et des ornements superflus ; mais, à tout prendre, son ouvrage, v u le temps, est
un monument honorable pour la France: David Leroi avaitvu Lacédémone, qu’il distingue fo r t bien de Mistra. I l voya-
geait en 1758.
On croit que les ruines d ’A thènes de Robert S a y e r , publiées en' 1 7M , sont une traduction angla ise, et une
nouvelle gravure des planches de Leroi. Nous laissons sur le compte de Chandler l’é loge qu’il fait du travail de Pars.
L ’an 1761, Stuart publia, a v e cRe v elt, la description connue so u sle titre de Anliquities o fA th èn es : c’e st un grand travail
utile surtout aux artistes, et exécuté avec cette rigueur_de mesures sans laquelle on ne saurait maintenant publier
un ouvrage d’a rchitecture; mais la vérité, qui se trouve dans les détails, manque dans l’ensemble : le crayon e t le burin anglais
n’ont point toujours la netteté requise pour rendre les lignes pures des monuments du siècle de Périclès.
I l est b o n d e consulter les MonumentaPeloponesiaca de Paul Paciaudi, imprimés la même année à Rome; oh y trouvera,
avec une érudition saine, une foule d’inscriptions e t d’objets d ’art très-précieux.
L e voyage de Chandler est de l ’année 1764. I l apprend peu de chose relativement à la Morée. Ce qu’il d it au. sujet
d’Athènes sera bon à consulter dans tous les temps, et les inscriptions qu’il a recueillies ajoutent à nos connaissances
historiques.
- Riedsel parcourut le Péloponèse et l ’A ttique dans l’année 1773. Une foule de monuments avaient péri à Sp arte , à
Argos et à Mégalopolis.
L e Voy ag e pittoresque du comte de Choiseul-Gouffier, dont le premier volume parut au commencement de 1778,
a été terminé après la mort de cet académicien. I l se trouve maintenant dans toutes les bibliothèques; ;dbn t i l fait
un des plus beaux ornements. F au v e l, Chevalier, Cassas, furent les principaux collaborateurs de feu M. Choiseul-
Gouffier, qui n’a pas su rendre justice à leur coopération.
Les recherches de MM. Foucherotet Fauvel commencèrentvers l ’année 1780. Quelques mémoires du dernier de ces voyageurs
font connaître des lieux et des antiquités jusqu’alors ignorés. Notre grand helléniste, d’Anse de V illo ison, parcourut
la Grèce à peu près a cette époque : nous n’avons pas jo u i du fru it de ses études. Il serait curieux de publier un
vocabulaire de la langue dorique qu’il a recueilli dans la Laconie : il se trouve manuscrit au cabinet de la Bibliothèque
royale. M. L e Chevalier, auteur du Voyage de la T ro a d e, passa quelques moments à Athènes, dans l’année 1785,
ainsi que l’abbé Delille.
L e Voyage de Scrofani, chanoine sicilien, est philosophique, politique, économique, mais nul pour l ’étude de
l’antiquité.
En 1797> SIM1- Dimo et Stéphanopoli ont parçpuru le Magne, où ils ont vu beaucoup de choses, avec les yeux de
l ’imagination. Leur relation, rédigée par un professeur de P aris , ne m érite que très-peu de confiance; ils ont confondu
les moeurs féodales d u X I I I e siècle avec celles des antiques Spartiates.
L e meilleur guide pour la Morée serait M. Pouqueville; malheureusement il était p risonnier à T ripo litza, à dit M. de
Chateaubriand; mais depuis , ce voyageur a publié une description complète de la Grèc e, qu’i l a parcourue pendant
douze années. Au temps dont parle M. de Châteaubriand, lord Elg in faisait exécuter dans l’A ttique les travaux e t les
ravages qui ont signalé l’influence éphémère qu’il avait acquise auprès du divan, a C’est une chosé triste à remarquer,
« que les peuples civilisés de l’Europe ont causé plus de mal aux monuments d’Athènes, dans l’espace de cent cinquante
« ans, que tous les Barbares ensemble pendant une longue suite de siècles. I l est dur de penser qu’A laric et Maho-
« met II avaient respecté le Parthénon, et qu’i l a été renversé par Morosini et par lord Elgin. »
L e 10 août 1806, un écrivain digne de l’é cole de Platon, aussi grand historien que remarquable p ar ses écrits politi<-
ques, M. de Châteaubriand, abordait au port de Méthone en Messénie. A peinedébarqué, i l d it les merveilles antiques
et le deuil de la Hellade aux belles montagnes. I l avait entendu, pendant la n u it, les aboiements du chien de Laconie
q u i veille à la garde des troupeaux, et le vent de l’É lide, pareil aux sons des harpes éoliennes : ils l’avaien t empêché
de dormir! Les premières clartés du 11 août lui laissent vo ir les torrents et l'es ruisseaux, bordés de lauriers-roses, et
dé gâtiiiers qui donnent des rameaux de fleurs pareils aux quenouilles du lilas. Il reconnaît le mont Thématia , et
comme Fénelon, il est tenté de s’écrier : « Quand verrai-je le sang des Tu rc s mêlé au sang des Perses, sur le champ!
dé M arathonN.il remarque avec plaisir les tombes des Mahométans! Il faudrait citer toute la partie de l’Itinéraire de
M. de Châteaubriand dans la Grèce, pour en faire connaître le mérite, l’intérêt e t les beautés homériques. Dès sa première
halte, il parle de l’hospitalité des consuls de France, et toutes les fois que M. de Châteaubriand trouve à placer lte nom
de M. Pouqueville, il le cite ; une so rte de sympathie régnait, sans qu’ils se connussent alors, entre ces dèux amis d e la
Grèce. C ’e st au pied du mont Jthome que cet illustre voyageur se rappela du consul général de Janina, placé auprès
d u tyran de l ’Ë p ir e , Ali-Tébélen. Laissant derrière lui l’Ithome, qui domine la plaine de Stényclaros, il entre dans
YHermoeum, qui sépare la Messénie :de la Laconiè et de l ’Arcadié , noms qu’on n’entend plus prononcer dans la douce
patrie d es Hellènes. Hélas!
Les Grecs ont tout perdu, les arts et leurs merveilles,
Tout, jusqu'aux noms divins qui charmaient nos oreilles.
Desjreçhérches savantes, des descriptions suaves, des réflexions profondes, caractérisent la relation de Sparte dans
l’Itinéraire dé; M. de Châteaubriand. Il serait possible que Mistra; quoi qu’on en dise, eût été quelque faubourg de Sparte,
car.le nom de Sparte, indique m oinsune ville qu’une contréelhabitée par différentes tribus disséminées et v v omtpar quartiers,
comme on voit de nos jou rs les bourgades du Magne. Sparte ne devint une ville et unéplâceforti/iée que lorsqu’elle
cessa^d’être régie par les lois; monacales de Lycurgue. Les noms de KatÔ-Chôrion, de Meso-Chôrion, le groupe de maisons
qui enviropné l’archevêché etil’ëglise.de St.-Démétrius, Tretsella, Panthalami, T a rori, ITIèbræicon, Magoûla; semblent
appuyer, cette ¡hypothèse. Les environs du théâtre auraient été ce qu’on appelle, à Paris et à Londres, la cité.
■ M. de Châteaubriand,.après avoir traversé.le Péloponèse, visita ensuite Athènes . flétrissant les noms de Morosini et
d ’E lgin! « L ’u n , d it-il, dans le dessein d’embellirVenise, veut descendre les statues du Parthénon, et les b r is e - l’autre
« par amour des arts, achève la destruction que le proconsul de la seigneurie de Saint-Marc avait commencée.
« L e couvent de nos; missionnaires .,. il:a p ér i, çet.humble refuge que la F rance possédait depuis; l’année r658.
« C’est là que vécurent les premiers voyageurs q u io n t fait connaître la ville.de Cécrops. Les religieux avaient décrit le
«vPàrtliénon:mmMsiae: faisaient point parade de leur savoir; retirés aux pieds du crucifix-, ils cachaient dans l ’obscurité
a du cloître ce qu’ils avaient ap p ris , et surtout ce qu’ils avaient souffert au milieu des débris de la ville de Pandion..» :
L e P. Babin, jésuite, avait .trouvé Athènes non te lle .q ù | |^ T u t autrefois, mais le Parthénon existait encore dans
son ensemble. « D’aussi loin que je découvris Athènes de dessus la me r , avec des lunettes de longue vue, et que
|«||e vis quantité:de grandes.colonneside marbre, je me sentis touché de resp ec t.!^ P a r th énon, qui paraît de fort lo in ,
« et qui est l-’édifice d’Athènes le plus éleyé au,milieu,de la citadelle, est long d’environ cent vingt pieds, et large de
« cinquante. » Puis, aprèsl’avoir décrit d ’une façon na ïve, il ajoute, en déplorant la misère dés chrétiens : « Que siSolon
« disait autrefois à un de ses amis, à l ’aspect de cette ville etsde|ce grand "nombre de magnifiques palais de marbre qu’il
« considérait du haut,d’une montagne, que ce n ’était qu’un grand mais richeliÔpital rempli d’autànt de misérables qu’elle
« contenait d’habitants ; j ’aurais .bien plus sujet de parler de la sorte, et dire què cette ville, rebâtie des ruines de ses an-
« .ciens palais, n’est, plus qu’un grand et pauvre hôpita l,qui contient autant de misérables que l’on ÿ voit de chrétiens. »
L e docteur Holland et le révérend Smarth Hugh.es ont publié deux ouvrages intéressants sur la Grèce. Us avaient
parcouru l’É pire, la Thessalie, |ja|Béotie, l’Attique et le Péloponèse. T o u s '1 deux avaient vu et fréquenté M. Pouqueville,
consul général a Janina. Us avaient recueilli dans - son intimité une - foule de matériaux,- qüi faisaient
desirer, la publication de ses recherches. En 1816 e t 1817, M. Ambroise Didot-voyagèait au Levant, sur lequel il nous a
donné dés renseignements,utiles,;Sous le titre.modeste de Notes d’un'voyage. A cette époque, on venait de découvrir à
Mélôs la belle statue de Vénus qui orne maintenant le Musée du Louvre. M. Ambroise a remis des notes sur la Laconiè;
Sparte et Olympie, que M. Pouqueville à inséi-éés dans son:Voyage de la Grèce.
M. Pouqueville publia en i 8o5 un voyage en . Morée, à Cônstantinople et en Albanie. Nommé, en 1806, consul général
de France auprès d’Ali-, pacha de Janina,-. par Napoléon, il justifia le , choix du grand capitaine. Après douze ans de
voyages dans l’Ulyrie macédonienne, dans l ’Épire,. dans la; Macédoine, dans la Thessalie, dans la Hellade et dans le Pélo-
ppnèse, M. Pouqueville. a, donné son Voyage de la Grèce qui a eu'ldéux! éditions ,deVi$|jU.i8*i jusqu’en 1826. C ’est
-dans cette vaste réunion de faits qu’on a puisé une partie des matériaux q u i composent cette Introduction. Lorsque
l’insurrection de là Grèce éclata à P atras, on sait quel rôle philantropique M. Hugues Pouqueville, son frère, qui était
consul dans cette résidence, remplit,, en-couvrant du pavillon de France plus de. trois •mille femmes, enfants e t vièil-
J?J?!s flu’il eut-le bonheur d’a rracher à la mort. I l fut alors le représentant de la France, comme le général Fabvier l | j ;
é t e i n s h suite.au milieu, des Grecs armés au nom de la lib erté, dont ils h’ont vu que les apparences.
Alors parut l ’histoire de^la régénération de la Grèce de M. Pouqueville,-.: qui valût aux .Hellènes d’innombrables
partisans. L ’intérêt devin t général en faveur des chrétiens de la Grèce. Peuples, ■ rois, firent des voeux p our leur cause, avec
des intentions différentes , et les sultans, dont l’insurrection grecque ;est destinée à renverser le.trôrte tô t ou tard, comprirent
que leur domination devait cesser dans la Hellade. Us parlaient encore de mainténir leur suzeraineté dans ce
p a ys , ou il nîy a de moderne que le despotisme, lorsque.le canon dé.Navarin, qui retentit dans l’uhiVers, apprit que
la marine |turque était anéantie p ar des amiraux français, anglais et russes. A la vérité , ce n’étàit pas la victoire immortelle
de don Juan d’Autriche, et elle serait demeurée sans résultats, sans quelques hommes généreux qui se trouvaient
alors à la tete du cabinet, français.
Une expédition française appareille de Toulon le 16 août 1828, et laisse tomber l’ahereau mouillage de Coroné(Pétalidi)
dans le golfe de Messénie, le>3o à 2 heures et demie du matin. Les soldats bridaient de combattre; et il ne leur fallut que
se montrer pour ^ob tenir la .Soumission de Pylos, dé Méthone e*de\.Colonis-.Un ordre-du jour du io septembre aùnonce
à 1 armée quelle marchera sur Athènes; la joie, est au camp, le nom d’A thènes est dans toutes les bouches, lorsqu’un
nouve ordre prescrit ajix guerriers de marcher contre Patras, qui n’avait pas été comprise dans la capitulation d’Ibrahim.’
La presqu île est aussitôt traversée, et ail bout d ’une marche de cinquantè-trois heures, l’armée française prend position
sur la base du mont Panachaïcos, en vue du golfe des Alcyons; il y eut quelque résistance avant de s’emparer du château
bâti par Ville-Hardouin et de celui du cap Rhion qui commande l’entrée de la mer de Corinthe. Nos braves demandaient
une lutte digne de leur courage! Mais telle n’était pas leur destinée; la mort devait se présenter à eux autrement que
Expéd. en Morée.