d’A rgo s , et-Pélops, qui donna son nom au Péloponèse, réunit ses habitants, auxquels il donna des lois. Examinons ces
données qui n’apprennent absolument rien relativement aux a r ts , parce qu’elles sont vagues.
L ’architecture ne devint un art dans la Grèce que lorsque- la société fut parvenue à un certain degré de r ichesse
e t de culture sociale. Avant ce temps I I I n’y eut, comme l ’a remarqué M. Quatcemère de Q uinçy, que ce
qu’on doit appeler de la bâtisse c’est-à-dire .u n des métiers nécessaires aux besoins d e là vie physique. O r , comme
à cette époque ces besoins furent très-bornés, l ’emploi de l’artisan se réd u isit,à faire un abri capable de jnettre
l’homme à couvert des injures de l’atmosphère et de l’intempérie des saisons. Mais laissons parler le savant académicien-;
on croit entendre un disciple de P la to n , racontant les premiers âges des sociétés helléniques.
« C ’e st au temps plus ou moins prolongé; d it -il, de l ’enfance des Grecs que la manière de b âtir commence à prendre,
dans les diverses contrées, ces formes et ces pratiques usuelles qui lu i imprimèrent de si remarquables différences. Ces
différences originaires, entre beaucoup d ’autres sujétions qui auront p u contribuer à les produire, nous paraissent
avoir tenu à deux causes principales : l’une est le genre de vie commandé à chaque peuplade p ar la nature; l’autre, le
genre de matériaux qui auront dû se présenter aux premiers essais de la construction.
« Il est indubitable que, selpnl’un ou l’autre des genres de vie principaux * celui de chasseur, celui de pasteur, ou celui
d ’agriculteur auront o ffe r t, selon les pays et les climats,;toutes sortes de conditions fo r t diverses. O r nul dpute .qu’entre
ces états primitifs , le genre d e vie agricole ne soit celui qui ait dû porter l’homme à se fabriquer les abris les plus
solides et les; habitations les plus étendues. L’agriculture exige une vie active e t sédentaire en même temps. L e
laboureur demandera donc à la nature des moyens économiques et des matériaux d’un travail facile à mettre eu oeuvre.
Mais quels seront ces matériaux appropriés aux nécessités de sa condition ? L a nature ne peut lui en présenter que de
trois genres : la pierre, la terre et le bois.
« La pierre, à laquelle l ’architecture sera redevable un jou r de ses plus grands ouvrages, dans les sociétés perfectionnées,
est, Ém s l ’enfance de la société dont il est ici question, la matière la moins appropriée aux forces, aux moyens, aux instruments
et aux combinaisons de l ’homme. L a pierre veut une exploitation laborieuse, des transports coûteux, des
moyens d’élévation et de pose qui exigent des machines, ou de nombreux et pénibles efforts.
« Nul doute que la terre ne présente un élément plus simple, plus fac ile, et beaucoup plus économique; ma is .il faut,
long-temps avant que l’industrie perfectionnée so it arrivée, par des préparations diverses et p ar la cuisson, à donner à
cette matière la facilité d'emploi et la dureté quelle comporte, il faut, disons-nous, reconnaître que, dans son usage purement
naturel, la terre toute seule ne formerait que des bâtisses fragiles et de peu d’étendue.
« L e bois d u t shffrir le plus naturellement et le plus universellement aux sociétés naissantes, et à celles qui eurent
besoin de se procurer , à peu de frais, des asiles durables. I l suffit, en e ffet, de se rappeler eu quel état ont été trouvées,
dans tout l ’univers, par les voyageurs, ces premières réunions d’hommes, qu’on appelle sauvages, et dans quelle position
les pays qu’elles habitaient, ou qu’elles habitent encore, se sont offerts à leurs recherches..'Que lit-on dans leurs relations?
partout on v o it 'la terre couverte de forêts, et les sociétés, d’abord habitantes de ces forêts , sortir peu à peu de leurs
tannières rustiques, s’établir en état de famille, et se réunir dans des huttes formées aux dépens des forêts:; en sorte que
.plus ces sociétés s’augmentent, plus les b ois diminuent. »
Ce fu t donc d’abord de branchages que se formèrent les premières demeures des hommes. Bientôt on coupa les troncs
d’arbres, pour en faire des supports et des solives. L a propriété du bois étant de se prêter avec plus, .ou moins de facilité
aux constructions, cette matière dut donc entrer dans les premières bâtisses, car il serait d ifficile de concevoir comment
il aurait été possible de s’en passer. A ins i, rien ne se prêta plus naturellement que l’arbre à toutes les combinaisons que
des besoins simples exigeaient d’hommes sans a r t et sans science.
La cabane, de quelque manière qu’on la considère, à quelque usage qu’elle serve, dans quelque pays e t dansjjüelque
temps qu’on s’en figure l’emploi, fut l ’ébauche première des constructions, quoique Vitruve ait prouvé qu’en bien des
lieux ce premier rudiment de la bâtisse est resté stérile pour l’art.
Il n’en fu t pas de même dans la Grèce. O n v o it que si la cabane primitive atteste un état voisin de la barbarie,
elle ne tarda pas à changer avec les progrès du bien-être public. Ainsi les arbres et les poutres qu’on enfonça en terre
donnèrent dans la suite l’idée des premières colonnes. Comme les arbres vont en diminuant de grosseur dé bas en haut,
ils fournirent le modèle d e l’ordre primitif d ’architecture (le dorique), où cette diminution est la plus sensible. Ces poutres
ainsi plantées en terre, sans aucun support apparent, furent encore représentées p ar le même ordre dorique sans base.
Lorsqu’on se fut aperçu que cette méthode exposait les bois à pourrir, on établit sous chaque poutre des massifs ou p lateaux
de bois, plus ou moins épais, qui servaient à lui donner une assiette et une plus grande solidité; de çes plateaux
ou massifs, plus ou moins continus, plus ou moins élevés, sortirent les soubassements, les plinthes, les dés, les tores e t les
profils qui accompagnèrent le bas des colonnes.
La conséquence naturelle des additions faites aux extrémités inférieures des poutres fu t d’en couronner l ’extrémité
supérieure par un ou plusieurs plateaux, propres aussi à donner une assiette plus solide aux poutres transversales. De
là le chapiteau, d’abord avec simple tailloir,puis avec toredans le dorique. Q ui n e v o it , dans la dénomination même de
l’épistyle ou architrave, que l’emploi du bois e t le travail de la charpenterie en furent encore les principes générateurs?
Nécessairement les solives des planchers v inrent se placer sur l’architrave, et voilà que les bouts apparents de ces
solives, et les intervalles qui les séparent, donnent naissance aux triglyphes e t aux metopes.
En continuant l’énumération de toutes les parties nécessaires à ce qu’on nomme la cabane, ou habitation rustique,
dont nous donnons l’inventaire, on'voit les solives inclinéèsdu comble, reposant sur les bouts des solives du plancher, produire*
ce tteavancequicomposa-la corniche saillante, hors de l ’édifice, p our mettre les murs à couvert des eaux pluviales. L e
toit ou le comble indiqua nécessairement la forme du fronton: ainsi, par l’analyse de la cabane, on possède l’analyse
du* temple grec:-
• C’est à .cette’ heureuse invention, prise à l’origine-de la bâtisse, que l’architecture fu t redevable de ce qui la constitua
art d ’imitation, en partant d ’une ébauche composée des éléments et des combinaisons les plus simples. L ’espèce
de squelette qùav ait produit une imitation matérielle, attendait d’un autre genre de m odèle un revêtement dû à un principe
de Vie!,1 C’é tait du? perfectionnement des arts imitateurs du corps humain que devait lu i venir ce développement.
Jusqu’alors , l’art de bâtir rt’âvait pu admettre l’idée- dfone. semblable, amélioration. Restreint aux formes commandées?
par lé ‘ besoin physique'; il? aurait pu rester à ce p oint, qui est celui de la routine, où l'Imitation s’est perpétuée'dansTétot
d’une éternelle enfance. Mais comme il y a une iÿmpathie: nécessaire entre la sculpture et l'architecture,
elles durent tendre à se prêter un embellissement mutuel afin dé- sortir des termes d’une pratique grossière.
D is que la sculpture se fut? élevée' par’ degrés d e - l ’indication des signes les plus informes à la distinction des
principaux rapports de dimension et de proportion, en partant des hermès, pour arriver aux simulacres des
hommes et des dieux; il fu t tout-à-fait natureli.-que le contact habituel des ouvrages du sculpteur avec ceux de
l’architecte fît apercevoir à celui-ci, sinon un modèle effectif; au moins une analogie nouvelle de marche, d’idée
et dé p rocédé; dont il pouvait faire à ses ouvrages une application! particulière.On avait observé que la nature a tellement
disposé lé corps humain; qu’il n’y a rien d’inutile, rien dont on ne puisse reconnaître le but et la"raison. Dès
lors on né voulût admettre darts le système de l ’architecture que ce dont on pourrait; comme dans la nature, justifier
uñ emploi-nécessaire e t dépendant d’un ordre général.
L a conséquence de cette imitation fut qu’un .édifice d e v in t , pour l’e sprit et la raison, une espèce d’êtré organisé,
subordonné à de.s\ :lois d’autant? plus- constantes, que ces lo is trouvaient en lui?même leur principe. U n code-dé
proportions se fôrma dahs lequel chaque partie.itrouva sa m^ u re ét son rappo rt, en raison des modifications prescrites
par le caractèresaé l ’ensemble. L e tout et chaque .partie furent ainsi dans une dépendance réciproque, d’où résulta
leur âccôrd -inviolable; r-~-
L ’étude approfondie des variétés de la nature dans la conformation des corps avait fait apercevoir à l’artiste les
nuances d'âgé-, de?quàlités, de propriétés qui composèrent les modes divers de formes que Polyclète avait fixés dans son
traité :de symétrie, ét doñt les statues antiques donnèrent, par l’a rt du-1 dessin, une nouvelle et plus heureuse application.
L ’architecture lu i dut la fixation de ces modes divers, dont les caractères, rendus sensibles dans les trois ordres,
sOnt dèvenùs pour l’oe il, comme pour l’e sprit, l’expression à la fois matérielle et intellectuelle des qualités plus ou moins
’prononcées de puissance, de fo r c e , de grâce, d’agréments, de légèreté, de richesse, de luxe et de magnificence.
©hiparle de villes fondées par Cadmus ; mais il en est comme-des constructions; premières, et certainemen t s’il existe un
a r t qui caehe son origine-, c’e st'l’architecture. I l faut connaître l’état actuel des'demeures des paysans de là G rèce, et des
citadins, p ou r avoir :un& idée-du logement des hommes, douze siècles avant notre ère. Homère nOùs'dônhe des describa
tions assez magnifiques dès p alaisypour qu’on puisse les comparer aux sérâils des Mahométans. On sait que les poètes,
en .général dominés par; l’imagination, ont souvent embelli leurs ouvrages dé: descriptions fantastiques. Cependant
"chez Homère, les édifibès'qu’il décrit,-semblables à.ceux des Orientaux modernes, se font remarquer par l'éclat,î? sa is
q u f i l s o i t - question d’ordonnance , de colonnes ,¡;hi d'aucun-système-architectural. Mais quelle était la demeure
des- particuliers ?-des maisons- en- b o is , ou simplement-, en briques. crues;. ayant p our soubassement quelques assises
en pierre de b locage, comme sont, de nos jo u r s ,■ les- maisons des- villes dans le Levant, bù un même ouvrier; exécuté
toutes les parties de la bâtisse. Enfin il n’y a dans la. G r è c e c om m e dans la capitale et dans les principales villes
de la T urquie; que les mosquées ou temples.et ün petit nombre d’édificesfpublics qui aient un caractère de solidité et
dé/durée;* ?
S i cependant l ’architecture p rit naissance en E g y p te et dans l ’A sie*.ce ne fut que dans les contrées habitées p a r les
Grecs qu’elle parvint à son plus haut degré de perfection. L ’histoire çite.comme étant les deux premiers architectes qui
méritent d’ê tre nommés, Trophonios. et Agamèdes, deux frères qui vivaient entre le XV® et le X® siècle avant notre ère :
ph leur attribuait ün temple de Jupiter près de Lebadée.en Béotie. Mais le nom le plus fameux, dans ces temps mytholog
iques, est celui delPAthénien Dédale , arrière-petitTfils d’Érechthée. S i on envisage la quantité de monuments et d’ouvrages
qu on attribue à cet: a rtiste, en Grèc e, enÉg ÿpte, en Crète, en Italie, en Sicile, on remarquera qu’il aurait dû
être architecte, sculpteur e t constructeur naval. On en conclura que. ce personnage fu t un de ces êtres auxquels on a
voulu rapporter plusieurs inventions dont on ignorait l’origine et les auteurs, et que les artisans regardaient comme une
sorte de patron relig ieux,sous -la.pro tec tion- duquel ils-plaçaient leurs différentes professions.- -
Erésychtion appartient encore à ces temps fabuleux. I l était fils de C écrops.On d it q u ï l commença dans l ’île de Délos
le temple, d Apollon, continué; aùxfrais de.la Grèce entière, et qui devint un des plus beaux édifices du monde. Mais on
doit croire qu’il fabriqua seulement quelque enceinte, ou b ien quelque hierori qui suffisait pour, un hermès, ou pour
quelque pierre brute, qu’on adorait alors ,) au lieu où l’on b âtit ensuite le temple fameux consacré au fils dp Latone. Les
noms de plusieurs architectes auxquels ion attribue des découvertes et des.inventions doivent être regardés comme des
allégories que nous croyons inutiles de rapporter.
Expéd. en Morde. " -