le R o y , elles eiiíTcnt toûjours eñe compofées par l’ordre des
Intendants , ou des Principaux Officiers, qui font tous à lès
gages ; & n’auroient pû eftre frappées ailleurs, qu’aux Monnoyes
de Sa Majefté. La feule différence, c’cft qu’une C ompagnie
inftituée pour la compofition des Médai les, travaille
avec plus d’ordre, plus de choix, & plus de retenue. L eR o y
a toûjours chargé quelqu’un de fesMiniftresdu foin des Arts
& des Sciences. L e Miniftre veille à les faire fleurir, & cherche
tout ce qui peut relever la gloire de fon Maiftre, à laquelle
la gloire de la Nation eft attachée. D e forte que fuis
la participation du Prince, quoique les bienfaits donnent le
mouvement à tout, les Académies travaillent chacune dans
leur reflbrt. Quel defordre la licence de faire des Médailles
ne produit-t-elle pas dans les autres Eftats? où, fins comptcr
que fouvcnt elles manquent de fens & de raifon, qu’elles font
tres-mal gravées, & de tres-mefchant gouft pour le deflcin, il
y en a de contraires à l’Eftat, d’injurieufcs au gouvernement,
& de préjudiciables à la vérité de l’hiftoire.
L e regne du R o y a fourni une ample matière , à frapper
pour luy fetil des Médailles, telles cpic les ont méritées tous les
grands & tous les bons Empereurs. O n voit des Provinces
fubjuguéesenpcu de jours; plusdetroiscensVillesprifes, &
des Villes qui, parleurs fortifications & par leur fituation naturelle,
eftoient plus difficiles à conquerir , que ne l’eftoient
autrefois les Provinces entières. O n voit des Batailles gagnées
fur Terre & fur Mer ; les Alliez fecourus, protégez, & rcfta-
blis ; la difcipline Militaire dans fon plus haut point. O n voit
la M arine floriffmte , des Ports fur les deux Mers , des Vaif-
feaux & des Galères qui font refpeéfer par tout le Pavillon
François. A u milieu de tant de prodiges , qui regardent la
ruerre, on trouve des eftabliffements pour les Pauvres, pour
es Soldats, pour la Nobleffe , pour les gens de Lettres. O n
admire la bonté prévenante du Prince , fa Juftice , fa Piété,
fa Clémence, fa Modération, fa Libéralité, fiMagnificence;
enfin tout ce que renferme de glorieux la vie des Héros de
Rome.
Il faut préfentement parler de l’A r t de faire des Médailles.
Celles qui font contenues dansLuckius, dans laFranceMé-
tallique, & dans quelques autres Recüeils, ne paroiffent pas
l’ouvrage d’une longue méditation. Les Sçavants ne les ont
ni rctenuës, ni approuvées, &pcrfonne jufqu’icy n’aprefcrit
des régies pour cet Art. L ’Académie a fuivi des principes certains
; tous puifez dans l’Antique , dont elle a effayé de con-
noiftre la beauté, & de pénétrer lafineflc.
LesMédaillcs peuvent fe divifer en trois Claffès. Il y en a
de Simples, de Métaphoriques ,& de Mixtes.
Les Simples font celles , qui repréfentent un événement
tel qu’il eft , & dont la Légende ne dit autre chofe que le fait.
E n voicy des exemples. Le s Parthes, dans ladéfiùte de Craflùs
& d’Antoine, firent beaucoup de prifonniers , & enlevèrent
un grand nombre d’Enfeignes & de Drapeaux. Augufte cpael-
qties années après eftant ailé en Syrie, Phraate R o y des Parthes
, pour éviter la guerre dont il fe voyoit menacé , raffcm-
bla tous ces prifonniers & tous ces Drapeaux , & les renvoya
à Augufte , qui luy accorda la Paix. Les Médailles ne repréfentent
qu’un Parthc à genoux , qui préfente une Enfeigne
Romaine; la Légende dit feulement, SiGN A A P a r t h i s
RECEPTA , les Ènfeignes Romaines rapportées par les P a r thes.
O n trouve phifieurs M édailies de cette forte, R E x A R-
MENi i s D A T ü S , c’eft i’Empercur qui couronne le R o y
d’Armenie. Dans les Congiaires, l’Empereur fiiit diftribuer
au Peuple certaine mefure de blé, ou certaine fomme d’argent.
Dans les Allocutions, il eft debout fur une efpéce d eT h rôn c
militaire, qui s’appelloit, Suggejlum, & parle aux Troupes
de fa Garde, ou à d’autres Soldats. Les Légendes font toutes
fimples, C o N G i ARi u M, A d l o c u t i o . l i encf tde
mefme de plufieurs Edifices ; P o R T U S T r A J A N I . I c Port
c|ue Trajan fit faire, & qu’il nomma Centum celle ; P o i i -
T U S O S T I E N S I S , le Port d’Oftie que Néron acheva;
P O R T U S A u g u s t i , 1 c Port que Néron fit baftir à An-
tium , que quelques-uns croyent eftre le Port de Nettuno.
Toutes ces Médailles ne repréfentent que l’Edifice dont elles