PREFACE
De tous les anciens Auteurs, Il n’y en a aucun qui traite
des Médailles, & ce n’cft gueresquedanslelciziéme & le
dix-feptiéme Siècle, eue de Sçavants hommes ont pris foin
d’en ramalTer un grand nombre, & de les explicpier. L e Public
en a tiré des avantages confidérables pour la Geographic, pour
l’Hilloire, pour la Chronologie, & pour mille cpicffions cu-
rieui’es. Il feroit néantmoins àfouhaiter, que les Anciens nous
eulTent eux-mefmes explicjué leurs Médailles ; ils nous avi-
roient efpârgné bien de la peine,& beaucoup cleDiiTertations;
& auroient éclairci pluficurs chofcs, tp i demeurent dans l’ob-
fcurité malgré les plus exactes recherches.
O n n’a pas bien pû démefler jufcpi’à préfent la différence,
qu’il y a entre les Monnoyes & les Médailles. Les avis fur cette
matière font fort partagez. C e cp’il y a de plus vray-fembla-
ble, c’eil que l’on doit appeller Monnoye, la pièce de métal, cjui
d’un cofté, porte la telle du Prince regnant, ou de quelque D i vinité,
& dont le revers eft toujours le mefme ; parce que la
Monnoye ellant faite pour avoir cours, il faut cjue le peuple
niiflè aifément la connoiftre,afin d’en fçavoirla valeur. Ainfi
a telle de Janus,avec une prouë de G alère au revers, elloit la
premiere monnoye de Rome. Servius Tullius y mit au lieu
d’une prouë, une Brebis ou un Boeuf, d’où vient le nom de
Pecuiiia, à caufe que ces fortes d’animaux clloicnt du genre
de ceux, qu’on appclloit Pecus. O n y mit enfuitc, à la place
de Janus, une Fcmme armée, avec l’Infcription, R o M A , & au
revers un Char tiré à deux, à trois, ou à quatre chevaux; ce
qui fit des pièces de monnoye nommées, B ig a , Trigce, Quadrige.
O n mit aulîî des Viéloires, ce qui fit des Viüoriats.
Toutes ces pièces différentes font reconnuës pour monnoyes,
de mefme que celles cpii portent certaines marcpies comme
un 'X.,ceü-di-&re,Deiiarius, une L . Lib ra , une S. Semis,
ou enfin deux ou trois efpéces de boules. Les diverfes marques
font connoillre le poids, ou la valeur de la pièce.