L'Acaclcmic n'avoüe & ne reconnoift; pour fon veritable
ouvrage, que les M édailles qui compofent cette Hiftoire. Car
outre celles cpi’elle a crû à propos de corriger ou fupprimer,
il en a paru beaucoup d’autres dans le Rccücil du Pere Me-
neftrier, & chez des Cur ieux, frappées mefme aux Balanciers
du R o y, & qui toutesfois n’appartiennent point à l’Académie.
O n ne peut fuis injuftice luy attribuer ces dernières, & la re-
fléxion la plus légère fera bien iéntir la différence.
C ’eft proprement depuis l’année 1694 que l’Ouvrage
qu’on publie aujourd’huy a commencé de prendre la forme,
où on le voit préfentement. Melfieurs Charpentier , l’Abbé
Tallcmant, R acine, Defprcaux, T ou rre il, l’Abbé Rcnatidot,
Dacier, & depuis la mort de M. Racine, M. Pavillon y ont
donné toute leur application, & tous leurs foins ; eux feuls ont
concouru enfemble <à compofer cet O u v ra g e , & à le perfe-
élionner autant qu’il leur a efté poftiblc.
Dans la compofition des Médailles , on s’eft formé fur
l’antique,foitpourlesTypes,foitpour les Légendes. A u bas
de chaque M édaille gravée en taille douce, une relation fuc-
cinfle enexpofe lefujet. O n s’eft mefme aftreint, à renfermer
la relation dans un nombre de paroles, qui n’excede jamais la
page, afin que le Leétcur puiffe avoir tousjours la Médaille devant
les yeux. Cette contrainte a cmpefché, qu’en certaines
occafions on ne s’eftendift , autant que le fujet l’euft voulu.
Cependant on a tafché de n’obmettre aucune des circonftan-
ces nécelïiiires. Ainfi les Leéleurs auront plus d’un plaihr à la
fois ; ils verront l’image d’un grand événement ; ils en liront
le détail abrégé; ils jugeront du tour ingénieux que l’invention
de la Médaille préfente à l’efprit; ils trouveront de la di-
verfité dans les Defleins & dans les Légendes, & pourront
tout enfemble s’amufer & s’inftruire. O n a négligé bien des
actions, qu’on auroit eu foin de relever dans un regne moins
glorieux. O n n’a choifi que les plus efclatantes,&on n’a point
cherché à faire parade d’un fuccés tant foit peu douteux.
C ’cft injuftement qu’on nous reprocheroit, d’avoir frappé
des Médailles fur des Provinces & fur des Villes, c[ul dans la
fuite ont cité reprifcs par les Ennemis , ou rendues par des
Traitez ; car c’cft un ufitgc unit erfel. A peine Trajan eût-il
conquis laDace,qu’eHeferevolta; il la reconcpiit, elle fecoüa
une fécondé fois le joug. LcsMédailles pourtant font demeurées
, & l’on admire encore la magnifique Colomne Trajane,
qui contient les circonftanccs & les merveilles de ces deux
Expéditions. Marc Aurele foûmit les Quades & les Marco-
mans; &quoic|ue ces peuples fé fuifent auffi-toft après foule-
vez, on nelaiffà pas dcdrcfîcr à fon honneur la C o omneAn-
tonine, qui eft auffi un des plus beaux monuments de Rome.
L ’Anticpie & le Moderne font remplis de pareils exemples,
& l’on ne doit point s’en eftonner ; car les fuccés demeurent
tousjours certains, & le changement qui arrive, ne diminué
rien de la gloire, epii les accompagne.
L e grand nombre cleMédailles frappées parles Villesd’A-
fie, d’Afrique, & par les Provinces foûmifes à l’Empire R o main,
feront peut-eftre dire, que les Médailles du R o y auroient
auffi dû cftre faites par les V illes conquifés, & par les
autres V illes ou Provinces du Royaume, & non par une C ompagnie
inftituée pour cela. Mais on doit fe fouvenir, que la
pluipart des Méclailles des Empereurs, & fur tout celles c[ui
marquent des événements , eftoient frappées dans R om e ,
fouvcnt par ordre du Sénat, & tousjours par les Monétaires
fous l’authorité de l’Empereur.
Qu e s’il reftc encore quelque fcrupule,ll n’y a qu’à confi-
dcrer qu’autrefois dans l’Empire Romain , comme aujourd’huy
en France, on nebattoit ni Monnoye ni Médaille, que
par l’authorité du Prince; c’eft un droit de fouvcraineté,cela
n’a pas befoinde preuve. Ainfitous les Monétaires de Rome,
& tout ce cju’on appelloit Néocores en Grece & en Afic, eftoient
nommez par le Souverain, ou par les Prêteurs des Pro-
vincCs,comme le font aujourd’huy lesOfficiers desmonnoyes.
Par confequent tous ceux , qui fe mefloient de faire frapper
des Médailles pour l’Empereur, eftoient fes creatures , & eftoient
payez fur fes revenus. Quand donc les villes conqui-
fes. ou les villesduRoyaumeauroicntfaitdcsMédaillespour