C e (ju’on appelle Médailles des Rois de Macedoine,de
Syrie, ou d’Egypte, ciloit atiiTt apparemment des monnoyes,
]tarce que de chacun de ces Rois on n’en a gueres que d’une
forte. O n y voit d’un coilé leur telle, avec les ornements qui
leur elhoient propres, & au revers tantoft un Aigle tenant un
Foudre, tantoft une Galère qui défignela Ville d e T y r ; une
Viéloire, ou quelque autre Divinité,&pour toute Infcription,
le nom du Prince, Aucune de ces pièces ne marque d’évene-
ment pofitif, & par conféquent ce font des monnoyes.
Il n’en eft pas de mefme,de ce qui a efté frappé depuis Jules
Cefar. Il y eût alors & des Monnoyes £ic des Médailles. Les
monnoyes ont ordinairement d’un cofté la telle du Prince, &
de l’autre le nom des Monétaires, avec ces mots nivm. A. A.
A. F. F. Triumvir, Æ r e , Argento, Auro, Flando, Feriundo.
Les Médailles font les pièces, qvti marquent au revers quelque
événement memorable.
A l’exemple des Romains, les Rois & les Princes ont fait
frapper des Médailles. Elles fe font extrêmement multipliées,
fur tout dans les derniers temps, & on a déjà vû plus d’une
Hiftoire Métallique. Mais ces Hiftoires ne font proprement
qu’un amas de Médailles faites parplufieurs particuliers, qui
la plufpart, ont travaillé fans méthode, & fans génie.
L a Médaille eft un monument durable, & fait, pour tranf-
mettreàlapoftéritéles grands événements. C e qu’elle repréfente,
& ce qu’elle dit, elle doit le repréfenter, & le dire d’une
maniéré noble & ingénieufe. Les Anciens nous en ont lailfé
de beaux modèles, mais jufcpi’à préfent on ne les a guéresfui-
vis.
Monfietir Colbert, qui n’avoit que de grandes idées, fur
tout lors cju’il s’agiflbit de la gloire de fon Maiftre, crût avec
raifon que rien ne pouvoit mieux perpétuer le fouvenir des
aélions du R o y , que des Médailles fur les Evénements de
fon Régne ; & afin qu’elles fuifent recherchées dans tous les
temps, ce Miniftre refolut de commettre à des gens choifis
le loin de les compofer. Il forma donc, avec l’agrément de
Sa Majefté, une petite Académie, où il fe trouvoit fort louv
e n t.
vent, & où l’on commença l’Hiltoire que fon donne au Public.
Comme il n’y avoit encore aucune régie eftablie pour cette
forte de travail, on ne parvint pas d’abord à bien prendre
le gouft des Anciens. C e qu’on appelle le Moderne, ne pouvoit
fcrvir d’exemple. Car tout ce c[ue les Curieux ont ju f
qu’icy raffèmblé de Médailles modernes, en fournit à peine
qtielc u’une digne de l’attention des gens de Lettres. Il a
donc fal u fe former des principes, il a fallu fixer des régies
, foit pour l’Infcription , cpi’on nomme Légende, iiiit
pour le deifein, qu’on nomme Tjpe. E t tout cela i fait cpie
du temps de Monfieur C o lb e r t, on n’a pas beaucoup a-
vancé.
Monfieur de Louvois, trouva cette Hiftoire commencée,
& ne fut pas long-temps à comprendre l’importance de la
continuer. Il rendit les Aiîcmblées plus frequentes, & obtint
du R o y qu’elles iè tiendroient au Louvre. O n travailla avec
beaucoup d’affiduité , & on fit du progrès dans un A r t alïèz
négligé jufqu’alors.
Après la mort de Monfieur de Louvois, le foin des Académies
fut remis par Sa Majefté à Monfieur de Pontchartrain,
alors Secretaire d’Eftat, & aujourd’huy Chancelier de France.
Comme il aime les Lettres, qu’il a le gouft délicat, le icns ex-
c[uis,&une ardeur totisjours égalepourtoutcequipeut avoir
le moindre rapporta laPerfonne du R o y , il a fait revoir avec
foin toutes les Médailles, dont on avoit arrefté les deflèins,&
mefme celles qui eftoient déjà frappées. O n en a reformé
quelques-unes; on en a adjoûté un tres-grand nombre,& l’on
a poufle l’Hiftoire du R o y jufqu’à l’avenement de Monfei-
gneur le D u c d’Anjou à la Couronne d’Efpagne. Monfieur
de Pontchartrain le fils. Secretaire d’Eftat, a fécondé le zcic
de Monfieur fon Pere ; & Monfieur l’Abbé B ign on , chargé
dùine cfpecc d’infpeclion générale , a conduit tout avec une
vigilance fi conftante, une fi heureuié facilité de génie , &
une fi vafte capacité,qu’en aflèzpeu de temps on eft parvenu
à mettre ce volume au jour.
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