
que de Falcineïlus, Brisson choisit ceux de Mel-
lisuga ou Suce-fleurs, de Polythmus, que Linné
changea très abusivement en celui de Trochilus.
Hérodote, en effet, donnait ce dernier nom à un
oiseau des bords du N il, qui va chercher dans la
gueule meme du crocodile les sangsues qui s’y attachent.
Or, M. Geoffroy Saint-Hilaire a prouvé que
ce Trochilus était le Saq-saq des Arabes ou la Cha-
radrius oegyptius d’Hasselsquist, très voisin du
petit Pluvier a collier de nos rivages. Qu’y a-t-il
de commun entre un oiseau riverain et le colibri,
si preste dans ses mouvemens, si gracieux
dans ses formes, si pompeux dans ses habits, et
qui ne quitte point la Zone torridienne ?
Buffon, en généralisant ses idées sur les colibris
, s exprime ainsi : « La nature, en prodi-
guant tant de beautés à l’oiseau-mouche n’a pas
oublie le colibri, son voisin et son proche parent.
Elle la produit dans le même climat et formé
sur le même modèle : aussi brillant, aussi léger
que l’oiseaü-mouche, et vivant comme lui sur
les fleurs, le colibri est paré de même de tout
ce que les plus riches couleurs ont d’éclatant,
de moelleux, de suave; et ce que nous avons
dit de la beauté de l’oiseau-mouche, de sa vivacité,
de son vol bourdonnant et rapide, de sa
constance à visiter les fleurs, de sa manière de
nicher et de vivre, doit s’appliquer également
au colibri : un même instinct anime ces deux
charmans oiseaux ; comme ils se ressemblent
presque en tout, souvent on les a confondus
sous un même nom, et Marcgrave ne distingue
pas les colibris des oiseaux-mouches, et les appelle
indifféremment du nom brésilien Guai-
numbi. »
La plupart des auteurs attribuaient aux colibris
une taille plus forte qu’aux oiseaux-mouches,
et le bec recourbé en are, tandis qu’il est
droit et un peu renflé à la pointe chez ces derniers.
Mais combien d’oiseaux-mouches, tels que
le Barbe-bleu, l’Hirondelle et autres, présentent
une légère eourbure de leur rostre, en même
temps que de véritables ornismyes sont venus
protester par leur grande taille, entre autres le
Patagon, de l'incertitude qui doit régner, lorsqu’on
veut tenter une démarcation que la nature
a laissée indécise ! Cependant, élargi à la base et
convexe, le bec d’un colibri s’amincit graduellement
pour se terminer en une pointe lisse , e t ,
toutes choses égales, il est toujours plus robuste,
plus fort que celui d’un oiseau-mouche. Enfin,
les colibris ont les membres plus courts, plus ramassés,
les ailes plus larges et plus longues que
celles des oiseaux-mouches, et par l’ensemble de
leurs formes corporelles, c’est le même type modifié
seulement par quelques nuances légères.