
duisent dans leurs domaines, lorsqu’ils étaient
en captivité et que l’on enfermait avec eux des
oiseaux de différentes sortes} je n’ai jamais observé
qu’ils fussent disposés à quereller, mais
j ai vu les plus petits prendre des libertés surprenantes
avec ceux qui avaient quatre ou cinq
fois leur volume. Par exemple, quand la perche
était occupée par l’oiseau-mouche à gorge-bleue,
le Mexicain étoilé, véritable nain en comparaison
du premier, s’établissait sur le long bec de celui-ci
et y demeurait pendant plusieurs minutes, sans
que son compagnon parut s’offenser de cette familiarité.
« La maison dans laquelle je résidai pendant
quelques semaines, àXalapa, lors de mon retour
à la Vera-Crux, n’avait qu’un étage; et, comme
la plupart des maisons espagnoles, elle entourait
un petit jardin et le toit avançant de six ou sept
pieds au de là du mur, couvrait un chemin qui
régnait tout le long de la maison, en laissant un
très petit espace entre les arbres qui croissaient
au milieu du jardin, et les tuiles. Des araignées
avaient filé des toiles innombrables (qui s’étendaient
du bord des tuiles jusqu’aux arbres) si
compactes qu’elles avaient l’apparence d’un nid.
J’ai observé maintes fois, avec un extrême plaisir,
les pèlerinages de l’oiseau-mouche à travers ces
labyrinthes et l’air de précaution avec lequel il
s’enfoncait entre les toiles en cherchant à se saisir
des mouches qui y étaient enveloppées. Cependant
, comme les grosses araignées ne cédaient
point leur butin sans combat, l’envahisseur se
trouvait souvent forcé à la retraite. La proximité
où j ’étais du théâtre de ces évolutions me permettait
de les examiner avec la plus grande exactitude.
L ’oiseau agile faisait une ou deux fois le
tour de la cour en volant, comme pour reconnaître
son terrain, puis il commençait son attaque
en se glissant doucement sous les rêts de
l’insecte rusé, et saisissant par surprise les plus
petites mouches prises ou celles qui s’étaient le
plus affaiblies en se débattant. Mais en remontant
les trappes angulaires de l’araignée, il fallait qu’il
usât de beaucoup de prudence et de dextérité.
Souvent il avait à peine l’espace nécessaire pour
le mouvement de ses petites ailes, et la moindre
déviation aurait pu l’envelopper lui-même dans
les pièges de la machine compliquée et causer sa
perte. Il n’osait envahir ainsi que les travaux des
petites araignées, car les grosses se mettaient en
devoir de défendre leur petite citadelle; quand
l’assiégeant fondait sur elle, comme un rayon du
soleil, sa trace ne pouvait être distinguée que
par la réflexion lumineuse de ses brillantes couleurs.
L’oiseau employait généralement dix minutes
à son excursion, ensuite il allait se reposer