
sur les branches d’un avocatier, présentant au soleil
sa poitrine rouge étoilée qui brillait alors de
tout le feu des rubis et surpassait en éclat les
diadèmes des monarques de l’Europe, pour lesquels
les restes empaillés de ces petits diamans-
plumes, tels qu’on les voit dans les musées, sont
des objets d’admiration. Toutefois, ceux qui ont
pu les contempler vivans, déployant au soleil
leurs jolies huppes mouvantes, les plumes du
cou et leur queue, à la manière des paons, ne
pourraient les regarder avec plaisir sous leurs
formes mutilées. J’en ai préparé environ deux
cents exemplaires avec tout le soin possible, cependant
ce ne . sont que des ombres de ce qu’ils
étaient en vie. La raison en est évidente. Les
côtés des lames ou fibres de chaque plume étant
d’une couleur différente de celle de la surface,
changent quand elles sont vues dans une direction
oblique ou de face; et comme chaque lame
tourne sur l’axe du tuyau de la plume, le moindre
mouvement de l’oiseau vivant produit des
variations dans les couleurs et présente subitement
les teintes les plus opposées. Ainsi, l’oiseau-
mouche de Nootka change la couleur de sa gorge
quand il ouvre ses plumes de l’orange le plus
v if en vert tendre : l’oiseau-mouche à gorge de
topaze fait la même chose, et le Mexicain étoilé
passe du cramoisi brillant au bleu.
« Les deux sexes, dans plusieurs espèces, ont un
plumage très différent, à tel point qu’il est très
difficile de les reconnaître. Le mâle et la femelle
du Mexicain étoilé n’auraient pu être connus si
on ne les avait vus constamment ensemble, et si
la dissection n’avait prouvé qu’ils étaient en
effet de la même espèce. Ils couvent au Mexique
en juin et juillet , et leur nid est un bel exemple
du talent architectural de ces oiseaux ; il est construit
avec du coton ou le duvet des chardons,
auquel est fixé à l’extérieur, par le moyen de quelque
substance glutineuse, un lichen blanc et
plat assez semblable au nôtre.
«La femelle pond deux oeufs parfaitement blancs
et très gros, en proportion de la dimension de
son corps. Les Indiens m’ont dit que ces oeufs
étaient couvés trois semaines par le mâle et la
femelle alternativement. Pendant qu’ils élèvent
leurs petits, ils attaquent indistinctement tous
les oiseaux qui approchent de leur nid. Quand
ils sont sous l’influence de la colère ou de la
crainte, leurs mouvemens sont très violens et
l’oeil ne peut suivre leur vol aussi rapide qu’une
flèche. L’on entend quelquefois le son perçant
du battement de leurs ailes, sans apercevoir l’oiseau
; et cette vélocité les conduit à leur perte en
annonçant leur approche. Ils attaquent les yeux
des autres oiseaux, et leur bec, pointu comme