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la quittant aussitôt, se jetant à droite, à gauche,
par saccades aussi vives que brusques et sam
mesure. Le plus souvent les colibris s’effraient au
moindre bruit, à la vue d’un objet inaccoutumé
qui vient frapper leur vue perçante. D’autres
fois ils se lancent étourdiment dans les pièges
q u on leur tend, et souvent nous en avons vu
venir presque nous heurter dans les halliers où
nous les guettions. Dans la campagne ils volent
au hasard et sans but arrêté; mais, dans les forets
, il est bien rare que leur rendez-vous ne
soit pas quelque oranger ou quelque érythrina
épanouis.
Les colibris paraissent très ardens en amour.
Ils poursuivent leur femelle en poussant des petits
cris aigus, et il paraît que celle-ci fait deux
pontes dans l’année. Leur nid, tissé comme celui
des oiseaux-mouches avec la bourre de coton ou
la ouatte d’ün bombax et d’un asclépias entrelacé
de légers brins d’herbes fins et déliés, recouvert
de lichens est placé sur la bifurcation de quelque
rameau, et collé par la base avec de la gomme.
La femelle pond deux oeufs blancs d’un volume
en rapport avec la taille de l’oiseau : elle les couve
de treize à quinze jo u r s , en témoignant le plus
vif attachement à ses petits, qu’elle nourrit avec
des alimens élaborés et digérés avant d’être dégorgés.
Avec des soins minutieux il est possible
d e s c o l i b r i s . i 3
d’élever en domesticité de jeunes colibris, et de
nombreuses tentatives couronnées de succès soit
dans les colonies, soit en Angleterre, soit même
à P a r is , ne permettent point de doutes à cet
égard.
Leur chasse se fait par les mêmes procédés que
ceux que nous avons assez longuement énumérés
dans notre Histoire naturelle des Oiseaux-Mouches.
A ces renseignemens rapides, dont nous n’avons
été qu’historien, se borne à peu près ce que
l’on sait des moeurs et des habitudes des colibris.
Ne doit-on pas être étonné que personne, au milieu
des générations qui se heurtent et qui se pressent
dans les colonies d’Amérique, n’ait éclairci
ce point d’histoire naturelle, ainsi que tant d’autres
qu’enveloppe une profonde obscurité ! Dans
ces climats brûlans l’ame et l’esprit énervés par
la chaleur, ne sont plus accessibles qu’à ce besoin
de jouissances qui abrutit la presque totalité des
races humaines. L ’o r, étant le signe représentatif
du bonheur matériel, se trouve être seul but de
toutes les ambitions, de toutes les carrières; et
de quel intérêt seraient des observations délicates
qui charment l’esprit, demandent le calme du
coeur et la sérénité de l’imagination, en ne conduisant
point aux honneurs et à la fortune !!!
Le seul usage que les peuples, dans l’enfance