
i 8 4 SUPPLÉMENT
d’un tamarin qui était planté fort près de la maison
, et couvrait de son ombre une partie de la
cour. Là, sans s’inquiéter du grand nombre de
personnes qui passaient continuellement à peu de
verges de lui, il restait paisible presque toute la
journée. Il n’y avait sur l’arbre qu’un petit nombre
de fleurs, et ce n’était pas la saison de la couvée;
cependant l’oiseau gardait obstinément la
possession de ce domaine,et sitôt qu’un autre oiseau,
même dix fois plus gros que lui, s’en approchait,
il 1 attaquait avec fureur, et, après l’avoir
chasse, revenait toujours à la place qu’il avait
coutume d occuper, que l’on voyait dépourvue
de feuilles dans 1 espace d’environ trois pouces
ou 1 oiseau-mouche perchait constamment. Je me
suis souvent approché assez près de lui, observant
avec délices ses petites opérations de toilette
quand il rangeait et huilait ses plumes, en prê-’
tant 1 oreille à ses notes faibles, simples et souvent
repetees. J aurais pu le prendre bien facilement ;
mais je ne voulais point détruire un si intéressant
visiteur, et qui m’avait donné tant de plaisir.
Dans mes exeursions aux environs de Kingston,
je m en procurai plusieurs de la même espèce et
de ceux à longue queue noire, et quelques
autres, spécialement celui que j ’ai mentionné
comme le plus petit que l’on ait encore décrit et
qui a la plus belle voix de tous.
«Je passai plusieurs heures agréables dans l’emplacement
autrefois occupé par le jardin botanique
de la Jamaïque, e t, sous les arbres divers qui
croissent à une hauteur prodigieuse, je vis quantité
d’oiseaux curieux, parmi lesquels celui-ci
était perché sur les plus hautes branches du chou-
palmiste. Il faisait entendre son petit ramage
plaintif au milieu du plus extraordinaire assemblage
de belles plantes exotiques et indigènes, et
d’arbres natifs de l’île et étrangers, sur un sol
jadis l’orgueil de la Jamaïque, qui n’est maintenant
qu’une solitude abandonnée. Comme je l’ai
remarqué , les individus de cette charmante famille
sont dispersés à travers tout le Continent
américain et ses îles, chaque canton et chaque
île produisant ses espèces particulières. Près de
Kingston je n’en trouvai que quatre, toutes connues
des naturalistes. Mais au Mexique, elles sont
extrêmement nombreuses, et la plupart nouvelles
ou non décrites. A mon arrivée, il était difficile
d’en trouver un seul dans les environs de la capitale
; mais dans les mois de mai et de juin, ils
se montraient en quantité au jardin botanique,
dans le centre de la ville; et, pour une légère récompense
, des Indiens m’en apportèrent plusieurs
vivans. J’en avais à peu près soixante-dix
en cage, que je conservai pendant quelques semaines
à force d’attentions et de soins; et, si