
o h i s t o i r e n a t u r e l l e
que trois oiseaux-mouches vivaient sur cette petite
île isolée, rendue à jamais célèbre par le
roman de Foë. Une de ces trois espèces est admirable,
dit M. Bertéro; or, cette particularité,
si neuve, prouve complètement l’identité de
création de Juan Fernandez avec celle du Chili,
dont cette île est distante de 120 lieues, en même
temps que les oiseaux-mouches rappellent sur ce
point un type de volatile si commun dans les
îles du golfe du Mexique et qui s’est maintenu
dans toutes les îles Antilles. Le Chili, le Pérou,
la Californie et le Mexique ont rivalisé dans ces
derniers temps par les espèces qu’ils nous ont
envoyées, et,tout porte à croire que nous en recevrons
encore un grand nombre de complètement
inconnues; mais de tous les envois de ces
contrées si neuves, jamais nous n’avons vu une
seule dépouillé de colibri. Cette race serait-elle
donc eonfinée sur cette portion de l’Amérique
chaude que baigne l’océan Atlantique? C’est du
Brésil, ce s t de la Guiane, mais principalement
de Saint-Domingue, de Porto-Rico, de la Jamaïque,
que proviennent les espèces que nous
aurons à faire connaître.
La parure des colibris est analogue à celle des
oiseaux-mouches; c’est le même luxe de plumage,
c’est la même richesse dans les habits.
Qu’il serait difficile de remonter à la source de
ces vives couleurs ! que la cause de ces teintes
chatoyantes, de ces reflets d’émeraude, de ce
grenat scintillant au jour, de ce bleu de saphir
s’irisant en pourpre, en bleu céleste ou en noir,
serait embarassante pour ceux qui visent à expliquer
les phénomènes de cette nature féconde,
mère commune de tous les êtres! Dirons-nous,
avec certains physiologistes, que les matériaux
de cet éclat métallique sont transportés dans
le sang et élaborés à la surface du derme,
pour ces corps accessoires du système cutané,
nommés plumes? ou plutôt, nous bornant à la
théorie de la polarisation de la lumière, trouverons
nous l’explication vraie et unique de ce
phénomène dans la texture propre de ces mêmes
plumes, dont les barbules sont creusées en un
sillon concave, dont les facettes multiples renvoient
, sous mille incidences, les rayons lumineux?
Cette dernière opinion est généralement
admise ; c’est du moins celle qui satisfait
le mieux la raison, tout en expliquant le phénomène
, sans dire pourquoi brille plutôt telle
couleur que telle autre, et comment il se peut
que le même moyen produise une aussi grande
Variété d’effets.
Toutes les épithètes du vocabulaire des gemmes
et des métaux précieux, prodiguées aux
oiseaux-mouches, l’ont été également aux coli