
Les anciennes relations de voyageurs réunissent,
sous le même nom, les colibris et les oi-
seaux-mouclies; et comme elles les décrivent en
quelques lignes, et seulement sous le rapport de
leurs riches vestitures, il en résulte qu’on ne
peut le plus souvent savoir de quelles espèces
leurs auteurs veulent parler. D’ailleurs on les
confond en outre fréquemment avec les Sucriers
ou Souï-Mangas de l’Ancien-Monde, et il n’est
pas rare de lire dans des Voyages aux Indes, aux
Moluques ou sur les côtes d’Afrique, l’indication
de colibris, lorsqu’il est positivement démontré
que leur race ne quitte point la région intertropicale
du Nouveau-Monde. Sous ce rapport
la patrie de ces volatiles est bien plus restreinte
que celle des oiseaux-mouches, que nous
avons vus se répandre par des latitudes assez
froides, soit dans l’hémisphère nord, soit dans
l’hémisphère su d , puisque, par exemple, le Rubis
vit aux Etats-Unis, et le Sasin sur la côte N. O.
Ainsi les narrations de Thevet, de Labat, de
Jean de Léry, de Rochefort, de Fermin et de
Bancroft, parlent indifféremment de colibris ou
d’oiseaux-mouches sans désigner les espèces
dont on peut plutôt soupçonner l’identité avec
celles dont nous possédons des descriptions
exactes qu’on n’a les moyens de l’affirmer.
Le mot français colibri est pris de la langue
des Caraïbes, au dire de Buffon. Ce nom, qu’on
trouve écrit dans les vieilles relations, colibri ou
colubri, nous paraît plutôt dériver du Vieux français
col brillant, par rapport aux belles plaques chatoyantes
de la gorge, travesti en langage créole
des nègres des îles, à moins qu’on ne préfère y
voir un diminutif du mot latin coluber, exprimant
l’inconstance des reflets dont brille leur
plumage.
Dans quelques cantons du Brésil, les colibris
portaient anciennement, chez les naturels, le
nom de Guainumbi, et celui de Hoitzitzil chez
les Mexicains, ou Hoitzitzillin, ainsi que l’écrit
Fernandez. Mais ces dénominations appartiennent
aussi aux oiseaux-mouches. Les divers noms
qu’on trouve mentionnés dans l’indigeste compilation
de Séba ne méritent point qu’on les
adopte sans discussion, et cet auteur est le
seul qui ait cité les Yayauhquitototl, les Tsioei,
les Kakopit ou petits rois des fleurs, comme
synonymes de colibris ; et il en résulte que ces
noms appartiennent à des Cinnyris ou même à
d’autres oiseaux. Quant aux créoles espagnols
ou portugais d’Amérique, ils leur ont transporté
la dénomination de Bec-fleurs ou de Picaflores,
de même que les Anglais leur donnent celle de
Humming-birds, ou d’Oiseaux-Mouches.
Klein appliquait aux colibris le nom scientifi