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fon, décrites d’après Pennant, Séba, Kléin,Marc-
grave , etc., et caractérisées par quelques phrases
vagues et succinctes. Ce qui intéresse vraiment un
ornithologiste, autre qu’un vulgaire descripteur,
est positivement cette connaissance des métamorphoses
que subit le plumage d’un oiseau aux
diverses époques de sa vie, et les modifications
qu’elles impriment à son aspect extérieur; et,
sous ce rapport, à part les oiseaux Echassiers,
nous ne croyons pas qu’il y ait une famille dans
toute la série ornithologique qui soit plus difficile
à étudier que celle des oiseaux-mouches.
Bien que nous ayons cherché avec le plus grand
scrupule à rapporter à leurs espèces des individus
à plumage variable et à proportions différentes de
celles des types généralement connus dans les collections,
nous n’espérons pas avoir toujours réussi.
Les dépouilles qui nous parviennent des pays
lointains, mises en circulation par le commerce,
ne portent jamais avec elles de renseignemens sur
les moeurs, sur les habitudes des espèces, et presque
toujours l’indication précise du pays où elles
vivent est erronée, et bien rarement nous savons
au juste de quelle province de l’Amérique méridionale
elles nous sont envoyées.
Les descripteurs compilateurs n’ont pas peu
contribué à augmenter sans raison le nombre des
espèces. Linné et Latham donnèrent des noms à
DES OISEAUX-MOUCHES. g 5
des femelles, à des jeunes dont les types étaient
eux-memes décrits sous une autre dénomination.
Audebert n’a fait que renchérir sur ces deux auteurs,
et M. Vieillot, qui est avant nous l’ornithologiste
qui a fait connaître un plus grand
nombre d’espèces vraiment nouvelles, a prodigué
les termes scientifiques, et souvent trois de ces espèces
en feraient à peine une. Pour en offrir quelques
exemples, son oiseau-mouche Versicolore
( Trochilus versicolor, Vieill., nouv. Dict., t. xxm,
p. 43o) est le jeune du Delalande (Trochilus de-
lalandi, du même auteur) ; son oiseau-mouche de
Prêtre et son oiseau-mouche Dufresne, sont le
jeune et la femelle de celui nommé Duc, YOr-
nismya chrysolopha de notre pl. VII, etc.
Il est donc très difficile, dans l’état d’imperfection
où croupit l’histoire morale des oiseaux
qui nous occupent, d’éviter de telles erreurs.
Notre livre, ainsi que ceux de nos devanciers
, sera la base d’un bon travail et d’un recueil
riche et varié que les naturalistes futurs pourront
entreprendre avec des matériaux neufs et
plus parfaits que ceux qu’il nous a fallu mettre
en oeuvre.
En imprimant ces pages, il nous reste à faire
partager nos regrets de ce que de nouvelles espèces
sont dès ce moment enfouies dans notre portefeuille,
où elles resteront jusqu’à ce que leur