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COUP D'OEIL
SUR L'ENSEMBLE DE LA FAUNE ICIITIIYOLOGIQUE DES GISEMENTS
Dû BÜGEY.
J ' c n i i m c ' r e r a i ici les genres dont ces glsemenl s renferment
les traces, j'en comparerai la répartition -géograpliiquc entre
le Ciigey cl la F ranconie, puis j'examinerai les rappor t s de la
f a u n e c ommu n e aux deux contrées avec les faunes ichlhyolog
i q u c s des autres époques.
1 ° Émimératioii des genres reconnus enBugey.
An point oil mes recherches m o n t aujourd'hui condui t , les
c o n c i l e s du groupe corallien dans le J u r a de la partie méridion
a l e du deparlemcnl de l'Ain , r e n f e rme n t au moins cinquante
e s p è c e s de poissons, Je dis au moins, car je n'ai pas pousse
l ' e x a m e n de plusieurs d'entre elles assez loin pour Être assuré
q u e l l e s ne d evront pas c i r e dédoublées . Ces c inquant e espèces se
r é p a r t i s s e n t entre vingt-neuf genres déjà connus ou nouveaux.
Voici comment la disiribulion s'opère :
3 genres (Pycuodi i s , Calurns cl Thrissops) ont
c h a c u n cinq espèces
4 id. (Macrosemius , L e p i d o l u s , Pholid
o p h o r u s et L e p l o i c p i s ) en ont chac
u n trois ^ -
1 ici. (Belonoslomus) en a deux 2
14 id. {Phorcynis (1), Spalhohatis, Belemnobatis,
U n d i n a . Gyrodus, Disticholcpis, îiol
a g o g u s , Ophiopsis, Amblysemius,
•CaUoplenis, A s p i d o r h y n c h u s , Megal
u r u s , Oligoplcuriis, Jlolochondnis) ncii
ont présenté qu'une pour chaque genre. . 14
7 genres eu(iu ne reposent encore que sur des fragments
i n c o m p l e t s ; l'un de ces genres est couuu
( E u g n a l h u s ) , les six autres sont inédils. 7
2 9 genres formant, pour les e spères , le total de. . . ijO
L a première remarque que suggère celte revue statistique
des genres el des espèces de poissons trouvés dans les gisements
d u Dugey, c'est le grand nombre des genres relalivemenl à
c e l u i des espèces. La proportion dans les gisements de la
b a v i è r e est bien diiTércnte, puisque i\L Agassiz (2) n'y
c o m p t a i t , en I 8 4 4 , que vingt-deux genres pour quatre-vingtdouze
espèces. Ainsi, la moyenne qui élail de plus de quatre
espèces par genre dans la liste des poissons de l'Albe, n'e.-t
pas m ême de deux pour les genres de nos gisements.
Si Ton doutait de la validité des coupures génériques que
j ' a i cru devoir établir, )c renver rai s aux figures el aux descripl
i o n s des cinq genres nouveaux que l'on irouvera un peu plus
l o i n , comme ii des exemples de la manière dont j'ai procédé.
J ' a p p e l l e r a i ensuile raltenlion sur le fait q u e , des viugl-dcux
g e n r e s qui , dans le Hugcy, ne soul représentés que par une
(1) Les noms en UaU.iucs sont cou^ des genres qui n'onl òli encore irouvós <\no dons
le Hiigcy.
(2) Voyeï In Tal!eau gJnéral '¡es poisions fossUôS, p, xi^m de l'inlroJuctiondul. I
des Uacherchas swr les pomons fofsihs.
s e u l e espèce, il n'en est qu'un (le Spalhohatis) dont il
a i t été trouvé plus de deux ou trois exemplaires. L'on ne peut
s ' a t t e n d r e à voir beaucoup d'espèces dans i m genre, lorsque les
i n d i v i d u s en sont si peu nombreux.
Comparaison de la faune iehlhyologiquc du Jura duBugey
avec celle des schistes lilhographiques de la Franconie.
D ' a p r è s mes déterminat ions, seize genres du Bugey exister
a i e n t également en Al lemagne; douze genres seraient connus
s e u l e m e n l dans l'Albe (1) et remplacés ici par treize autres
p a r t i c u l i e r s au Bugey. Le total des genres s'élèverait ainsi h
q u a r a n l e - u n pour l'ensemble de la faune ichlhyologique de la
f o r m a t i o n .
M a i n t e n a n t , au lieu de considérer tous ces genres comme
d e s unités d'égale valeur, ce qui conduirait à dire que les
deux cinquièmes seulemenl de la faune dont il s'agit sont
c o m m u n s aux deux contrées, si l'on évalue chacun d'eux par
l e degr é d'importance numérique que ses espèces et leurs indiv
i d u s ont oblenu dans la populat ion ichlhyologique donl il est
u n des éléments, on reconnaît, sans hési ler , que les genres
q u i font masse sont ceux qui se retrouvenl dans les deux pop
u l a t i o n s , el qu'ils conservent à peu près le menie développem
e n t , relalivemenl aux aut res genres, dans l 'une et dans l 'autre
f a u n e partielle. On voit, par exemple, qu'à Cirin comme à
S o l e n h o f e n et à Kehlhe im, les T h r i s s o p s et les Leptolepi s
d ' a b o r d , puis les Phol i d o p h o r u s , en moins grande prop
o r t i o n , ont pul lul é pour servir de pâture aux C a t u r u s , aux
H l a c r o s c m i u s el aux autres genres carnassiers. Les Pycnod
u s sont plus abondant s ici qu'en Al lemagne , mai s les Gyrod
u s les y remplacent, non-sculemenl sous le rappor t de l'org
a n i s a t i o n , qui csl très-voisine, mais aussi par un développem
e n t numér ique qui rétablit la balance. 11 y a également lieu
d ' a d m c t l r e de semblables compensations entre les autres genres
p a r t i c u l i e r s à chacune des deux populations locales. Ces genres
p a r t i c u l i e r s , qui semblent avoir été t rès-pcuimpor lant s comme
p o p u l a t i o n , ainsi que je l'ai déjà dit, ont dû se subsl i lucr les
u n s aux aut res, à peu près comme les P y c u o d u s ont remp
l a c é les G y r o d u s , et vice versa. Par conséquent, bien
q u ' a u point de vue zoologique il soit très-intéressa ni de noler
c l d'étudier toutes les modificat ions de détail qui accompagnent
le changement des lieux, il n'en csl pas moins vrai que , sous
li; rappor t de la délcrminal iou du momenl de révolution anim
a l e auquel correspond la faune des gisements du Bugey cl
c e l l e des schisles lithographiques de la l-'ranconic, on ne saur
a i t douler, en examinant l'ensomble des faits, que les diffél
o n c e s ne se perdcul cl s'ellacenl dans la g rande couforniilé de
(I) Ji! siiiiposc que les genres AethalMi, LyhLi, ThorsU, Slrobilodua, Mosotton
A'olidan-us mèrilenl luusd'ùira ajoutés b ceux des sclilslos lUliograi.liiriiies ilo la linviire.
! rclMnclio do la lisle donnée par M. Ag.issiz, en IS-l-i, les
Aellopos et Micrndon, qui renlreiil, irùi-|n'oli:iblcdnns
I cilû je
d'aiilros île la mfnie lisle on dans loi précédent'.
c a r a c t è r e qui réunit ces deux faunes locales sous lu même dale
b i o l o g i q u e cl géologique.
Aussi, malgré le synchroni sme clontii s'agit, puis-je espérer
q u e l'exploilalion des calcaires di; C i r in , qui m' a déjà permis,
d e p u i s 18:10, d'ajouter dis genres à ceux que j'y connaissais
a u p a r a v a n t , me foiu'nira encore l'occasion de couslatcr de
n o u v e l l e s formes particulières à celle extrémité du Jura. J'att
e n d s également do la sui t e de mes recherches un supi)lémcnl
d ' i n f o r m a t i o n sur ime partie des genres inédils que comprend
l ' é i i i m i é r a t i o n actuel le de ceux du Bugey ; du reste je ne crains
p a s d'aiiirmt'V que, dès à présent , les f ragment s que je possède
sont suffisants pour justilier le parli que j'ai pris de distinguer
ces formes généi'iqups de celles déjà coimucs.
3° liapporls de la faune ichlhj'o/ogic/ue du groupe corallien
avec celles des autres épor/ues.
De l'examen des rapports de la faime des gisements du
B u g e y avec celle des scbislos de la Bavière , passons à la comp
a r a i s o n de l'ensemble que leur réunion constitue, avec les
f a u n e s ichlhyologiques , soit de l'époque actuelle, soit des époques
antérieures aux forujalions jurassiques.
I c i , nous nous trouvons d'abord placés e n face des conclus
i o n s que I \ L Aga s s i z a émises sur ce sujet. D'après l'émincnt
n a l u r a l i s t e auquel nous devons les Recherches sur les poissons
fossiles, une séparation relalivcment plus profonde se manif
e s l e r a i l enlre l'iclithyologie du Jura et celle de la craie,
q u ' e n t r e celle de deux autres époques consécutives quelconques.
C o m m e preuves de ccKe especc de saut dans l'évolution de la
c l a s s e des poissons au travers des temps, le savant professeur
a v a n c e que cc n'est qu'après la fin des dépôts jurassiques que
1° les poissons osseux ordinaires (Cténo'idcs el Cycloïdes),
a u r a i e n t commence à se mont r e r , et 2° que les Plagioslomes
( P l a c o ' ù l e s ) (¡ui jusque là se rapprochaient tous plus ou moins
i/u type dît eestracion actuel, soil par les for nies générales,
soil par la dentition et les fortes épines de leur nageoire dorsale
(1), ont commencé à se séparer en deux grands groupes
d i s l i n c l s , les raies et les squales.
C e r t a i n e m e n t personne plus que moi n'est disposé à rendre
h o m m a g e à la supériorité d'inlelligencc et à l'étendue comme
à la profondeur du savoir de M. Agassiz. J'ajoute que ses div
e r s e s publications sur les poissons fossiles ayant guidé mes
f a i b l e s recherches, je suis heureux de saisir l'occasion de tém
o i g n e r la haute estime où je les t iens, et le respect que
m inspire le dévoùment avec lequel l'auteur s'est livré à
r a c c o m p l i s s e m e n t d'une oeuvre aussi neuve , aussi vaste el
aussi utile à la science. Mais, d'un autre côté, la vérité a des
d r o i t s auxquels, dans ma liberté de simple amateur , je me
c r o i r a i s inexcusable de n e pas obéi r avant tout.
J e dois donc avouer que je ne crois pas à la concordance
q u e voil M. Agassiz enlre l'époque d'apparition des véritables
r a i e s , squales et poissons osseux ordinaires, el l'époque où les
d é p ô t s du terrain de craie ont pris naissance. Les trois groupes
i c b t b y o l o g i q u c s donl il s'agit sont déjà représentés dans les
c o u c h e s du Jur a , et const i tuent mcme une partie considérable
d e la population qui animait les eaux sous lesquelles se sont
f o r m é s les calcaires lithographiques du Bugey et de .la Franc
o i i i e .
A i n s i , les deux genres nouveaux, Spalhohatis et Beloninobatis,
le T h a u m a s , du C® d eMù n s t c r , et ceux que M. Agassiz
avait lui-mome établis ou mentionnes dans ses Hecherches,
t e l s que les A s t e r o d e r m u s , E u r i a r l h r a , Cyclarlhrus
e l S q u a l o r a j a , ne sont-ils pas infiniment plus rapprochés des
r a i e s que des ceslracions ? Qu'on fasse ensuile la part des
g e n r e s inconnus encore, mais que l'avenir des exploralions ne
(1) RccharQltQs suc lcsiioUson$ fo^tsilcx, t. Ul, p. 37i.
s a u r a i t manquer de nous réviHcr , et poiu'i'a-t-oii se refuser à
a d m e t t r e la conclusion que la famille des raies possédait, dans
l e s temps dont la paléontologie nous occupe, une importance
c l une variété do fornics peu didérenlcs do celles que nous lui
c o n n a i s s o n s dans nos mers actuelles?
Les squales étaient probablement alors moins nombreux
que les raies ; mais pourtant les débris qui ont été cités dans
les couches jurassiques des gcm-es S p l i e n o d us , N o i i d a nus
( A e l l o p o s , Ag. ) , T h y c l l r u a , A r l l i r o p l t i r u s el le Phorcynis
d û Cirin , indiquent ime évolution parallèle et synchronicpu; .à
c e l l e des raies. Il est donc tout à fail contraire aux faits
o b s e r v i ' s de prétendre que les deux familles acluclles de Plag
i o s l o m e s n'onl commencé à se séparer cbi type des ceslracions
q u ' à l'époque crétacée.
Q u a n t aux formes q u i , dès la |)ériodc du Jura , nous prouv
e n t l'existence de poissons osseux ordinaires, le savant nalural
i s t e de Noufchàtel mcconnait systématiquement Icin's ailinilés,
p o u r leur assigner , dans la méthode , une position qui ne peut
l e u r ê t r e maintenue. Ainsi , les l ' h r i s s o p s cl les Leptolepi s
sont pour i\L Agassiz des Ganoïdes de la fami l l e des Sauroïdcs.
I l s ont cependanldes écailles a r rondies , imbr i<juécs , excessivem
e n t minces , et très-probablement dépourvues do corpuscules
o s s e u x cl de la couche d'émail qu'on leur a at tribués. La dent
i t i o n n'est pas non plus celle des Sauroïdes. D'un autre côté ,
les mâchoires, lu icte cl le squelette sont tout à fail conformés
comme chez plusieurs des Malucoplérygiens abdominaux
o r d i n a i r e s , d u p e s el s a lmonc s (Ilalécoïdcs, Ag.).
S o r l i r les genres fossiles que je viens de nomme r du voisin
a g e de ces poissons vivants, pour les accoler aux Sauro'idcs
a n c i e n s , c'est évidemment sacrifier à de pures anticipalions
t h é o r i q u e s les caractères qui sont fondés sur l'observation
d i r e c t e .
I l est encore d'autres genres de poissons operculés dans la
f a u n e des calcaires lilhographiques , qui établissent une liaison
e n t r e les familles de cetlc époque et celles de la notre; tels
s o n t les M e g a l u r u s , Oligopleurus, Belonoslomus, etc.
Ces genres, qui n'ont ni les écailles osseuses , ni le squc-
I c l t c chondrorachidé des anc i ens Ganoïdes, oilrenl au contraire
des analogies frappantes avec les ésoces, les d u p e s et aut res fam
i l l e s vivantes et voisines; seulement je dois dire que si
.M. Valenciennes maintient parmi les Malacoplérygicns abdom
i n a u x les formes vivantes qui ont le plus de rapports avec
les M e g a l u r u s , les Otigopleurus, etc., M. J. Millier cl
M. Ileckd paraissent elre d'accord avec M. Agassiz, quoique
p a r des raisons difl'érenlcs, pour considérer ces espèces comme
gano'ides. Cc n'est pas ici le Heu d'examiner cclle question de
c l a s s e m e n t qui nous mènerait fort loin ; je m e bornerai à faire
r e m a r q u e r que la dissidence ne porte pas sur l'analogie des
g e n r e s fossiles dont il s 'agi t , avec quelques-uns de ceux de la
f a u n e vivante, qui sont décrits dans le tome X I X de VHistoire
naturelle des poissons de ¡MM. Cuvicr et Valenciennes , mais
siu- la convenance de placer les uns el les autres dans telle ou
t e l l e division syslematique.
Nous pouvons donc , d'après les fails qui viennenl d'être
r a p i d e m e n t énoncés, regarder comme illusoire le caraclère
n é g a t i f q u e M. Agassiz prétendait assigner à la faune idithyol
o g i q u e du J u r a , celui d'être dépourvue à la fois de poissons
osseux ordinaires, de véritables squales et de véi'ilables raies.
¡Néanmoins je ne dis pas que cette faune possédât déjà tous
les types principaux qui ont existe un peu plus lard j car si les
M a l a c o p l é r y g i c n s abdominaux n'en ont pas été exclus, il n'y
pas jusqu'ici le moindre iiulice que les Acanlhoplcrygiens y
a i e n t figuré. Il est donc encore permi s de croire, avec I\I. Agass
i z , que c'est seulement dans la pér iode c rétacée que les poissons
d e ce dernier ordre ont eu leurs premiers représenlants. Le
p a s que l'évolution gcnéliquc de la classe des poissons était