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Suull, dûs que l'on allaqiie ce premier gradin dont, nous venons
tic parler, ces obslacles disparaissenl ; les gramles carrières
qui bordent la roule de Grenoble, parallèjernenl au
l\hùne, oITi-ent de liellescoupes, el on voil d'cxcellcnls aideuremenls
en siiivanL inie erase i[ui mène à Bouis, ou en par
conrant le chemin des earrièrcs oolilhiqvies deCluiillon, près
tlclacliapcile du cimelièfc de Brénaz.
Les calcairosde Brcnaz-ap[>clés dans le pays pierres froùlcs,
sont durs, compactes, parfois pétris d'une pelilo liuilre fortement
empâtée dans la roche et difiîcile à déterminer.
D'auti'es bancs renfernienl une telle quantité de i'ragments
d'encrines qu'ils en prennent un aspect suberiàtallin ; c'est
alors le calcaire miroitant de Tiiiollièrc. Ils sont colorés en
gris ou en bleuâtre par une cerlaine quantité de bitume.
Près des fissures le liitume a été décomposé; le for des pyrites
s'est transformé en oxyde et la roche devient jaunâtre cl
rougeàlre ; de faux joint s présentent de nombreux slyloliUies.
Cette pierre, très-compacte, très-résistanle, fournit d'excellents
matériaux ; elle est très-employée pour faire des digues
et des enrochements le long du Rhône.
Ces calcaires sont recouverts par des bancs plus ou moins
marneux, qui commencent à ap|>araitre dans le haut des carrières
de Brénaz et dont on peut suivre la série en étudiant les
talus de la roule des carrières de Chaillon. Quelques bancs
soni durs et compactes. Les fossiles souvent siliceux apparaissent
en relief surles tranches des coupes exposées à l'inlluence
des agent s atmosphériques; ce sont de grosses rhynehonelles
et de nombreux spécimens de l'Oslrea àcuminata.
Bathonien. — Nous sommes là en présence delà base du
Balhonien; cette division offre des caractères semblables à
ceux des environs de Tournus, de Laives (Saònc-el-Lcire).
Laroche eststratifiée d 'une manière confuse; les couches paraissent
se terminer en coins. Puis, au-dessus de ces calcaires
plus ou moins marneux, caractérisés par Tabondance de l'Os-
[rcn acuminala, s'étalent des roches, tantôt blanches, tantôt
bleuâtres, finement oolitliiques et qui se rappor tent à la grande
Oolithe. De nombreuses carrières ouvertes dans ces couches
|)ermettent de mieux les étudier que près de Scrrières; aussi
nous ne quitterons pas cette station avant d'avoir mieux examiné
la composition de ces calcaires. Dans les carrières qui
présentent de belles coupes, on voit apparaître encore une
fausse stratification en coin, et malgré la g randeur des surfaces
mises à découvert et la multiplicité des débris, des éclats de
pierres, on ne voit que des traces de rares fossiles empâtés
dans la roche et indéterminables. Pourtant, au milieu de ces
bancs compactes, oolithiques, il y a quelques couches marneuses
dont les fossiles se détachent facilement et recouvrent
le sol en grand nombre, lorsque le permet la disposition des
aftleurcments; ainsi, en continuant à gravir le sentier qui
mène de Cliaillon à Grattet, on traverse des champs dontla
surface est parsemée de fossiles en assez bon état.
Ammonii^ Parkinsoni (SOWERBY). — Variilù ii dos (jlroit
semblable à \'Am. angtdalus.
riioladovn/a gibbosa (SOWERBY 5p.).
Peina isoQnomoîdes (STAIIL. sp.).
Ostrea tlabelloides (LAMARCK).
Rkynchonella siiblctracclra (DAVIDÎON).
Terebralula ovoïdes (SOWERBY).
C'est dans des couches analogues (ju'on trouve de nombreux
oursins.
Pygurus Michelini (COTTEAU).
Uijboclypics gibbmiius (AGASSIZ).
Collijriles analùs (DESMOUI-INS).
UoLectypns dr.pressus (LAMARCK;.
Ces couches marneuses fossilifères sont surmontées par de
nouvelles assises oolithiques, puis les calcaires changent
d'aspect: le grain devient plus lin, plus serré, plus compacte,
et la roche prend tous les caractères do ce qu'on appelle le
Chnin, cette excellente pierre cxploi técsur les bordsdu Blione
à Villebois, à Montailleux, au (iras au-dessus de Serrièrcs,
pour les consiructions do Lyon.
Cette relation des calcaires oolithiques avec le choin apparaît
de tout e part : ainsi, près de Brénaz, dès (|u'on a travei'sé
le plateau qui s'étend au-dessus des carrières de Cliaillon, on
voit ces mêmes calcaires couronnés par les bancs de choin de
Grattet.
En allant du Sault à Bouis ])ar un chemin qui suit le fond
d'une crevasse, on constátela même superposition, ]mis, en
relevant la coupe des calcaires (]ui boi'dcnt la route de Serrlères
à Dénonces, vers l'ancien ciianticr du Gras, on retrouve
la même disposition. Enfin, dans certaines carrières de Ti'cpt
en Dauphiné, on exploite en même temps Foolithe et le choin
on contact l'un avec l'autre.
Les bancs que l'on désigne sous ce nom sont loin de présenter
une texture uniforme. Les plus inférieurs sont assez
minces, 15, 20 cent., et renferment de nombreux rognons
siliceux dont les coupes se détachent en blanc sui- les ti'anches
des roches exposées à l'air et à la pluie. Au-dessus de ce pi'emier
ensemble se superposent sept à huit bancs dont l'épaisseur
varie de 40 cent, à I mèt. Ces bancs, qui sont, pour
ainsi dire, les seuls exploités, sont stratiliés avec une si parfaite
régularité que les ouvriers les reconnaissent dans cha-
(¡ue chantier et leur ont donné à chacun un nom spécial. Leui'
grain est fin, leur texture compacte, leur dureté très-grande,
leur couleur gris clair. Les bancs sont pour ainsi dire découpes
par de faux ¡oints, dont les surfaces couvertes destylolithes se
soudent les unes aux autres.
Plus haut la pierre perd sa ténacité; on voit apparaître de
nouveaux rognons siliceux. Ces calcaires sont rarement enijdoyéscomme
pierres de taille, maison les exploite plutôt pour
la fabrication de la chaux. Cet ensemble mesure environ
6 ou 7 mèt. Les fossiles sont très-rares dans le choin et trèsdifficiles
à extraire, on n'y trouve que quelques/ieieHîîuïes,
des Cardmin. des Pholadomies, des Ammonites úes assises inférieures.
Les bancs supérieurs du choin sont parfois traversés
dans tous lessens par un polypier branchu, Lilliodendron
dicholoma (Gold.). Souvent les fossiles qu'ils renferment sont
siliceux; nous y avons trouvé des moules internes d'échinodermes
ut une magnifique Lima Hector (d'Orbigny), d'une
conservation parfaite, entièrement silicifiés avec tous les
détails de leurs ornements.
Grattet, à Bouis, à Montailleux, les bancs de choin sont à
la surface du sol ,parsui t e des dénudations, mais,sur la route
de Bénonces, ils sont recouver t s par une série dérochés d'une
trentaine de mètres de puissance. Ces calcaires ont une texture
grenue, terreuse, une cassure inégale; quelques bancs
sont mai'neux et très-fossilifères dans la partie inférieure près
des bancs de choin. Leur couleur est jaune à la surface et
souvent bleu foncé dans l'intérieur, ils sont ferrugineux et
sur beaucoup de points le fer s'y présente à l'état oolithique.
On y rencontre de nombreux fossiles, entre autres ceux de la
partie inférieure au sous-groupe jiréeédcnt. Le dépôt du choin
parait donc n'avoir été (|u'ua sim|)le accident au milieu de la
formation de ces calcaires oolithiques dontla sédimentation
n'a été interrompue (|ue momentanément.
Au lieu de considérer chaque subdivision, si nous envisageons
l'ensemble de celte série de terrains, nous j)ouvons
dresser la liste de fossiles suivante :
Ammoniles nuriijmis (OPPEI.).
Ammonites aspidoides (OPI'EI.).
Ammoniles bißexuosus (D'OHBIGNV).
Arn. Parlcinsoîii (SOWRRHV). Variaó à dos étroit.
Slmparohts depressus (D'OIIBIONY).
Ci'.rormja plictUa (AGASSIZ) .
hocardia iniem (SOWERBV).
E.-, Pliolndomya (JÌWWS/I (SOWERBV).
Plwladomya OYIIZ?TNI (AGASSIZ).
Plioladomya ddloidea (SOWERBY).
Pi'rna isognomoides (STARL.).
Lima pecliniformU (3CIII,OTÌ!I-IM).
Lima Ileclor (D'ORBICNY).
Oslrea ftabeiioides (LAMAKCK).
cc. Ostrea acmiinnta (SOWERQY).
C-. Rliynclionella snbleirnedra (DAVIDSON).
c. Rliy/ickonella spinosa (SCHLOTIIEIM).
(I. Terebratula ovoides (SOWERIIY).
cc. Pygurus ìlicheLini (COTTEAU).
cc. Uybodypiis gibberulits (AGASSIZ).
cc, Collyviles aiìalix (DKSMOULÌNS).
L'étage Balhonien se termine en Bas-Bugey par une série
de calcaires gris blanc, un [¡eu marneux; quelques bancs
sont à grain fin ou linemcnt oolithique. Cette subdivision a
une vingtaine de mètres de puissance.
La surface supérieure parait souvent usée et présente de
nombreuses perforations qui semblent indiquer une ancienne
oscillation du sol avant le dépôt des couches ferrugineuses
de l'étage supérieur, c'est-à-dire du Callovien. — Les fossiles
sont très-rares à cc niveau. Le plus abondant est la serpula
problematica (Miinstcr).
Du reste les afileurements propres à l'étude sont rares;
les éboulis des étages marneux supérieurs et une riche végétation
les dérobent presque toujours aux regards du géologue.
C'estau point de départ de notre coupe que nous avons vu
les plus beaux affleurements du Bajocien et du Balhonien;
mais ces terrains qui reiirésentent le fuller's earth, le greal
oblile, le forest marble et le cornhrasli des auteurs anglais,
apparaissent plusieurs fois à la surface du sol entre Serrièrcs
et lielley. Ainsi, à l'est de Seri'ières, la partie supérieure du Bajocien
cl le Balhonien constituent la base de la montagne de _
Soye. Le choin affleure sous les maisons du village de Montagnieu
et forme le plateau du Fori, espèce de grande terrasse
qui domine Serrièrcs, à l'entrée de la vallée de Bénonces.
S o u s l ' i n n u c n c e d ' u n e f a i l l e puissante, ces mêmes terrains
arrivent au jour an nord de Seillonaz et aflleurcnt sous la
forme d'un long gradin, le long de la route de Chosaz. Ils
ont été brisés par la profonde crevasse dans laquelle coule la
Brive; on peut les étudier vers le moulin de Lompnas et vers
le moulin qui est en dessous de Vercras. Plus à l'est, ces calcaires
disparaissenl sous les nombreuses assises des fonnations
jurassiques moyennes et supérieures qui terminent le
massif d'inimont, et, pour les retrouver, il faut descendre la
pente orientale de la montagne de Lâchât, Au nord-est de la
Croix-de-la-Roche, près du châlet de Carcasson, jilacé à
l'extrémité des prairies oxfordienncs de Marguin d'Essieux,
on voit afileurer des couches de Balhonien remplies de fossiles,
de Lima, do Pholadomya deltoidea (So\verby), de
llolectypvs depressus {Umvcivck), ÛQ CoUyriles analis (Desmonlins),
etc. Puis, en suivant lescntier qui descend àAppregnin,
on marche constamment sur le calcaire à cnlroques : toutes
ces couches, fortemcnl incl inées, plongent à Testet font partie
du massif de la lèvre abaissée de la faille qui a séparé le
Molard-dc-l)on, Lâchât cl le Tantainct des collines basses de
Saint-Germain-des-Paroisses et d'.Vmbléon. Le molard de
Cessieu et un bourrelet (]ui s'étend jusqu'au-delà de Collomieu
se relient à ces mcnins terrains cl ont une origine analogue.
Après avoir franchi cette ligne, on ne rencontre plus
rOolithe inférieure, qui est masquée par la série des terrains
supérieurs jurassiques, crétacés, tertiaires et quaternaires.
Pour l'étudier de nouveau, il faudrait traverser le Rhône et
gravir les (lanes de la montnguo de la Charve et du MonI -du-
Chat, en Savoie.
Callovien. — A ces couches multipliées cl puissantes,
assez pauvres en fossiles, succède un terrain de 1 ou 2 mèt.
d'épaisseur et pétri de débris organiques, c'est le Callovien
ou Oxfordien inférieur de quelques auteurs. Sur le parcours
de notre coupe, ce terrain est presque toujours caclié au
bas des pentes des terrains oxfordiens, mais la régularité de
la stratification des étages ne permet pas de douter qu'il
existe partout, entre 1e Bathonien supérieur ctl'Oxfordien proin'cmcnt
dit; du reste, sa présence se trahit toujours par la
découverte de quelques fossiles caractéristiques, lorsque les
recherches sont entreprises sur un horizon convenable, soit à
Bénonces, soit à Montagnien, soit sur la rout e de Lompnas à
Cerin, et tout autour de ce hameau.
Le Callovien, dans les stations que nous étudions d'iuie
manière spéciale, se compose d'un calcaire marneux, grisâtre,
rempli d'oolithes fei'rugineuses ; les fossiles ont une nuance
ocrensc; ces calcaires se relient à ceux de Charvieu, de
Saint-Rambert, de Lupieu (Bugey) et à ceux de Chanaz (Savoie),
qui ont fourni de si beaux échantillons.
Voici la liste des principaux fossiles que nous avons
recueillis :
Enjvia calloviemis (OPPEI,).
c . Ammonites aiice.ps (REINECKE).
Ammonii&s Ihroetji (SOWERDY).
Amvionites pnstulalns (REINECKK).
c . Ammonites macroceplialus (SCRLOTMEIM)-
Ammoniles modiolaris (LUVT. sp,).
(»MOMIES bjdlatus (D'ORBIGNY).
r(i)'(!!)raiuiii dorsopLicata (SUESS.).
Mcspilocriniles vîacrocf-plialus (QCESSTEDT).
M. Sauvanau de Saint-Rambert a cité, dans cet étage,
25 espèces d'Ammonites, 1 Ancylocéras, 3 Nautiles, 75 Riv
a l v e s : Lima, Area, Nïicnla, Mya, Trigonia, Avicida, l'holas,
Saxicam, Osirea, etc.; 21 Térébratules, 4 Rélcmnites,
G Échinodermes : Cidaris, Galeriles, EcJmius, etc. ; 8 Crino'ides
: PentacriniLes, Eugem'arriniles, etc.
Cet étage suit toutes les allures de l'Oxfordien cl a participé
aux mômes accidents.
Nous n'avons aucun fait particulier à signaler.
Oxfordien. — L'Oxfordien du Bas-Bugey situé à l'extrémité
du Jura conserve les mêmes caractères qu'il offre dans
toule cette chaîne : ce sont des alternances de calcaires
marneux et de marnes passant du gris clair, du bleuâtre à
des nuances jaunâtres. La pierre est tantôt tendre, tantôt
dure, compacte, à grain fin; quelques bancs minces sont
sonores el possèdent presque la texture lithographique. Grâce
à une certaine quantité d'argile, mélangée avec le carbonate
de chaux, ils peuvent fournir, après cuisson, de bons cimenls
ou de la bonne chaux hydrauliiiue.
A Bouvesse, sur les bords du Rhône, en face de Serrièrcs.
et à Virien-le-Grand, ces calcaires alimentent de nombreux
fours.
La série commencc par une masse de 25 mèt. de marnes
grises ou jaunes, divisée par des assises de calcaires marneux
avant de 15 à 50 cent, d'épaisseur. Dans le haut, les couches
deviennent ferrugineuses.
La faune diiTcre complètement de celle de l'Oolithe caliovionne;
on ne voit passer d'un étage à l'autre que très-peu
d'espèces.
Les Ammonites atteignent d'assez grandes dimensions.
M. Sauvanau on a observé plus de 15 espèces el un grand
nombre de Gastéropodes, de Bivalves, de Crinoïdes; il regardait
les couches ferrugineuses de cette subdivision comme
les analogues du minerai de fer de la Voulte, après avoir
comparé et identifié les fossiles de ces deux formations.