Solcniiofpn. On doil done le considérci-coninic ayant un ciirac-
U'redegcnéralilcelTnarqiiantàlafûislalcndancedesCyciidées
curopconncs vers nn commenceincnl de déclin el cci-laines
|,ai-ticiiliintc.s de cliinal, lices sans doute à rexlcnsion des
leiTCS cl ù line diniinuUon correlative de l'Iuimidilé utinos-
[»liériquP.
Lii tableau ci-contre donne la répartition desesiièces dunivenn
de Gerin entre les diverses localités qui se rallachentà ce
niveau ainsi que leur liaison soit avec le Corallien de la Meuse,
soit avec les localités allemandes de Solenliofen el de Nnsplingen;
ces dernières ont été placées par Qiienstedt à l'extrémité
supérieure de son Jura blanc, dans la division ZHa de
ce terrain, c'est-à-dire sin- un horizon sensiblement rapproché
de celui des lils à poissons de Cerin.
Les élénienls fournis par chaque végétation locale, considérée
en particulier, concordent généralement avec ceux qui
résultent de l'ensemble, malgré l'apport très-inégal de chacune
d'elles cl la distance malérielle qui les sépare. Il est vi -
sible que toutes ont été non-seulemenl contemporaines, mais
qu'elles se rattachent à une région uniformément peuplée
des mêmes plantes dans toute son étendue, en sorte que les
diversités partielles paraissent réduites à leur minimum d'inlensité.
L'espèce la plus caractéristique, le Zamites P'eiieonis,
repavait sur presque lousles points, sauf à Creys, où il existe
peut-être, mais d'où je ne l'ai pas reçu. Le Pachyp hyllum
• uncinalum se montre également partout, sauf dan s les localités
d'Abergement et Seysselqui n'ont fourni qu'une seule espèce.
DEchinosivohmSlernbergn existe dans trois localités : Creys,
Cerin, Orbagnoux ; Slenojytms desmomera et le Sleno - pte -
ris co?n/;cf;ta dans deux localités à la fois. — A Creys seulement
les Fougères dominent par le nombre, i sur 7 ; A Morestel,
ce senties Cycadées, mais le nombre total des espèces connues
de ce dépôt est de 4 seulement. Ce nombre est de 12 à Cerin,
de 15 il Orbagnoux, de 18 à Armaiile. La proportion relative
des Conifères par rapport aux autres végétaux est de 40 sur
100 à Cerin, de 30 sur 100 à Orbagnoux (en retranchant 2
Algues) el de U sur 100 à Armaiile. Celle même proportion
est de 36 sur 100 pour l'ensemble de la flore, el ce dernier
chiffre doit correspondre, selon toute apparence, à une
moyenne exacte.
La pluralité des localilés qui ont fourni des plantes, leur
dislance réciproque el la persévérance avec laquelle les
recherches onl été poursuivies sur quelques points, comme
Armaiile et Cerin, sans accroître beaucoup le nombre des
formes nouvelles, aulorisent à croire que cette végétation est
maintenant assez bien connue dans son ensemble. 11 existe
une tendance évidente, à mesure que les explorations se complètent,
à ce que les espèces, observées d'abord dans une
des localilés, finissent par se retrouver dans les autres. 11
en a été ainsi du Sdcropleris compacta, observé d'abord à
Ci-cys cl dernièrement à Armaiile, du Slenopiens desmomera
trouvé à Morestel, ily a vingt ans, parM.Lor lel , elà Armaiile
i ly a quelques mois, par M. Faisan, ùwCycadoplmsBmumana
recueilli d'abord à Orbagnoux el découvert tout récemment
à Armaiile ; d'où celle conséquence que la flore kimméridgienne
variait peu dans ses éléments constitutifs, el
qu'en se transportant successivement d'un point à un autre,
sur un territoire d'ailleurs assez vasle, le long du rivage de la
mer, ou d'une série de lagunes saumàtres plus ou moins contignës,
on eût remarqué assez peu de changement. Ces condllions
sont celles de l'époque secondaire en général et plus
parliculièrement de la seconde moitié des temps oolilliiques.
lillcs tiennent à des causes qui ne sont pas suffisamment
expliquées, mais dont l'inlluence, en entraînant l'existence
d'une végétation appauvrie, a dû avoir son contre-coup nécessaire
sur la faune terrestre, en rendant plus difficile et plus
lent le développement des manmiifcres qui ne pouvaient
rencontrer une noiu-riture végétale abondante et variée à peu
près nulle part.
L'horizon géognostique de Cerin peut être déduit de l'observation
des plantes aussi bien que de celle des poissons el des
mollusques marins, el ces divers examens amènent à des
résultats tout à fait concordants. Le niveau deCerin possède
en commun avec le Corallien de la Meuse la plupart de ses
genres : les plus caractéristiques sont les genres /iiermpouf
les Algues, Scleropieris, et probablement aussi
pour les Fougères. Les Zamiles dominent des deux parts
parmi les Cycadées, et les Conifères comprennent également
des Brachyp hyllum, Pachyphyllum, Araucariles, Wid d 7'ing -
ionia. Cependant les Cupressinées proprementdiles, T h x iyiles
ou Paloe Qcypam, sont absentes de la Meuse, tandis qu'elles
caractérisent quelques-unes au moins des localités du niveau
de Cerin. Ces mêmes Cupressinées se montrent àSolenhofen
et Nusplingen; de plus, le type des Echinoslrobus paraît
représenté dans le Wurtemberg , comme aux environs de
Lyon, par la même espèce, tandis que d'autre part le Pachy -
phyllum rigidiimPom., se retrouve à Verdun elà Cerin: Les
Lomatoptoris et Cycadoptcris caractérisent à la fois les couches
de Nuspl ingen et de Solenhofen et les lils de Cerin,
d'Orbagnouxet d'Armaillc; enfin Verdun possède u n Zamites
très-voisin du Z. Fcnconis et le Z. Feneonis lui-même apparaît
dans les calcaires lithographiques de Chàleauroux (Indre),
rapportés par M. d'Archiac, au niveau du calcaire à Astarte,
c'est-à-dire au Corallien supérieur. Celte dernière localité a
fourni un avec fruits, qui pourrait bien être
identique avec le i?. ^rJ'acî'ic d'Armaillc, ainsi qu'un fragment
de fronde fruclifiée du Stachypleris spicans Pom., espèce
caractéristique du Corallien de la Meuse. Tous ces indices
combinés donnent une moyenne de probabilités qui reporte
le niveau de Cerin dans l'âge immédiatement postérieur à
celui du Corallien de la Meuse, âge qui ne saurait êlre éloigné
de celui des calcaires lithographiques de Solenhofen. Plus
voisin du niveau de laMeuse, celui de Cerin présentcraitplus
d'espèces communes, plus éloigné, il ne posséderait pas
autant de genres identiques des deux côtés.
Il faut de plus tenir compte de la lenteur avec laquelle,
surtout dans les temps jurassiques, la végétation s'est modifiée
et renouvelée. Chaque étage marin de l'époque est loin
de correspondre à autant de degrés successifs de l'évolution
végétale ; il faudrait plutôt réunir les étages deux par deux
pour exprimer la réalité des phénomènes phylologiques. La
longévité des types caractéristiques de végétaux a été trèsgrande
à l'époque jurassique : le Brachyphylltm qui se
montre dans l'Oolithe de Mamers(y?. Desnoyersiî) < i%\ , le même
qui remonte jusque dans l'Oxfordien à Etrochey, et il diffère
fort peu de celui de Cerin et d'Armaille. Le Lomaloptcris ciri -
n k a s'écarte à peine de celui de la localité bourguignonne,
dont la llorc, considérée dans son ensemble, présente déjà des
traits communs remarquables avec la végétation lyonnaise
du niveau de Cerin. Quatre genres : Lomaloplevis, Spheno z a -
mites, Brachyphyllum et Paloeocyparis, ont persisté dans la
même région du S. E. de la France, depuis le IJalhonien jus-
(|u'au K-imméridgien, sans éprouver de modifications bien sensibles.
Cet exemple prouve combien lavégélation, considérée
dans un périmètre déterminé, a déployé de ténacité, prolitanl
de ce que les êtres qu'elle renferme sont adhérents au sol
pour les défendre et les préserver. Le changement le plus
considérable que l'on remarque entre le Balhonien dehi Côled'Or
et le Kimméridgien de l'Ain consiste dans l'éliminulion
du genre Oto z amiles remplacé exclusivement par tics
ZaHiï/cs dans le second de ces deux étages. Celle substitution
se lie à la marche propre aux Cycadées européennes se^
condaires, c'est un fait que l'on doit constater, mais dont il
serait impossible de donner une explication plausible. Les
Olo z amiles dominent depuis le Rhéticn jusqu'à l'Oxfordien,
les Zamiles commencent avec le Bathonien et remplacent
les premiers à partir du Corallien. Les Olo z amiles sont encore
nombreux dans l'Oxfordien des Alpes véniliennes, où à côté
d'eux on rencontre le genre Cycadoptcris, qui est caractéristique
de celle région, comme les lowa/op/e?-« le sont de la
région française. Les Cycadoptcris semblent s'être répandus
dans l'est de la France postérieurement au moment où on les
observe dans les Alpes vénitiennes; mais outre (jue le niveau
géognostique de ccttc dernière formation n'est pas encore
suflisammcnl déterminé, rien n'empêche que le massif alpin,
conformément à l'opinion'de M. Hébert, ait conslituc une île
durantrOxrordien,tandis que, dans les temps postérieurs, cette
île a dù se souder au reste du conlinent européen etpermettre
aux Ci/carfopiem de se répandre à travers des terres désormais
aliénantes. Quoi qu'il en soit de cette dernière conjecture,
il est certain qu'en considérant la région à travers laquelle
se trouvent éparpillées les localités qui onl fourni
des plantes, depuis Morestel et Creys au midi, jusqu'à Orbagnoux
et Abergement, sur une étendue de 40 à 50 kilomètres
et une largeur moyenne de 10 à 12, on est bien obligé d'admettre
la présence d'une plage extrêmement sinueuse, variant
d'aspect et de configuration, tantôt escarpée avec des
eaux pures, comme à Morestel et à Cerin, tantôt marécageuse
et mélangée d'eau douce, comme à Creys, tantôt enfin convertie
en lagunes avec des apports limoneux et des sources
d'asphalte, comme le montrent les dépôts d'Armaille et d'Orbagnoux.
La présence dans celte dernière localité, oii abondent
en même temps des plantes terrestres venues de très-près, de
deux Algues de grande taille, y démontre le séjour des eaux
de lamer. La supposition la plus vraisemblable à mon sens
serait l'existence dans celte région d'un golfe ou bras de mer
étroit cl en partie desséché, remplacé sur beaucoup de points
par des lagunes, occupant les parties déprimées, et envahi
sur les points émergés par la végétation dont les débris sont
venus jusqu'à nous. La mer jurassique tendait du reste à ce
moment à se retirer dans toutes les directions. Pour la première
fois, les segments disjoints du continent européen
allaient se réunir en un seul ensemble, encore très-découpé,
il est vrai. On conçoit dès lors que, sur les espaces récemment
exondés, mais n'ayant encore qu'un faible relief, les
eaux douces fluviátiles aient rencontré des emplacements
tout prêts à les recevoir cl donné lieu à des nappes, à des estuaires
ou à de vastes lagunes. C'est ce que font voir en effet
les étages purbeckien el wéaldien, dans la période suivante.
Mais il faut ajouter que la végétation wéaldiennc, bien counue,
et étudiée sur plusieurs points, tout en répétant d'une
façon singulière certains traits caractéristiques des époques
antérieures, de manière à faire revivre, i)0ur ainsi dire, les
formes rhélicnnes et bathonienncs, n'ofl're que peu de rapport
avec la flore dont le niveau de Cerin présente un tableau trèscomplet.
Les Fougères reprennent une grande importance
dans le Wéaldien, probablement à cause du climat redevenu
humide ; les Conifères perdent leur prépoiulérance momentanée
; les Cycadées elles-mêmes se relèvent de leur infériorité.
Que ce soit le hasard seul des circonstances locales ou
l'empire de conditions nouvelles, le monde des plantes se
transforme ; une grande période, celle qui devait présider au
développement des Dicotylédones, se trouve inaugurée;
mais, à l'époque du niveau de Cerin, rien encore ne faisait
pressentir les approches d'une pareille révolution et l'avenir
gardait le secret absolu de ses destinées.