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R evers. Sur le haut du champ, trois couronnes de chêne enlacées et unies
par une banderole. Dans le milieu : LES LIBÉRAUX BELGES AU BARON
DE STASSART, ÉLU SÉNATEUR PAR LES ARRONDISSEMENS DE
BRUXELLES NAMUR ET NIVELLES LE 11 JUIN 1839; DESTITUÉ,
LE 17, DES FONCTIONS DE GOUVERNEUR DU BRABANT, PAR
LE MINISTÈRE DE THEUX, EN HAINE DE CETTE TRIPLE
ÉLECTION. Étoile à cinq branches.
Le district de Bruxelles avait élu quatre sénateurs en 1831.
D’après la loi électorale il ne devait, en 1 8 3 9 , en élire que trois, celui
de Nivelles devant en nommer deux.
Mr le baron de Stassart s’était laissé porter comme candidat dans les
trois districts de Bruxelles, de Namur et de Nivelles.
Dans une conversation que Mr de Stassart eut avec Mr le ministre de
l’intérieur et des affaires étrangères, et qui se trouve consignée dans le
rapport que Mr le ministre a adressé à Sa Majesté, le 16 juin, il lui disait :
« que toutefois il n’aimait pas de se mêler d’élections, et que notamment
» il lui serait impossible de recommander celle de Mr le comte d’Arschot ou
» de voter pour lui ; mais qu’il se tiendrait dans une parfaite neutralité à
» son égard ; qu’il regardait même comme un acte très-blâmable de contra-
» rier sa candidalure. »
A la fin de ce rapport on lit le passage suivant : « Dans cet état de
» choses, je me vois obligé, Sire, de présenter à Votre Majesté un arrêté
» qui donne à Mr de Stassart la démission de ses fonctions de gouver-
» neur. Cependant, ayant égard à son âge et à l’ancienneté de ses
» services, je crois qu’il y a lieu de l’admettre a faire valoir ses titres a la
» pension. »
Ce rapport a été suivi d’un arrêté royal, en date du 17 juin, portant
ce qui suit :
Sur le rapport de notre ministre de l’intérieur et des affaires étrangères;
ANNÉE 1839. 263
Nous avons arrêté et arrêtons :
Art. 1er. Démission est donnée au baron de Stassart de ses fonctions de
gouverneur de la province de Brabant.
Art. 2. Le baron de Stassart est admis à faire valoir ses titres à la pension.
Immédiatement après que son élection a été connue a Bruxelles, la société
de Philharmonie de cette ville lui a donné une sérénade; Mr de Stassart
était son président d’honneur. Des députations des deux autres villes,
Namur et Nivelles, sont également venues le complimenter.
Des lettres ont été publiées par Mr de Stassart pour justifier sa conduite
lors des élections.
La circulaire suivante a été adressée par lui, le 18 juin, a MM. les
commissaires d’arrondissement et aux administrations communales de la province
de Brabant.
« Messieurs, un arrêté royal du 17 de ce mois m’oblige à quitter le
» gouvernement provincial du Brabant ; je respecte cette décision, mais ce
» n’est pas sans un douloureux serrement de coeur que je me sépare d’une
» province où je n’ai cessé de recevoir les témoignages du plus vif intérêt.
» Ma consolation du moins est de n’avoir pas mérité cette disgrâce, car
» suivre une autre ligne de conduite m’était impossible ; c’eut été mécon-
» naître les lois de l’honneur.
« Je regarde comme un devoir de venir, messieurs, vous remercier de
» l’utile concours que vous m’avez prêté dans toutes les circonstances et
» des nombreuses marques de confiance que vous m’avez données.
« Je pars en fesant des voeux pour le Roi, pour la patrie et particulic-
» rement pour une province à laquelle j’ai consacré, pendant près de cinq
» années, mes soins avec tant de plaisir, et je crois pouvoir me permettre
» d’ajouter, avec tant de zèle. Ces voeux, je les renouvellerai souvent du fond de
» ma retraite; mon bonheur sera de défendre, à la tribune du sénat, toutes les
» fois qu’ils ne seront pas contraires à l’intérêt général, vos intérêts et ceux d’une
» autre province (Namur) qui doit m’être également chère à plus d’un titre.
« Agréez, messieurs, etc.