
Les porles ayant e'te' ouvertes, Ja salle s’est trouvée, en peu de temps,
entièrement remplie. Un peu avant midi, est arrivé M' De Theux, ministre
de l’intérieur, accompagné de ses collègues, Mr Ernst, ministre de Injustice ;
M' le baron Evain, ministre de la guerre; Mr le comte Félix de Mérode,
ministre d’Ëtat ; des membres du jury et de la commission directrice.
La cérémonie a commencé par une allocution de MrIe baron de Stassart,
président du jury, adressée à M' le ministre de l’intérieur. Mr De Theux
a ensuite pris la parole ; puis Mr Gachard, rapporteur général du jury, a
donné lecture du rapport dont cette commission a accompagné la liste des
récompenses envoyée au ministre.
M' Smits, directeur de l’industrie et du commerce, a proclamé les noms
des exposants auxquels des médailles et des mentions honorables étaient
accordées. Ceux qui avaient obtenu des médailles sont venus les recevoir, ainsi
qu’un diplôme où cette distinction est mentionnée, des mains de Mr le ministre
de l’intérieur.
Indépendamment des récompenses accordées pour l’exposition, il en a été
donné, aux termes de l’arrêté royal du 30 juillet 1 8 3 4 , à des industriels
et à des artistes que le jury a jugés avoir contribué aux progrès de l’industrie
par des procédés non susceptibles d’être exposés. Le public a paru remarquer
avec un vif intérêt que deux ouvriers tisserands de Gand avaient part aux
distinctions de cette dernière catégorie.
345 médailles ont été décernées : 31 en or, 37 en vermeil, 89 en
argent, 116 en bronze de 1™ classe, et 72 en bronze de 2™ classe.
La première de ces médailles est celle qui a été décernée.
N° CCXXXIII. Pi.. 3 0 . — M é d a i l l e .
Tête a droite. Sur le tour. N. G. A. J. ANSIAUX. En dessous :
J . JEH O T T E , F .
R e v e r s . NÉ A CINEY EN MDCCLXXX. DOCT. EN CHIRURGIE
PROF. A L’UNIVERSITÉ DE LIÈGE, MORT EN MDCCCXXXIV.
PAR SES COLLÈGUES ET SES AMIS. 1835.
La vie des hommes les plus utiles à l’humanité est souvent dépourvue
d’événements. Quand ils ne sont plus, il n’y a pas eu de drame; la curiosité
manque d’aliment; l’amitié seule ou la reconnaissance s’occupe de l’homme;
la nécrologie dévient un tableau de sentiment.
Ainsi en est-il d’Ansiaux. Une gloirieuse célébrité est venue d’elle même
se placer à côté dun immense talent; il n’y a pas eu de combat, aucune
lutte, je ne sais même si l’envie a osé être jalouse, et peut-être a-t-il eu le
singulier bonheur de n’avoir pas d’envieux.
Nicolas Gabriel Antoine Joseph Ansiaux est né à Ciney, le 6 juin 1 7 8 0 ,
de parents honorables : son père, habile médecin, se fixa de bonne heure à
Liège. L’occupation du pays par les armées françaises interrompit, en 1 7 9 4 ,
ses premières études. Ses parents crurent devoir chercher en Allemagne un
asile contre une révolution qui les alarmait ; mais leur résolution fléchit après
quelques temps devant les souvenirs de la patrie, et comme, suivant l’ingénieuse
générosité de quelques administrateurs patriotes, il n’y avait eu dans
notre pays que des absents et non des émigrés, Ansiaux et ses parents purent
rentrer sans trop de difficulté au foyer domestique.
Ansiaux résolut de se livrer à l’exercice de la médecine, et surtout de la
médecine préparatoire. Ceux à qui cette époque n’est connue que par tradition
, ne peuvent se représenter la difficulté alors attachée aux études ; elle
était presqu’insurmontable.
Les idées républicaines, le choc des partis, les cris de liberté, l’enthousiasme
des victoires, les sentiments des défaites, les regrets méprisés des
vieux, les espérances, les prétentions, les nobles volontés des jeunes, tout
était action, tout bouillonnait; la méditation semblait impossible, et à cette
disposition des esprits, à cette espèce d’enivrement militaire se joignait la