
» de toute espèce d’hostilités contre la ville. J’en fais occuper une partie,
» dans le seul but de prévenir ce qui pourrait l’exposer aux feux de votre
» artillerie ; un bombardement serait un acte de barbarie inutile et une
» calamité' pour le commerce de toutes les nations.
« Si, malgré ces considérations, vous tirez sur la ville, la France et
» l’Angleterre exigeront des indemnités équivalentes aux dommages causés
» par le feu de la citadelle et des forts, ainsi que par celui des bâtiments
» de guerre. Il vous est impossible de ne pas prévoir vous-même que,
» dans ce cas, vous seriez personnellement responsable de la violation d’une
» coutume respectée par tous les peuples civilisés et des malheurs qui en
» seraient la suite.
« J’attends votre réponse, et je compte qu’il vous conviendra d’entrer
»» sur le champ en négociation avec moi pour me remettre la citadelle
» d’Anvers et les forts qui en dépendent.
« Recevez, je vous prie, M. le général, l’assurance de ma considération.
« Le maréchal commandant en chef l’armée du Nord.
« (Signé) Comte Gérard.
La réponse faite par le général Chassé à cette sommation était ainsi
conçue :
« Citadelle d’Anvers, le 50 novembre.
« M. Le Maréchal,
« En réponse à votre sommation, que je viens de recevoir à l’instant,
» je vous préviens, M. le maréchal, que je ne rendrai la citadelle d’Anvers
» qu’après avoir épuisé tous les moyens de défense qui sont à ma disposition.
« Je considérerai la ville d’Anvers comme neutre, aussi longtems qu’on
» ne se servira pas des fortifications de la ville et des ouvrages extérieurs
» qui en dépendent, dont le feu pourrait être dirigé contre la citadelle et
» la Tête-de-FIandre, y compris les forts de Burcht, Zwyndrecht et
» Auslruwcel, ainsi que la flotille stationnée sur l’Escaut devant Anvers.
» II s’entend de soi-même que la libre communication par l’Escaut avec
» la Hollande, comme cela a eu lieu jusqu’à présent, ne doit pas être
» interrompue.
» J’apprends avec surprise que pendant que votre excellence entame des
» négociations, on commence des hostilités par des ouvrages d’attaque, au
» sud, sous le feu de notre canon.
« J’ai l’honneur de vous prévenir que si à midi on n’a pas cessé de
» travailler à ces ouvrages, je me trouverai dans la nécessité de les em-
» pêcher par la force.
« Agréez etc.
« (Signé) Baron Chassé. »
Quelques sorties ont eu lieu et des pièces de canon ont fait feu de la
citadelle sur les travailleurs Français et Belges.
Le 5 0 , à huit heures du soir, la tranchée était ouverte sous la
citadelle.
Le 4 décembre, à dix heures, le maréchal Gérard a envoyé un parlementaire
à la citadelle, porteur d’une nouvelle sommation au général
Chassé, le prévenant que si, à onze heures, il n’avait pas rendu la place,
les batteries françaises commenceraient à jouer. Le parlementaire ayant
rapporté un refus formel, à onze heures vingt minutes les batteries ont été
démasquées. La 5mo du fort Montebello a donné le signal, qui a aussitôt
été répété par toutes les pièces de la ligne ; les coups se sont succédés sans
interruption.
Les batteries étaient composées de cent cinq pièces. De son côté, la
citadelle a fait un feu terrible, employant ses mortiers. Le feu a duré
jusqu’à la nuit. Les jours suivants il a continué, tantôt activement, tantôt
faiblement.
Le 9 , S. M18. le Roi des Belges a parcouru la tranchée, visité les
parallèles, les batteries et jusqu’aux chemins les plus avancés.