N° H. P l . l re. — Médaille.
Plus tard, on fit une variété' de la mc'daille précédente, diife'rant seulement
par les inscriptions; celle-ci represente, d’un côte, deux mains jointes, en
signe de l’union des catholiques et des libéraux, avec la devise : FIDÈLE
JUSOU’A L’INFAMIE.
R evers. L. F. ART. 151. e t L. F. ART. 161.
Ces deux me'dailles sont gravées.
Au mois de juin 1 8 2 9 , le Roi des Pays-Ras visita Liège. Il y fut reçu
avec les plus grands égards par ceux-là même qui s’e'taient montres contraires
à certaines actes de son gouvernement. On voulait le convaincre que, dans
cette opposition qui l’avait tant irrite, il n’y avait rien d’hostile à sa personne.
Il se méprit sur ces démonstrations. Il dit aux membres de la
re'gence : « Je suis pénétré du bon accueil que je reçois dans ces provinces.
» Ceci prouve l’union intime qui existe entre la Nation et son Roi........
» Je vois maintenant ce que je dois croire de ces prétendus griefs dont
» on fait tant de bruit ! On doit tout cela aux vues de quelques hommes
» qui ont leurs intérêts à part. C'est une conduite infâme ! »
Ces paroles, relevées dans les journaux, furent commentées et envenimées.
On imagina dans les Flandres un ordre de l’infamie, par allusion
aux Gueux du temps de Philippe II.
L’influence exercée par le souvenir de cette ligue sur l’exécution de la
médaille, m’engage à rapporter l’origine de cette dénomination de Gueux,
devenue historique en Belgique.
« On n’est pas bien d’accord sur l’origine du nom de Gueux, malgré
» l’anecdote qui l’attribue à un propos du comte de Berlaimont. La voici :
» La duchesse de Parme, à l’apparition de 500 gentilshommes belges
» qui venaient lui demander le maintien des lois et privilèges nationaux,
» l’abolition de l’inquisition et le départ des troupes étrangères, s’effraya
» de leur nombre. Le comte de Berlaimont, qui était près d’elle et qui
» ne leur trouvait pas les manières des courtisans, dit à la Princesse :
» Quelle peur avez-vous de ces gens là, Madame? Ce ne sont que des
» Gueux. Remettez votre réponse à demain.
« On ne sait au juste si les confédérés se le donnèrent, ou si on le
» leur donna, ni à quelle occasion. Quoi qu’il en soit, ils le prirent
» ou l’acceptèrent par bravade , et ce fut un signe de ralliement. En
» conséquence de leur titre, ils se parèrent de sacs de toile, et de
» médailles offrant, d’un côté, l’efQgie du Roi, avec cette légende :
» EN TOUT FIDÈLE AU ROI; e t , au revers, deux mains jointes
» avec ces mots : JUSQUES A LA BESACE.
« Dans un repas donné à l’hôtel de Culenbourg, à Bruxelles, on
» but à la santé du Roi et des Gueux. Il est remarquable que, tout en
» accusant les ministres et les conseillers du Roi, on ne cessait de parler
» de sa personne avec une apparente vénération ; qu’on en appelait à
» sa sagesse et à sa justice pour le redressement des griefs, alors
» même qu’on était déjà hors des voies constitutionnelles. C’est toujours
» ainsi que commencent les révolutions (*). »
La médaille n° 2 fut l’un des chefs d’accusation dirigés contre M.
Ad. Bartels, dans le procès de conspiration intenté à MM. de Potter,
Tielemans, de Neve, etc., et jugé par la cour d’assises du Brabant,
au mois d’avril 1850.
Ces médailles se portaient ordinairement en sautoir, attachées par un
ruban vert, en signe d’espérance, ou bien elles étaient pendues à une chaîne
de montre.
(*) Voir Van Loon.— Histoire du royaume des Pays-Bas depuis 1814 jusqu'en