de guirlandes qui dissimulaient la rude charpente de ces chars ; ainsi que
les uniformes de différentes espèces de fonctionnaires de tout rang, qui se
pressaient pêle-mêle, avec la foule en habit de ville, dans l’enceinte où
fumaient impatientes les machines prêtes à partir, les coups de canon,
signaux du départ, et cette haie mouvante de curieux longeant le chemin
jusqu’à une grande distance de la ville.
Les convois se sont mis en marche, d’abord avec cette prudente lenteur
du coursier qui se met en haleine pour fournir une longue carrière, puis
avec ce mouvement graduellement accéléré, qui annonce la force ayant
conscience d’elle-même et sentant le but longtemps avant d’y toucher.
A Malines, station où le convoi venant d’Anvers a rejoint le convoi de
Bruxelles, un grand pavillon a réuni les autorités de deux grandes villes,
fraternisant sur le territoire de celle qui s’abordera la première dans celte
condensation d’intérêts, résultat prochain dune étonnante condensation
d’espace. Puis tous les convois prenant en commun la direction d’Anvers,
la marche solennelle a recommencé. Un petit navire élégamment pavoisé
marchait en tête. Il était venu à la rencontre de ceux de Bruxelles, comme
pour leur dire que les riches cargaisons de l’Escaut étaient désormais à leurs
portes. Le vénérable bourgmestre Rouppe, resté seul sous le grand pavillon,
où il venait de serrer la main au bourgmestre Legrelle, semblait dire aussi
qu’il restait à Malines, comme sur le seuil de sa demeure, où il allait
rentrer dun seul pas, son âge lui demandant de ne point faire de visite
plus éloignée.
Au pont de Duffel, deux cannonières de l’Etat, remontées de l’Escaut
dans les Nèthes, avaient arboré tous les pavillons des nations amies. Elles
saluèrent d’une salve d’artillerie l’espèce de flotte terrestre qui passait rapidement
au milieu d’elles.
L’arrivée à Anvers fut annoncée par de bruyantes fanfares et les cris de
joie d’une multitude animée.
Le Roi et la Reine reçurent, sous une tente, les autorités venues de
Bruxelles, qui se joignirent aux représentants de la municipalité d’Anvers.
Un discours fut prononcé, et lorsque le Roi y eut répondu, un grand nombre
de voilures conduisirent LL. MM., toute leur suite et les autorités
jusqu’au palais de la place de Meir, où ils arrivèrent, à travers des rues
plantées d’arbres, décorées de drapeaux, et au milieu de toute la garnison
rangée en haie sur le passage.
Le premier retour des waggons pour Bruxelles a eu lieu à six heures. La
route ne s’était pas faite très-rapidement le matin de Malines à Anvers.
On eût dit que les remorqueurs voulaient s’assurer du terrein qu’ils ne connaissaient
pas encore. Mais au retour le trajet se fit avec une grande rapidité.
La pluie avait cessé à l’instant du départ, le ciel s’était éclairci un
moment, et la locomotive le Stephenson, portant au vent une longue
colonne de fumée, comme un panache majestueux, semblait triompher de
l’heureuse réussite du premier de ces voyages, qui ne laisse plus maintenant
qu’une heure de distance entre les deux plus importantes villes de la Belgique.
N° CCXXXVIII. P l . 31. — Médaille.
AUG. JOS. RYCKEWAERT POPER. CAN, T1T. ECCL. CATH.
GAND. SEMIN. PRÆSES. Buste de Mr Ryckewaert. Derrière, un serpent
qui se mire dans un miroir. Au-dessous du buste : f . de hondt.
R evers. Dans une couronne de lierre : ERUDITIONE, ACERRIMAQUE.
FIDEI. DEFENSIONE. CONSPICUUS. OBIIT. AN. MDCCCXXXYI.
ÆT. LXYI.
M‘ le chanoine Ryckewaert, président du séminaire de Gand, professeur
de théologie et de droit canon, est mort le 16 mai, à la suite d’une maladie
qui depuis longtemps ne lui permettait plus de donner ses leçons.
Par la fermeté de son caractère, par son vaste savoir et par son inébranlable
attachement à la foi catholique, il était l’un des hommes qui, dans des