
privation presqu’absoluc, dans nos départements au moins, d’instruction
publique, d’enseignement.
Il comprit alors la puissance d’une volonté ferme ; il lui plut de surmonter
tous ces obstacles ; il chercha des lumières dans l’enseignement privé,
dans la pratique des hôpitaux, et parvint à se rendre capable de recueillir à
Paris les leçons des grands maîtres, Dès l’an 1800, il publia deux dissertations
qui enlevèrent les suffrages des professeurs et des praticiens les plus
distingués de Paris.
En 1 8 0 5 , il fût reçu docteur de la faculté de médecine de Paris, et ses
professeurs n’hésitèrent pas à lui prédire les succès qui l’attendaient. Cet augure
n’a pas été démenti. Pendant trente ans sa supériorité est restée incontestable.
Sa réputation n’était pas renfermée dans nos étroites localités; à Paris,
il était le célèbre Ansiaux. Un des premiers professeurs et praticiens de
France disait avec cet abandon qui sied si bien à la force : où Ansiaux
sera, nous ne serons 'point demandés, on'peut s’y passer de nous.
Il fut nommé chirurgien en chef du grand hôpital civil de Liège, où il eût
de fréquentes occasions d’appliquer son étonnante habilité aux opérations les
plus difficiles.
Nommé professeur à la faculté de médecine de Liège en 1 8 1 7 , il devint
bientôt l’idole de ses élèves. Dans les différents cours dont il fut chargé, il
unit constamment la profondeur de la science à la clarté des démonstrations;
son élocution était facile et pure.
Il a paru dans un temps où la chirurgie avait dans notre pays besoin d’une
révolution, il l’a faite en comprenant son époque. Il a su concevoir la
philosophie de la science et celle de la pratique; aux études sévères, il avait
joint, pour en tempérer l’influence, le gout de la littérature et des beaux
arts. Delà cette aménité, cette facile bonhomie dans le commerce ordinaire.
Delà cette douceur auprès éa malade, ce voile adroitement jeté sur des préparatifs
dont l’aspect aurait été terrible et repoussant, cette surprise faite à
la douleur, rendue messagère heureusement tardive d’une opération achevée.
Dans le monde, il n’était plus le savant, ni le Docteur ; il était l’homme
aimable, il plaisait sans y prétendre pareequ’il était lui ; pareeque, disaient
quelques uns, il avait un talisman. Un de ses amis l’a nommé Grand
Artiste ; il a eu raison, Ansiaux était grand musicien; il possédait une voix
admirable ; c’était en son pouvoir un charme de plus.... et avec tous ses
moyens de plaire, il se repliait volontiers dans l’intimité ; là son coeur
s’épanchait et sa douce philosophie devenait plus communicative encore. Il
avait reçu de la nature une forte constitution ; des douleurs rhumatismales
aiguës l’avaient cependant atteintes depuis plusieurs années, lorsque dans
l’hiver de 1 8 5 5 , une maladie violente le mit aux portes du tombeau. Il
guérit, mais la plaie avait été profonde ; seo amis s’apperçurent avec douleur
que son organisation morale avait perdu ds son énergie, des larmes involontaires
s’échappaient de ses yeux ; la mélancolie l’oppressait ; l’amitié avait
à combattre, à éloigner de lui de vagues et sinistres presentiments, et
l’amitié elle même hésitait quelque fois dans ses propres espérances, quand
enfin surgit une affreuse certitude et trop tôt survint l’événement déplorable.
Il s’est éteint sans agonie dans la nuit du 25 au 26 décembre.
Voici la notice des travaux qu’il a livrés à l’impression :
180 0 . Mémoire sur la rupture du Plantaire grêle; il y démontre que
cet accident, considéré comme assez fréquent, n’est que la rupture de quelques
fibres des muscules jumaux ou soléaire. Cette opinion fût adoptée par
les hommes les plus distingués.
1805. Dissertation inaugurale sur l’opération césarienne et la symphise
du pubis ; cette thèse pleine de faits importants et d’expériences citées par
tous les auteurs qui ont écrit sur les accouchements, a eu deux éditions.
En 1 8 0 0 , 1806 et 1 8 1 5 , il adopta différents modes de traitement pour
les maladies secrètes et la fistule lacrymale, et convaincu par ses expériences,
la plupart des praticiens imitèrent son exemple avec succès.
En 1816 il publia la première édition de la clinique chirurgicale, réimprimée
en 182 9 . Cet ouvrage traduit en allemand, renferme des observations
les plus importantes; il est écrit avec simplicité et bonne foi; il est
l’oeuvre d’un homme de talent, qui veut être utile à la science et non aux