
Dans le champ : A LA MÉMOIRE DE FR. ANT, MAR. CONST. DES
COMTES DE MÉAN, DERNIER PRINCE ÉVÊQUE DE LIEGE,
ARCHÉVÊOUE DE MALINES PRIMAT DE BELGIQUE. DÉCÉDÉ
LE 31 JANV. 1831.
Ainsi que l’indique la médaille, le 19 août, a eu lieu, à la cathédrale
de Malines, l’inauguration du monument eleve' à la mémoire de Mr. l’archevêque
de Méan, par son neveu Mr le comte Eugène, qui a manifeste'à Mr le
sculpteur Je'holte son entière satisfaction pour la manière dont ce grand ouvrage
avait e'té conçu et exe'cute'.
Je ne crois pas hors de propos de donner ici une notice sur le dernier
évêque de Lic'ge (1). « Mr le comte François Antoine de Me'an est'ne' à
» Liège, en 1 7 5 7 , d’une famille des plus distinguées de cette ville. Il fit
» ses e'tudcs à Douay et à Utrecht et les acheva à l’université de Mayence,
» Neveu du prince évêque Hoensbroeck, il en fut le coadjuteur et lui suc-
» céda dans la principauté. A peine élu prince évêque de Lie'ge, en 1 7 9 2 ,
» sans concurrence et à l’unanimité des suffrages du chapitre cathédral, il
» dût émigrer par suite de l’invasion des armées françaises dans le pays.
» Il y revint un moment, lors des succès obtenus par les Autrichiens ; mais
» les victoires de la république française en Belgique l’obligèrent bientôt à
» s’exiler de nouveau.
» Durant huit années il resta en Allemagne, dans l’incertitude du sort
» réservé à sa principauté, vivant en simple particulier, avec la plus stricte
» économie, afin de pouvoir secourir ceux qui avaient partagé sa mauvaise
» fortune.
» Le pays de Liège ayant été cédé à la France par le traité de Lunéville,
» le prince de Méan, en vertu des arrangemens pris entre l’empire et la
(1) Biographie Liégeoise, tome II, page 715 et suivantes.
» république française, dut se contenter d’une pension viagère très infe-
» rieure aux revenus dont il jouissait précédemment, et qui fut mise à la
» charge de plusieurs princes de l’empire germanique, lesquels avaient
» obtenu des accroissements de territoire sur la rive droite du Rhin. Il fit
» de vains efforts pour obtenir, en faveur de ses fidèles serviteurs, qui avaient
» suivi sa destinée et perdu tous leurs moyens d’existence par les événements,
»> des indemnités équivalentes à leurs pertes ; le résultat de ses réclamations
» et de ses démarches, après bien des années de persévérance, fut l’allo-
» cation d’une somme assez modique, une fois payée.
« A l’époque du concordat de 1 8 0 1 , le prince de Méan donna sa
» démission : son diocèse reçut une circonscription nouvelle, et Mr Jean
» Évangéliste Zaepfel, en fut nommé évêque en 1802.
« En 1 8 1 6 , le roi des Pays-Bas lui ayant offert le siège archiépiscopal
» de Malines, il crut devoir l’accepter, pour concourir au bien-être de
» la religion. Mr de Méan sacrifia à ce devoir l’indépendance que les
» traités de paix lui avaient conservée, ainsi que le repos dont il com-
» mençait à jouir, après tant d’années passées dans les fatigues et les
» peines.
« Son acceptation de cette dignité fut bientôt pour lui le sujet de nou-
» veaux chagrins. Après avoir soutenu de tout son pouvoir l’établissement
» du trône du nouveau roi des Pays-Bas, résistant par la fermeté de son
» caractère et la justesse de son esprit, aux intrigants, qui, sous 1 appa-
» rence d’un zèle religieux, ne cherchaient qu’à troubler inconsidérément
» un nouvel ordre de choses qu’il était impossible alors de changer, il devint
» bientôt après l’objet de persécutions, à cause de l’inflexible fermeté qu’il
» opposa aux entreprises hostiles du nouveau gouvernement des Pays-Bas à
» l’égard de la religion catholique.
« Durant plusieurs années, il eut à supporter les injures, les vexations
» de tous genres qu’on lui prodigua : il y fût insensible et n’y opposa
» qu’un juste dédain. Les attaques contre la religion excitant seules son
» attention, il les repoussa constamment avec autant de vigilance que