<er,ùci codes, rapinit, difcardia civilis grat.i fuerc, ibU
que juventuiem fuarn exercuit. Ce fut lui qui fe chargea
d’arracher les yeux , de couper les mains 8c la langue,
de brifer les os de$. cuiffes , de trancher enfin la
tête au frère de Marius.
Sylla fe laiffa enlever une illuftre viéfime qu’il
vouloir étouffer pour ainfi dire au berceau , c’eft
Céfar : je vois, difoit-il, dans ce j eune homme plus
d'un Marius.
Cicéron dit dans Rome fauvéei
J’y vois plus d’un Sylla, mais j’y vois un grand homme.
C'eft le même mot , excepté qu’à Marius on
fubftitue Sylla, qui a lui-même dit le mot. Ob-
fervons au refte que Sylla pouvoit voir dans Céfar
naiiTant le germe d’un grand homme, mais qu’il ne
devoit pas y voir un Marius, à moins que ce ne
fût pour les talens & pour le goût des faâions, qu’il
avoit lui-même au plus haut degré. Qu’y avoit - il
d’ailleurs de commun entre le brillant , l’aimable,
le clément , le généreux, le magnifique, même le
vicieux Céfar, & le fombre, le farouche , l’auftère,
le barbare Marius ? Ce n’eft pas que Céfar n’ait eu
le malheur de faire répandre autant de fang pour
le moins que Marius, mais il n’en verfa que dans
les batailles ; point de profcriptions, point de vengeances
cruelles ni exercées de -fang froid. Cicéron ,
dans Rome fauvée , a d’autant plus de raifon de
lùbftituer au nom de Marius celui de Sylla , qu’ il
avoit toujours craint & haï Sylla, au lieu que dans
les ouvrages il parle prefque toujours de Marius avec
admiration & refpeô ; d’ailleurs la générofité brillante
de Céfar , a bien plus de conformité avec la grandeur
fublime de Sylla qu’avec la férocité de Marius, mais
il n’eut la cruauté ni de l’un ni de l’autre.
Quand Sylla fe fut afïouvi de carnage, il voulut
jégner , il fe fit élire diélateur, mais didateur perpétuel
, ce qui étoit fans exemple ; il changea les loix
comme le gouvernement, & bientôt las de régner
comme il 1 avoit été de fe venger, il abdiqua la
didaturè qu’il avoit briguée. Par un excès d’iinpru-
dence qui a fait dire avec autant de iaifon que
d’énergie à Créb.llon dans Catilina :
& rendojt la liberté à fa patrie, qu’il pouvoit ccn^
tinuer d’opprimer.
Long-temps dans notre fàng Sylla s’etoit noyé,
Il rendit Rome libre , & tout fut oublié.
Cet affaflin illuftre entouré de viélimes
En defcendattt du trône effaça tous fes crimes.
Il n’y eut qu’un jeune homme qui le prit au mot
fur fon offre de rendre compte , & qui le pourfuivit
de la tribune aux harangues jufques dans fa maifon,
l’accablant de reproches & d’injures. Sylla ne démentant
point la modération dont il paroilfoit donner
alors une fi éclatante preuve , fè contenta de dire ;
voilà un jeune homme qui empêchera un autre d/ab~
diquer la diêlature. Ce mot fut une prédidion.
Pouzzols , lieu de fa retraite, devint pour, lui ce
qqe l’Ifle de Çaprées fut depuis pour Tibère ; il s’y
livra aux plus infâmes débauches : il fèmbloit que
ce fut là reffource contre les. remords qui dévoient
le dévorer.
Cet homme heureux & qui en avoit pris le titre
trop démenti fans doute par les paffions qui l'agi-
toient, mourut d’une maladie pédiculaire , Tan de
Rome 676 ; fon corps , de fon vivant même, n’étoit
déjà que corruption ; il avança encore la fin de fes
jours par un accès de colère qui lui fit crever un
abcès dans les entrailles. 11 avoit, dit-on, compofé
lui-même fôn épitaphe , qui portoit en fubftance que
perfonne n’avoit fait tant de bien à fes amis ni tant
de mal à fes ennemis. Veileïus Paterculus a eu raifon
de dire que Sylla auroit été heureux , s’il avoit ceffé
de vivre le jour ou il ceffa de combattre & de
vaincre, ôt où fa gloire n’avoit pas encore été fouillée
par la vengeance. Il avoit paffé pour aimer beaucoup
Métella, fa femme ; cependant Plutarque rap-
- porte un trait qui s’accorde mal avec cette idée &
qui fuffiroit pour le faire haïr. Pendant une fête qu’il
donnoit au peuple Romain , fa femme tomba dan-
gereufement malade, il prit le moment où elle étoit
à l’extrémité pour la répudier & l’envoyer mourir
dans une autre maifon , afin qu’ayant ctfle d’être
là femme & lui étant devenue étrangère, fa mort
n’interrompît point lar fête & ne répandît point le
deuil dans fa maifon.
Abdique infolemment le pouvoir fouverain ,
Ce grand criminel, les mains encore teintes du
fang de fes concitoyens , verfé au gré de fon avarice
& de fa haine, cet homme qui venoit de boule-
verfer toutes les loix , cffrit de faire hommage aux
loix & de rendre compte de fes aâions,-comme le
citoyen le plus innocent & le plus pur. Il efl vrai
que, comme il ne dépcfoit point avec la diéïature la
puifTance du vainqueur & la terreur qu’il étoit en
pofTeffion d’infpirer , perfonne n’ofa lui demander le
compte qu’il ofoit offrir : on admira cette abdication
inattendue ; on ne voulut voir que la grandeur
avec laquelle il fe dépouille« de la dignité fuprême I
Sylla étoit fuperftitieux ; il croyoit aux devins ;
aux aflrologues, aux fonges prophétiques. Il avoit
[ compofé des mémoires dans lefquels il écrivit deux
jours avant fa mort, qu’il avoit été averti en fonge
que le moment de fa réunion avec Métella , fà
femme, étoit arrivé. Le corps de Sylla fut brû’é
par le fouvenir & par la crainte du traitement qu’il
avoit fait lui-même à Marius, dont le corps déterré
avoit été jetté à la voirie par fes ordres.
Sylla , qui fe croyoit heureux , donna le nom
d’heureux à deux enfans jumeaux, mâle ôt femelle,
dont accoucha Métella , fà femme , il appel la l’un
Fauftus, l’autre Faufta ; heureux y heureuse. Fa.ifta
fut galante & Fauftus plaifant. Outre Villius'lk Lon-
garenus, amans qu’Horace donne a Faufta dans ces ,
vers de la fécondé fatyre :
Villius in Faufta , Syllce gener, hoc mifer uno
Nomme deçeptus, pcenas dédit, ufque fuperque
Quàm fatis efl , pugnis cotfus ferroque petitus ;
Exclufüs fore , cîuti Longarenus foret intus.
Elle en avoit pour le moins deux autres, Pompeïus
Macula, & Fulvius Fullo. Sur quoi Fauftus difoit :
miror fororem meam habere Maculam citm Fulloném
habe.it, jouant fur l’équivoque des mots Macula &
Fullo , dont l’uti lignifie tache &L l’autre Foulon ou
blanchijfeur. u Je fuis furpris que ma foeur ait Macula,
une tache, ayant Fullo le bîanchiffeur -, à tous ces
amans il faut joindre encore le célébré hiftorien
Sallufte : Faufta étoit femme de ce Milon, ennemi
de Clodius, & qui fut défendu par Cicéron avec
tant d’éloquence, mais fi peu de fuccès. Milon furprit
Sallufte ayec fa femme, & le fit rudement fouetter.
Iile flagellis
Ad mortem coefus.
Ce châtiment n’alla pas cependant jufqu’à la mort,
mais Milon lui fit racheter fa vie par une fomme
d’argent confidérable :
Dédit /tic pro corpore nummos.
Ce n’eft pourtant pas de Sallufte qu’Horace parle
dans ces vers ; au contraire dans cette fatire, Sallufte
qui n’aime que les affranchies ôt les femmes du
peuple , eft oppofé à ceux qui recherchent les femmes
de qualité ôt s’expofent pour elles à beaucoup de
dangers.
Tiitior at quanto merx efl in claffe fecundâ !
Libertinarum dico, Salluflius in quas
Non minus infanit quàm qui moechatur.
Àu refte, ce Sallufte dont parle Horace, n’eft
pas Sallufte l’hiftorien , qui, d’après fon aventure
avec Faufta , paroît avoir eu un goût tout contraire ,
c’étoit le petit-fils de fa foeur. ( Voye{ l’article
Salluste.)
Quant à Fauftus , il étoit très-fier, dès fon enfance,
de la diéfature de fon père , & il en tiroit vanité
parmi fes compagnons d’étude. Le jeune Caffius , qui
étoit de ce nombre , ôt qui, félon Plutarque , fe
diftingua dès lors par des inclinations républicaines ,
prit querelle avec lui fur cette diéfature, ôt s’emporta
jufqu’à lui donner des foüfflets. L’affaire ne
fut point regardée comme un jeu d’enfant, les parens
& lés amis de Sylla, car Sylla nevivoit plus, demandèrent
vengeance de cette injure; Pompée, fe
rendit l’arbitre de la querelle, il manda les deux en-
fans ; quand ceux-ci furent en fa préiènee , Caïîius
ne fit point à Fauftus d’autre îéparatlon que de lui
dire en le regardant de travers : « recommence, fi
» tu l’ofes, à tenir en préfence de Pompée , les
» mêmes difeours que tu m’as tenus , & moi en fa
» préfence même je recommencerai à te traiter de
w la roêrîie manière.
Sorti de l’enfance & âgé d’environ vingt ans *
Fauftus donna des combats de gladiateurs & des fêtes
folemnelles pour honorer la mémoire du dictateur,
fon père ; ce fut l’an de Rome Sgi.
Dans la fuite il fe trouva engagé dans la même
caufe que Caflius , c’eft-à-dire, dans la caufe de
Pompée & du Sénat contre Céfar : après la bataille
de Pharfale, Caton le recueillit à Patras & le mena
en Egypte avec lui. A la bataille de Thapfus , il
tomba entre les mains de Céfar qui le haïfloit doublement
& comme gendre de Pompée, ( il avoit
époufé Pompéïa, fa fille , } & comme fils de Sylla
qu’il avoit toujours haï & dont il avoit eu tout
à craindre ; Céfar oublia fa clémence à l’égard de
Fauftus, il le fit mettre à mort l’an de Rome 706.
L’hiftoire romaine nous offre un Publius Cornélius
Sylla, proche parent du diéfateur. Conful défigné
pour l’année 687 de Rome, il fut àccufé de brigue
& condamné ; on foupçonna depuis que le dépit
l’avoit fait entrer dans, la conjuration dé Catilina :
ayant éneore été accufé fur ce point, il fut défendu
par le célébré Hortenfîus & renvoyé âbfoûs. U prit
le parti de Céfar, 5c à la bataille de Pharfale il
commandoit fous lui la droite de l’atmée ; il a laifle
la réputation d’un mauvais citoyen & d’un homme
avide, qui d’abord fous Sylla, fon parent, 8c depuis
fous Céfar , s’étoit enrichi dés dépouilles des proferits
Ôt des vairfeus.
SYLVIUS, ( Jacques ) ( Hifl. Vitt. mod. ) médecin
célébré & proreffeùr en médecine ; mort en 1555.
Ses ouvrages ont été recueillis in-folio fous ce titre ;
opéra meaica ; on y diftingue la Pharmacopée, qui
a é.é traduite en François par' Caille. Ce Sylvius
étoit d’une avarice fordide ; elle le rendoit ridicule
aux jeunes étudians , qui lui appliquèrent par ferme
d’épitaphe ce diftique de Buchanan :
Sylvius hîc fltus eft , gratis qui ml dédit unquam;
Mortuus & , gratis quôd Ugis ifta , dçlet.
C ’eft lui qui pafloit l’hyver fans feu , & n’ayant que
deux reffources contre le froid ; l’une de jouer au
balon, l’autre de porter fur fon efcalier une groffe
bâche qii’il faifoit retomber quand il étoit monté au
grenier & qu’il retournoit chercher ; 5c , comme on
veut toujours juftifier fes ufages les plus bizarres, il
fondoit celui-ci fur l’intérêt de fa fanté , & difoit
que la chaleur qu’il acquèroit par cet exercice étoit
beaucoup plus faine que celle que le feu procuroit;
Il avoit un frère, ( François Sylvius ) profelTeur
d’cloquence à Paris, mort vers 1530 , qui avoit
laiffé des, Progymnafmata in artem oratorïam, dont
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