
4 4 2 V A L
folu de prendre votre père pour première viâîmc t
afin d égorger librement vos frètes.
" Puis s adreflant à Titus-Quintius, & vous fage
vieillard, quelle que foit la fatalité qui vous place
a la tète d un corps qu’une malheureufe erreur
arme contre la patrie , fî cette fat alité cruelle condamne
auj.QUrd hui les romains à verfer le fang
des romains, allez-vous cacher aux derniers rangs ;
vous ê es le fl dernier ennemi que Rome veuille
immoier ; mais paroifîez aux premiers rangs avec
touc l’éclat qui vous convient, avec coure l ’autorité
d un fage médiateur, fi nos frères égarés revenus
d- leur égarement, vous chargent de nous porter
des paroles de pa x , de confolation & de repentir.
} Alors Quintius , les yeux baignés de larmes ,
se:adrelTant a fa troupe ; compagnons, dit-il , peut-
i l vous relier encore la moindre inquiétude fur
les intentions pacifiques du lénac , lorfque c’elî
VaUrius qu’il vous envoyé ? Quel autre auriez-
vous voulu choifir pour défenfeur de vos intérêts,
pour réparateur des torts dont vous croyez avoir 4 vous plaindre? Vous ‘m’avez force de devenir-'
ççup.able , rendez moi mon innocence; que je
^ aye ete arrache à mes paifibles foyers que pour
être ici témoin d’une réconciliation fi defirée ;
xéndez la joie au çoeur de V a le r iu s , rendez à la
patrie, la pa;x & le bonheur.
Ges difpofitions étoient infenfîblement devenues
celles de toute l’armée, on négocia, la confiance
étoit parfaite, tout s’arrangea, & tel éto.it l’af-
çendant de Valerius fur les efprits, qu i! demanda
& qu’il obtint que jamais aucun romain , foit
directement ou indirectement , /oit férieufement
ou lous prétexte de p’aifànterie , ne parlât de
cette féditirn à aucun de ceux, qui s’en étoient
tendus coupables. Grâce à V a l e r i u s , ce ne fut
que l’erreur d un moment , & une erreur parfaitement
oubliée. La politique , qui oublie fi ai-
fément les bienfaits , feroit mieux d'oublier plus
Ibavent les torts & les injures.
Valerius Cprvus. fut fait; çonful pour la quatrième
fffk l ’an d.e Romç 410 , pour la cinquème fols
l ’.aÇ) 4ç Rpr^e 4 5.1, pour la fi-jtième, l ’an 45 3 ,
Mar.qsn fppl. l’emporta, fur lui, pour le nombre
des cpufuhits. Il fut. fait didateur pour la fecon.de
foi? l’app dg Rome. 454 , & vaiiiqui; Igs Marfes
& les /tgufques,, fi pourtant cette didature & le
pqnûfat «’appartiennent pqii.it à un
a;4trê Valerius jipmmé Mar.cuç Vajerius.Majsimus,
car je trouve fur.çe point de lat qonfufion dans
lllfiftpjre.
Mais ç eft fans difficulté VaUrius Corvus, qui
l'an 4yz de Rome , renouvelle, la loi fur Rappel
de tout jugement au peuple, Iqi juftement nommée
Valérie parce .quelle eft l'ouviage no,n pas
feulement d'un VaUrius , mais pour ainfi dire
V A L
de toute cette maifon Valéria. Elle avoit été portée
d abord par Valerius-Publicola , confirmée en fuite
par Valerius P.otitus , reiiouvellée par VaUrius
Corvus, Souvent violée , elle ne fut mife enfin
hors de toute atteime que par .la loi Porcia , portée
longtems après, qui prononça des peines contre
les tranfgreileurs. La loi V-déria portée dms les
tçms de la plus grande fimplicité des moeurs,
défendoit de frapper de verges ou de fa re mourir
quiconque appelleroic au peuple , & elle a;outoit
fimpîemeut, que celui qui agiroit d’une autre
manière , agiroit mal. Heureux fiècle , s’éciie à ce
fujet Tite-Live , où une telle formulle éiojt un lien
a/ez fort pour empêcher de tranfgrefler la loi ? La
trouveroit on aujourd’hui fuffiiante pour une fîmple
menace • Valerta Igx ciim eum qui provocajfet,
virgis a d i fe citrique necari vetuijfet, f i quis ad-
verjus ea fecijfet, nihil ultra, quarn improbe fac-
tum adjecit. Id ( qui tum pudor hominum erat i V
vifum , credo, vinculum Jdtis validum le gis, Nunc
vix Je ri o ita minetur quifquam.
8°. Publius VaUrius Lceyinus , L&v.inum , Valerî
genus , conful 1 an de Rome 4 7 1 > ht la guerre
contre Pyrhus & les tarentins. Pyrrhus n’étoîc
d'abord qu’auxiliaire de ceux-ci, il envoya pro-
pofèr^ aux romains de le prendre pour arbitre &
pour juge de leurs différens avec les tarentins , la
réponfe de Levinus fut que les romains ne prenoient
point Pyrrhus pour arbitre & ne le craignoient
point pour ennemi.
Les grecs d’un côté, les romains de l ’autre >
traitoient de barbare tout ce qui n’’ étoit point
eux ; lorfque Pyrrhus eût vu Paffiette du camp
romain & l ’ordonnance de l’armée de Lc.yinus :
Me gicles , dit-il à un de fes capitaines, l'ordonnance
de ces barbares nejî nullement barbare.
Ce Mégadés, dans la bataille * prit [ç cafquç
8t les a.rmçs de Pyrrhus, & fut, pris pour lui : un
cavalier qui le renv.e'rfa & le blçffa. , porta ce;
cafque ces armes au conful, en fe vanrant
d'avoir tué Pyrrhus, comme Hedor ayant tué Pa-
trocle , revêtu des armes d’Achille , crut avoir tué
Achille de qui defeendoit Pyrrhus.
Pyrrhus vainquit au moyen , de fes éléphans,
monftr.es inconnus jufqu’alors aux romains , mais
i l dit à ceux qui. le. felicitoient de fa yiâoi e :
je fuis perdu , Ji j ai le malheur d’en remporter
encore une pareille, & le lendemain confidurant le
clnmp de bataille, & le voyant couvert de quinze
mille romains, tous chargés de bleflùres glorieufes,
tous tournés contre l ’ennemi : avec de tels fo l-
dats, d it- il, faurois fa it la conquête du monde»
Les romain« étoient peu accoutumés à des défaites
, Celle-ci les étonna fans abbattie leur contage.
Fabriçius dit en plein fénat qu’il ne ]com-
ptoit pa$ que les romains eujfent été vaincus par
Us epirotes, mais feulement Levinus. par Pyrrhus J
V A L
C’étoït un? injuftice envers le conful ; ni Levmus
n’avoit été vaincu par Pyrrhus , ni les épiiot'ès
p ries romains; le fpeétacle^ inattendu des élé-
phans, & le ravage qu'ils avount fait dans 1 armée
romaine , avoient déconcerté les romains ; ce^ fut
l ’effet naturel d’une première furprife, & Levinus
ayant reçu des renfoits , s’apprëtoit à prendre fa
revanche : Pyrrhus ne jugea pas à propos de fe
comnn ttre 2vec un ennemi dont il avoir éprouvé
l ’habileté dans toutes les opérations de’cette campagne
, il rfeprjt le chemin de’ Tarente.
Pyrrhus ayant la bataille, avoit envoyé dés ef-
pions examiner en détail l<s difpoi-tions des romains
; ces efpions ayant été furpris , Levinus voulut
qu’ils examinaient fon camp à loifîr ; que
rien ne leur fût ni caché ni déguifé & qu’ils
fuffent en état de faire à Pyrrhus le rapport le
plus ex ad ; c’eft à cette noble confiance du conful
Levinus , que l’auteur de Brütus fait allufion ,
lorfquil fait dire à ce premier conful:
Arons vient voir ici Rome encore chancelante,
Découvrir les refl’orts de fa grandeur naiffante ,
Epier fon génie , ob’erver fon pouvoir :
, Romains, c’eft pour cela qu’il le faut recevoir ; -
L’ambaffadeur tofean connoîtra qui nous fommes,
Et l’efclave d’un roi va voir enfin des hommes !....
Ce foir, à Porfenna reportez ma réponfe,
Reportez lui la guerre, & dites à Tarquin
Ce que vous avez vu dans le fénat romain.
9°. L’an de Rome 485?, Marcus VaUrius Ma-
ximus conful & Marcus Otacilius Craffus' fon
collègue, pafsèrent en S ic ile , où ils firent la
guerre avec.le plus grand fuccès aux carthaginois
& aux fyraeufains ; ils forcèrent Hiéron ^ roi ou
tyran de Svraeufe de faire fon accommodement
avec lec romain-. Les principales ville de Sicile
feibumiventauffi aux romains. Valerius fe diftingua
d’une manière paiiicubère dans cette expédition ,
& reçut les honneurs du triomphe. Ce fut lui qui
le premier de la maifon Val'ria porta le
furnom de Mejfana , dont on a fait par corruption
M e (fa La , & qui lui venoit d’avoir fecoùru
Mefline , Mejfana. Sénèque dit qu’il lui venoit
de l’avoir pnfe. Pnmus ex familiâ Valeriorum
urbis Mejfana. capta in trans Lato nomine Mejfana
appellatus efl , paulatimque vulgo permutante lit-
teras, Mejfala diêlus eft. Senec. de bievit. vit.
Ce fut VaUrius Méfiai a , qui apporta de Ca-
tane à Rome la première horloge ou le piemier
cadran foi a re , il le plaça près de la tribune aux
harangues. Il fut aufli le premier qui fit peindre
un de fis exploits , c’é oit un combat contre
H éron & les carthaginois, & qui en fit placer le j
tableau dans un lieu public.
V A L 4 4 ?
To®. L’an ÇIO de Rome , Qwntus VaUrius
Falto , fut un des deux préteurs qiiè l’on commença
cétre année rrême à créer ,, car :1 n’y eri
avait eu qu’un jufqu’alors & il était chàrgé feulement
de ràdminiftradon de la juftice.
Valerius eut ordre d’accompagner en Sicile fe
conful Caïus Lutatius Catulus, & de partager avec
lu i, fous fes ordres, les foins de la guerre. Le
conful fut bletfé au liège de Drepane , ce^ qui ne
l ’empêcha pas de livrer aux carthaginois, près*
des ï.sîes Egarés, un grand combat naval , qui
termina lapremière guerre punique, & dans laquelle
il fut bien fécondé par la valeur & la capacité
de Valerius ; en conféquence le triomphe ayant
été décerné à Lutatius , VaUrius demanda d en
parta?er les honneurs comme il avoit partage
les foins & les dangers de la bataille. Valerius
ajoUtoit même que la blefiure de Lutatius , dont
ce conful n’étoit pas encore bien guéri, ne lui
ayant pas permis-de remplir les fondions du commandement
, elles avoient principalement roulé
fur lui ( Valerius , ) qui avoit été propiement le
général romain dans cette journée- Il paroifloit
contre l ’ufagé 5c contre les’ lclx d’égaler dans' la
diftribution des honneurs deux puiflànces dont
l’une étoit inférieure & fubordonnée à l’autre, &
Atilius Calatinu's, nommé pour arbitre par les
parties , prononça contre Valerius ; ce qui n’empêcha
pas que d’après l ’influence connue que V 1-
lerius avoir eue fur la viétoire, l'hcnneur du triomphe
ne lui fut aufîi déféré.
1 r°. L’an de Rome 5 5 8 , le préteur Mnrcuÿ
VaUrius Lévinus , ayant pour lieutenant Titus
VaUrius » battit à la hauteur d’Appolionie en Epire
fur le fleuve Aous & prefqu’àfon embouchure, Philippe,
roi de Macédoine. L’an 54t. il contint
un t aité entre lés romains & les éfol ëns Contré
Philippe & les macédoniens, en conféquence de
ce traité il affiège pa> t-rré & par mer St p end Ami-
cyre dans le golfe de' Ltpante, célèbre par l’élleborc
que produifoit fon territoire ; il la ternit aux éto-
liens. Il y apprit qu’on venoit de le norhiner ea
fon abfénce conful pour l'année fui vanté, 541.
On était alors au fort de la féconde guerre punique,
le tréfôr pubiic et oit épuifé , ôn manquoit
d’hommes 8c d’argent pour remonter les flottes,
de matelots & de rameurs ; les confiais ordoiir èrenr,
comme cela s’ étoit pratiqué plu':eors'fois dans les
dctrdfès publiques, que les particuliers , félon leur
rang 8t leur revenu, fournirait nt un cer|a n nombre
de rameurs, dont-ils payes oiert la fid d e , 8c qu’ils
fourniroient des vivres pc ur. trente joui s du moment
de l’embarquemert. Ce te or Lnrahce excisa un
mécontei-temenc général, prêt a dégénérer en fou-
levement, s’il s^é'oit préfenté un chef. Le ce n fui
Levinus, fé f du venant toujours dé la popularité
de fes aticêtres. b Le peuplé, d t-il eh'ple n fénat:
» n’a pas ent èfenient tort' dé • murmurer. Mais je
» fais un moyen infaillible de l’a on ai fer : que les
K k k z