T hierry de N iem , (ÿift. lin. mod,) de Paderborn
en weftphatie , fecrétaire de divers papes , a fait
Yhifloire du SJtifme des papes , depuis la mort de
Grégoire XI , jufouà l’éle&ion d’Alexandre V ; une
■ vie du pape Jean JCXU1 , fon bien faiteur, qu’tl avoit
accompagné au concile'-de Conftar.ee, & qu’il traite
fort mal ; un journal du concile de Confiance, & c ;
mort vers Fan 1417-.
THIERS , ( Jean-Baptifte ) ( Hiji. litt. mod. ) curé
dans le diocèle de. Chartres,. critique ecciéfiaftique,
plus libre & plus hardi geut-ê^e qu’exaél. Parmi
une multitude d’ouvrages polémiques, dont quelques-
uns ont du mérite , il s’en permit un dont le titre
»’eft qu’une turlupinade, & dont le fond parut une
fàtyre ; en voici le titre : -La Sauffe Robert ou avis
falutaire à Meffire Jean-Robert . grand archidiacre de
Chartres ; il s’agiffoit de quelques fuperfiitions , que
T hiers, grand ennemi des fuperfiitions, attaqùoit avec i
avantage. Ce libelle ou plutôt ce livret fofeita des
affoires fâcheufès à Fauteur j il fut décrété de prife
de corps par l’officiahté de Chartres. Un hui Hier vint
avec une brigade de maréchauffée pour exécuter le
décret ; il trouva T hiers fort tranqulle dans la cure,
qui les reçut très-bien lui & fa brigade, les retint
i dîner Ô£ leur promit de les fuivre de honne grâce
après le dîner, il leur tint parole , partit avec eux
& ne fit pas la moindre tentative pour échapper.
Qn éioit en h y v e r i l geloit fort, & la glace portoit ;
on pafla le long d’un étang glacé, alors les fatcüites
forent fort étonnés de voir leur priibanier prendre
& route à travers cet étang, il avoit pris la précaution
de faire, ferrer fou cheval à glace, les autres
payant pas le même avantage, ne purent le fuivre ;
U le retira dans le diocèle du Mans, appella comme
d’abus de la. procédure criminelle de Fofficialité , &
fut déchargé de Facculàtion. L’évêque du Mans ,
C de la V-ergne de Treffan } l’accueillit comme un
fevanç difiingué, & comme un homme habile , lui
donna la cure de Vibraye , & par une autre turlu-
p:nade, écrivit à l’évêque dé Chartres pour le remercier
de lui avoir envoyé le tiers de fon dïocèfe.
Thiers mourut paifiblement dans cette cure de Vibraie
le premier avril 170a.. Les principaux de ces ouvrages
( car l’énumération entière fer oit trop longue )
font : un traité des fuperfbtions qui regardent les
-facremens ; un traité de l’expolition du laint-facre-
roent y un fur Fufage des biens d’égfife , qu’on accule
les eccléfiaftiques de n’avoir point approuvé ; un traité „
des cloches , une hijjoire dès perriiques, oh Fon fait
voir leur origine, la^r ufage , leur forme, l abus &
f irrégularité dè celles des ecclcfiafiiqUes. Que les ecclé-
fiaftiques n’ayent point, d’autre irrégularité que celle
dè ne pas vouloir s’enrhumer quand ils font chauves,
on n’aura gueres à fe plaindre (Peux. Un ouvrage
plus utile & dbnt on a profité, comme en profite,
ç;éfi-à-d:re , avec le temps, c’eflf celui qui a pour
pire : dé fèflorum dierum imminutione; un- ouvrage
jglFez raffértrîaBîe dans fa févérlté , eft; celui oîi il attaque
comme blafphématoire la fiameufe inlcription du
grand portail des Cordelierfc de Reims, conçue en
tes fermes : Deo homini & Beato Francîfco ~9 utriqûb
cruelfixo l Un ouvrage utile dans tous les temps ,
eft celui de notre auteur fur les jeux permis ôc défendus.
Le doéleur Thiers, qui aimoit les combats
littéraires & théologiques, a écrit contre le do&eur
Launoy, contre l’abbé Boileau , fur le livre des
F-lagell'ans-, contre le P. de Sainte-Marthe, en faveur
de l’abbé de la Trappe, & c . , contre les réformateurs
du Bréviaire de Cluni.
THIN1T E , f. m. (////?. dEgypte) ceft le nom
■ qu’on donne aux rois d’Egypte qui ont régné à This,
capitale de leur royaume. 11 y a eu deux dynafties
de thinißes. La première commença à Ménès, & finit
à Bienachès : elle comprend huit rois ; la féconde
commença à Boétilus, & finit à Neperchetes ;
elle comprend dix rois, en forte qu’jl y a eu en tout
dix-huit rois thinites, qui ont poffédé ce royaume
pendant fix cent trois ans. Ce royaume, félon Uffe-
rius, commença 2130 ans avant J. C. (D . J .)
TH10IS r le , (^ Langue ) le thiois, autrement dit
théotifque , eft la même choie que l’ancienne langue
teutônique ou tudefque. (A . R.)
THIOUT , ( Antoine ) ( Hiß. litt. mod. ) habile
horloger de Paris., mort en 176 7, eft auteur d’un
traité d’horlcgiographie.
THOMAS, eft le nom:
i° . D ’un apôtre fùrnommé Didime. Toute fort
hiftoire connue eft renfermée dans le chapitre 2.0 de 1 évangile de Saint-Jean, elle confifte dans fon incrédulité
fur la réfurreâion de J. C . , & dans la manière
dont le Çhrift la confondit en lui fourniffant
toutes les preuves qu’il avoit défirées, On ajoute à
cette hiftoire connue , qu’il alla prêcher l’évangile
dans le pays des Parthes, des Perfes, des Mèdes&
jufques dans les Indes, où il fouffrit, dit-on,. le martyre
; mais on difpute fur le lieu ; les uns difent que
ce fut à Calamine , & que delà fon corps fut transporté
à Edeflè , où il a toujours été honoré ; d’autres
prétendent que ce fut à Méliapour ou Saint-Thomé ,
& ils allégjent ce nom de Saint-Thomé. les Portugais
foutiennent que fon corps y fut trouvé dans les ruines
d’une ancienne églife qui lui étoit dédiée, qu’il fut
tranfporté à Goa, où on l’honoré encore aujourd’hui
& où Finquifition fait bien faire refpeéler cette tradition
vraie ou fauffe.
2*. D’un foldat de fortune, devenu général de<
troupes de l’Empire, fous l’empereur Léon l’Armé*
nien. Celui-ci ayant été afTaffiné en 820 , Thomas
prit les armes, fous prétexte de venger fa mort. If
fe faifbit pafter alors pour fils de l’impératrice Irène ,
morte en 802. ( Voyeç fon article ) 11. fe fit: couronner
comme tel à Antioche , par le patriarche
nommé Job. Il eût d’abord quelques fuccès , mais
il finir par être livré à Michel le Bègue, focceffeur
de Léon, qui le fit mourir dans les tourmens en 822.'
Ainfi Thomas eft au nombre de ceux qu’on appelle
tyrans, parce qu’ils ont fuççombé fous des îyjftft»
plus forts.
3°. De Becket, dit Saint-Thomas de Cantcrbéri,
fils d’un bourgeois de Londres : l’Angleterre, la
France , l’Italie l’inftruifirent tour-à-tour. L ’uni verfité
de Paris eut l’honneur de le former ; Bologne lui en-
feigna le droit , Auxerre fe glorifie d’avoir fermé
la carrière de fes études. A fon retour en Angleterre,
il exerça d’abord quelques. emplois obfciirs. Un
archidiacre de Féglife de Cantorhéri fut fon protecteur
, & il lui fuccéda dans cette place. Henri II ,
auquel il fut recommandé, par le primat Thécbald
ou Thibaud, lui en donna une que le Primat lui-
même eû: peu envier : il le fit chancelier du royaume,
& lui confia l’éducation- du piince Henri ,
fon fils aîné. Devenu riche & puifïsnt, fa dépenfe
fut excefïive comme fës revenus. O11 lui a beaucoup
reproché depuis ,1e luxe de fa table, de fes meubles,,
de fes équipages; le nombre de fes chevaliers, écuyers,
pages , lecréiaïres ; ces vaiffeaux qui le fuivoient quand
il pafïoit la mer, ces mille hommes qu’il traînoit à
fa fuite au mariage du jeune Henri, fon élève, avec
Marguerite de Fi ance , fes amufemens , fes jeux,
fes goûts , fes talens. mêmes , qui tous étaient cj’un
homme opulent & frivole ; fes v âoires à la coqrfç
& à la j >utè , fes inclinations cavalières, fur-tout ce
fafte royal, objet d’étonnement & de curiofité pour
le roi lui-même ; Becket s’en corrigea bien dans la
fuite. Fitz-Stephen, fecrétaire de Becket, ôc qui en
a écrit lh ftoire, rapporte un trait plaifant de la
familiarité dont le roi d’Angleterre ufoir avec fon
chancelier. En paffant enfemble à cheval dans les
rues de Londres , ils rencontrèrent un pauvre; prefque
nud & tremblant de froid. « Ne feroit-ce pas une
3> oeuvre ju f t e d i t Henri, de donner un bon habit
» à ce pauvre homme dans une faifon fi rigoursufe ?
Sans doute, répondit Becket, qui loua fort le roi
de ce deflein charitable. « Eh bien, dit le roi , il
» en aura donc un tout-à-l’heure. En même-temps
il faifit l’habit du chancelier & s’efforça de le lui ôter ;
le chancelier défendit fon habit, & ce ne fut qu’àprès
un long .combat, que l’habit refta entre les mains
«ft roi, qqi le, jetta au mendiant. Celui-ci ne con-
noiffant gycun des deux cavaliers , fut fort furpris
du ptélènf, mais, il en profita. Tous deux auraient
é:é plus heureux fi ce ton de badinage & de liberté
eut pû continuer entr’eux.
L’archevêché de Cantorhéri. étant venu à. vaquer»
Henri 1 offrit à Becket, qui voulut d abord lé refofer.,
& qui ne l’accepta qu’en remettant la chancellerie.
Dès lors on ne le reconnut plus, tout fon fafte
difparut : l'humilité chrétienne , ladifoipiine eccléfiàfti-
que réglèr'ent toutes fès démarches , la cérémonie du
facre fembla lui avoir imprimé le caractère apoftolique
avec tout ce qu’il a de faint & d’ihfléxible.
Becket crut avoir des demandes exorbitantes à
faire aux pofieffeurs de divers biens, qui a voient autrefois
appartenu à l’Archevêché ,de Cantorhéri:0 e?
demandes tendoient réellement à la , ruine de çent
famijles coofidérables & utile? à l’état. La nohleffe
s’alarma : le roi yint à fon fecoürs, &. défendit;à
Farçhe.vê'(tie de troubler ces familles dans leur poffef-
fion. L’archevêque crut que Dieu le lui ordonnoit ,
il perfifta. Il en fut de même de toutes les prétendues
immunités du clergé, elles trouvèrent toujours dans
Becket, un défenîeur intrépide & opiniâtre.
Un ecciéfiaftique avoit féduit la fille d’un gentilhomme
du comté de Worctfter , & avoit enfuite tué
le père' de çette fille , parce qu’il vouloit le faire
punir. Becket ne voulut jamais permettre que le coupable
comparût dans les tribunaux laïcs : il le fit
mettre dans la prifon de l’ archevêché.
Un voleur qui n’étoit point ecciéfiaftique, prit un
calice dans la cathédrale de Londres. Le roi réclama
fon jufticiable ; mais cambre; le vol avoit été commis
dans une églife & s’appelloït un facrilége, l’arche^
vêque fe chargea de le punir , & entreprenant vifi-
blement fur l’autorité laïque , qui feule peut infliger
des peines corporelles, il fit marquer le voleur d’un
fer rouge au front.
Le roi voulant arrêter ces- défordres, affembla les
évêques à Weftminfter , & demanda qu’un juge-royal
afliftâ-t déformais au jugement des eccléfiaftiques, afin
qu’au moins les meurtrierstiiffent livrés au bras féculier.
Les évêques furent ébranlés par les: raifons. du ro i,
fo Prima* feu! fut inflexible. Cependant on négocia,
il fe tint à Clarendon une nouvelle affemblée d’évêques
, où l’autorité royale fit recevoir feize articles
contraires aux vailles prétentions du clergé ; ce font
les fameuiès eonftitutions de Clarendon, qui caufèrent
plus de troubles que toutes, les conteftations précédentes..
Les évêques s’étonnèrent de les avoir fouf*
crites.: le pape lts condamna, le primat Tes défayoua,
en difant que le pape les ayant condamnés, il ne
lui refioit plus qu’à gémir devant Dieu de lafoiblëiFe
qu’il avoit eue de les figner. Le roi indigné de ce
qu’il app.ell.oit la palinodie de Becket, fit rechercher
toute fa conduite pendant le temps qu’il avoit été
chancelier ; le Primat fe voyant cité à comparaître
devant le .roi, vipt au palais en faifant porter ia croix
devant lui, & fignifia hautement un appel au pape.-
On lé jugea par provifibn , on voulut lui lire fa
femenee , jl prp.teila de ’nullité , prit fa 'croix a fa
main & fortit : des yoix s’élevèrent contre lui, il
reçut & rendit Beaucoup d’injures, & s’il eut dans
c:tte occafioh Te courage d’un martyr, il n’en eût
. point la patience..
Le Primat, envoya trois évêques demander en fon
nom au ro i, un. foubconduit pour for tir du royaume,
Le roi remit fa réponfe au lendemain ; ce .délai fut
fufpeél au Primat-, il,partit dès. la nuit même , fans
attendre le fauf-conduit.
Cè fut en France qu’il atla chercher un afyle
le pape Aléxandre 111 , étoit alors à Sens , c’étoit
devant lui que Farçhevêque de Caritorbari vouloit aller
fe vanter des combats qu’il avoit. foutenus pour la
caufé cqmmune ; c’etoit cFàtlleurs dans les états de
Louis "Vil', que deYoi,t fe retirer un ennemi de