
ans ; il fe hâta de nommer Céfar Gallien fon
fils. Il j.uftifu f augure favorable qu’on a voit concu
de fou règne, il rétablît l’ordre, donna tous les
emplois aux plus dignes , fut aimé du peuple ;
favorable d’abord aux chrériens , il les perfécuta
dans la fuite , & eetre perfccution des chrétiens
eil comptée pour la huitième. Il combattit avec
coorage & avec fiiccès les Gcths & les Scythes ;
moins heureux contre les Perles , il eut en 160
le malheur d’être pris & réduit en efclayage par
Sapor, qui le traita , dit-on , avec la dernière
indignité , ( Voyt\ l ’article Bajazet , ) le menant
par-cour en triomphe , chargé de chaînes 8c revêtu
de la pourpre & des autres ornémens impériaux,
8c s’en firvant comme d’un marche-pied,
quand -il montoit à cheval ou fur fon char.
Agc-thiss dit même que Sapor lui fie arracher les
yeux y le fit écorcher v if & frotter de fel ; une
pareille lage contre un malheureux prince , un
malheureux vie liard, dont il auroit pû éptouver
-le fort -, n’eft pas concevable, Ladance dit que
Valêrien fut écorché le uk ment après fa mort ;
eh l pourquoi cette indignité exercée for un cadavre
l Valêrien a voit foixante & fdze ans , quand
il entra dans cette dure captivité. On croit qu’ 1
y languie fopt ans & qu’il ne mourut qu’à quatre -
Vingt-trois ans , toujours fou tenu par l'efpé rance
de voir Gallien fon. fils venir le délivrer & le
venger.
V A L ÊR IEN , ( kl f .lit. mod. ) Le P. Valêrien^ ca- !
pucin, connu principalement par la quinzième des lettres
provinciales de Pafcal, & par fis démêlés avec
tes jéfuites , & fon Mentiris impudentijjimê qu’il op-
pofoit à toutes leurs calomnies, fe nommùitMagni t
St étoit, félon Pafcal, de la maifon des comtes
de Mpgni. Il étoit né à Milan , en 1587. L e pape
Urbain VIII le fit chef des millions du nord; il
convertit le landgrave de Hefle-Rh’nsfeld , &
Paf a l rnfinue que ce fut ce qui ftraleva contre lui
les jéfuites, qui n’aimant pas qu’on s’ingérât de
convertir les princes fa*»s leur miniflère, acculèrent
le P. Valêrien y d’héréfie, parce qu’il avoir
fait abjurer l’héréfie au landgrave ; ce fut à cette
eccafion que le P. Valêrien mit en oeuvres avec
avantage fon terrible mentiris impudentijfime, dont
l’énergie plaît fi fort à Pafcal qu’il emploie aulfi
contre les mêmes ennemis, la même défenfe. Ce
P. Valêrien a voit auffi écrit contre la morale
.relâchée des jéfuites , & il avoit fait abolir, en
1631 , l’ordre des jéfoitefTes, nous ignorons jufqu’à
quel point les jéfuites pouvoient s’intértfFer à cet
ordre. Le P. Valêrien acquit tant de réputation
dans le fien , qu’ on voulut l ’en tirer ; le roi de
Pologne Ladiflas Sigifinaond , demanda pour fui le
chapeau de cardinal, mais les jéfuites parèrent le
coup & empêchèrent l’effet de la bonne volonté
du roi de Pologne. Tout puiffans fous le pape I
Alexandre V i l , ils firent défendre au P. Valêrien y j
d’écrire davantage, 8c le P* Valêrien malgré cette I
défenfe ayant écrit fon apologie, ils parvinrent à
le faire mettre en prifon à Vienne; il en fortir
par la faveur de Ferdinand I I I , & alla mourir à
Saltzbourg en \66i . On n’a guè es de lui que
des livres de controverfe. IL écrivit comme Amauld,
8c contre les jéfuites & contre les proteftans. Il
étoit grand zélateur de la philofophie de Defcartes,
& c’etoit alors un mérite.
VALERIO ou V A L L E R lO , ( Auguftin ) ( H'Jt.
Litt. mod. ) fàvant Vénitien , né en 1531. P10-
fefTcur de morale à Vénife en 1558. Fait évêque
de Vérone en 1565. Mort en ï 6o6. Grégoire
XIII , i’avoic fait catdinal; S. Charles Borromée
étoit fon ami. Ce fut dit on , par l’avis & fur le
plan tracé par S. Charles Borromée, qu’il com-
pofa fa rhétorique du prédicateur ; elle eft en latin ;
elle a été traduite en françois par M. l’abbé
Dinouarr. On a encore du cardinal Valerio un
traité de cautione adhibendâ in edendis libris.
VALERIUS-PUBLICOLA, ( Pub’iu sH Hijf.
rom. ) La première fois que l ’hiftoire romaine
parle de ^ Valerius , fi célèbre depuis par le fur-
nom fi. bien mérité de Pubiicola , c’eft â la mort
de Lucrèce dont il fut témoin, ayant accompagné
c h e z elle Spimus-Lücretius fon père qu elle
avoit fait prier de s’y rendre pour recueillir fes
derniers foupirs & les derniers vaux de Ion coeur
outragé. Valerius qui étoit, après Brutus »celui qui
avoir le p us contribué à l ’expulfion des Tarquins 8c
à rétabliffemenc delà liberté,
Vahri genus , undè fuperhus
Tarquinius regno pulfus fugit,
efpémjt, défiroit être le premier conlul, nommé
avec ’ Émus on fui préféra Tarquin Col latin ,
uniquement parce qu’étant le mari de Lucrèce &
ayant été perfonBellement outragé par Sextus-
Tarquin on jugea qu’il devoit être le plus irréconciliable
ennemi des Tarquins. Valerius qui devoit
fentir que tel avoit été le vrai motif de Ja
préférence accordée fur lui à un autre & que cp
motif n’avoit rien de defobligeant pour lui , eut
la foibleffe d’être mécontent, fl quitta le fénat,
il s’éloigna des affaires ; on craignit qu’il ne fe
réconciliât avec les Tarquins ; il montra bientôt
qu’il en éto:t incapable ; Brutus ayant cru devoir
exiger uri nouveau „ferment contre 1rs rois & la
royauté, Valerius jura le premier une guerre immot
telle aux Tarquins. 11 eut hiertô: d’ailleurs
une fatisfacli-on enr è re , car comme dans les révolutions
les efprits font tou joins portés à la défiance
, Colla fin étant devenu fofpcéf parce qu’il
avoit opiné pour la refiitution des biens des
Tarquins, & parce qu'après cette conjuration en
faveur des rois, que Brunis punit for fes propres enfans,
il s’étoit porté avec aficz de molleffe â la punition
des conjurés, il abdiqpa le confulat, quitta la
«llle, & Joignît au fervice d’en avoir chatte les tyrans
de fon nom , celui de délivrer Rome du nom même
de Tarquin , devenu pour jamais ou odieux ou
fufpeét Ce fut alors Vjalerius qui fut fait conful
& collègue de Brutus.'Aprè,$-la mort de Brutus
il eut pour collègue Spurius-Lucrérius , père de
Lucrèce. Dans l’intervalle de la mort de Brutus,
à la nomination de Lucvétius , Valerius , feul
Conful , pré fon toit au peuple les apparences de la
royauté , on le foupqonna d’y afprer, & comme
le peuple ne fait pas mettre de différence entre
l ’apparence & la réalité , emre le foupqoa le plus
frivole & la convi&ion completre , tout fut bientôt
fufpeâ de la part de Valerius ; on remarqua que
la maifon, bâtie fur la croupe de V é lia , qui
étoit la partie la plus élevée du Mont-Palatin ,
reffombloit à un palais royal, & par cette fitua-
tion qui dominoit fa ville & par une forte de magnificence
pour le tc-ms ; inftruit des difeours
qui fe tenoiem dans le public à ce fojet, il convoqua
l’aflçmblée du peuple , & après s’être plaint
de ce qu’on rendoit fi peu de juftice à fis fen-
timens connus & prouvés dans tjures les occa-
lîons , de ce qu’on fôupçonnoit l ’ennemi déclaré
des" rois , d’afpircr a la royauté , de ce
qu’on regardoit où il demeuroit , & qu’on oubliait
quel il étoit; raffurez vous , dit i l , la maifon
de Valerius ne vous caufira plus d’inquiétude, elle
n’allarmcra plus votre liberté.
Inque futurum
Tone metus, inquit, nunquam tibi caufa doloris
Tl(sc erit.
L a nuit même , il fît démolir fa maifon jufqu’a
la dernière pierre; puis il s’en fie conflruire u ie
aux pieds même de la montagne & dans une telle
fituation, qu’au lieu qu’auparavant il avoit vue fur
toute la ville , toute la ville aio's avo t vue for lui.
Le peuple apprit à connoître Valerius , & fut
honteux de l avoir foupqoniié.
Valerius, avant même qu’on lui eut donné un
collègue, fit & fit feul les ioix les plus populaires ;
lorfqu’il ailoic aux afiemblé-'s & qu’ i l palîoit dans
la place publique , il faifoit abaifler les fai (beaux
devant tout le peuple'comme devant fou fouve
ra>n , prninant plaifir à lui rendre hommage &
à reconnaît:e que l ’autorité, de ce peuple étoit
fupéiieure à la dignité con’iilaire. Gratum id mal-,
titudini fpeUaculum fu i t , dit Tïte-Live , fummijfa
fibi ejfcinip&ii infguia, cpnfejfio ne m que faliampopuli
quant confulis m.yrjîatcm vinique majorent effe.
11 ordonna qu’on ne porterait les haches devant
les confuls que hors d^'s murs, & que dans la ville
les faifeeaux firoient fans hache.
Il voulut qu’il y cfit appel au peuple des joge-
IBens de tous les magiftrats.
Q ’on ne pût entrer dans aucune magifirature
fans le confontement du peuple.
Que le tréfor public f i t à la difpoficion & Ieg
tréfoiicrs à la nomination du peuple.
Qu’il fut permis à tout citoyen de tuer fans
aucune fçrme de juftice quiconque voudroit fe
faire roi, pourvu feulement que l'auteur du mettcfie’
donnât des preuves de l'attentat qu'il auroic puni;
loi dangereufe en ce • que l ’homme accufé ou
foupçonné de tyrannie n’eft point en état de fo
défendre , puifqu'on n’examine les preuves qu’après,
fa mort ; & cependant un homme contre lequel
il peut s’élever des apparences tics -fortes , les
auro.t p°ut'êtrc détruites d’un foui mot, s’il avoit
été dans le cas de s’expliquer.
Au refte ce n'etoit pas l'efprtc républicain qui
manquoit à toutes ces loix bonnes ou mauvaises ,
& c’eft à jufte titre qu’elles firent donner à Valerius
le furnom de Pubiicola.
Il fut conful pour la fécondé fois l’année fuî-
vante ( *46 de la fondation de Rome, ) peur la
troifième fois l ’an 247 ; pour la quatrième, l’ an.
2fQ. II mourut l’an 2ÇI. Il- ayoit remporte deux
vidoires fîgnalées , l ’une for les Etrufques, l ’autre
fur les Sabins , il avoit reçu d 'U X fois les. honneurs
du triomphe. Le nom de Brutus donne
l’idée d’une vertu auftère & d’un zèle républicain
qui n’étoit pas fans fa n a t i sm e ; celui de Valerius-?
Pubiicola rappelle des vertus plus douces moins
ex a l ré e s & une popularité qui ne £e démentit jamais
: ces deux caraûères font parfaitement nuancés
& foutenus dans'la irap.édie d- Brutus. Des hifo
foriens 11e balancent point à nommer Valerius-
Pubiicola le puis g r a n d h cm m e de fon fîècle &
le plus parfait. I! meurtf d-t Tite-Lîve , dénué de
biens, ri he en vertus & en gloire | ne Jai/fant
pas dequoi faire fis funérailles";, pn lui en fît de
magnifiques aux dépens du | nblic , & les dames
romaines porter.-rt fon deuil pendant un an. Mo-
ritur, gloriâ ingenii , copiis fam'diaribus adeo
exiguis y ut furari fumptus deejjet \ de publico efi
elatus.
7c. Marcus Valerius , frère de Pubiicola , ne
dégénéroit poinr des fentimens populaires qui avoient
1 procuré à Pübiius ce fu-nom de P u b i i c o l a . Dans
les troubles qui s é k v è en t à Rome, l'an 2$6,
entre les riches & les pauvrrs au fojet des dettes,
il lignai a fon zèle pour le peuple & plaida fa
eau Ce avec zèle & avec éloquence. A la bataille
de Regille en 158. il apperçut parmi fis ennemis,
Tsrquin à la tête des exilés , & voulant acquérir
à fa famille l’honneur de tuer les tyrans comme
elle avoit déjà celui de les avoir chafïes , il court
à luLla lance baiffée, Tarquin recule & cherche
à éviter le choc , fa troupe l ’environne , Valerius
le fuit avec . ardeur au milieu de cette troupe 8c
étoit prêt de l’atteindre, lorfqu’il tombe d é c ima l,