du feizièms fiècle , dos indulgences pour line croifade
entreprife contre les Mofcovi-es ennemis de cet ordre
, & fi peu connus alors en Italie , qu’on les croyoit
a peine chrétiens. Tetçels’étoit acquitté de cette com-
m-'ffion avec tant de fuccès, que fur là réputation,
l’éle(fleur de Mayence, Albert de Brandebourg , à
qui les indulgences deftinées pour l’Allemagne en 1 517
furent ad reliées , crut ne pouvoir faire un meilleur
choix pour la publication des nouvelles indulgences
contre lefquelles Staupits ou Stupitz , vicaire général
des Auguftins , ( voyeç fon article ) chargea Luther
de parler & d’écrire. La qualité d’inquiliteur qu’avoit
Teckel, pouvoit d’ailleurs donner du poids à fes prédications.
Tetçel ne manqua pas de s’afïocier dans eet
emploi les religieux de fon ordreau lieu des Auguftins
qui en avoient été chargés autrefois. Quand ces Jacobins
«voient prêché & bien exagété la vertu des indul-
gencés , les commis des entrepreneurs du bail fàifoient
leur quête ; ces commis avoient établi leurs bureaux
dans des cabarets , oh ils diffipoient une partie de
la recette en excès & en débauches a la vue des
pauvres , qui, fruftrés d.es aumônes qu’on portoit aux
indulgences , expiroient de faim dans la rue. Qui-
» conque, dilbient Tet^el & lès confrères, met au
t> tronc de la Croifade un tefton, ou la valeur, pour !
» une ame étant en purgatoire , il délivre ladite ame !
» incontinent, & s’en va infailliblement ladite ame j
i> auffi-tôt en Paradis. Itaque , en baillant dix teftons 1
» pour dix âmes, voire mille teftons pour mille âmes, !
» elles s’en vont incontinent & fans doute en Paradis ;
proportion pondamnéç par la $orbonne 9 le 6 mai
1518.
» Avec une huile du Pape, difoient-ils encore ,
v on ne peut jamais être damné, dans quelque dif- I
» pofition que l’on foit ;*le pape étoit le maître de j
» faire lortir les damnés même de l’enfer.
Ils pouftoient jylqu’au facrilége l’indécence de leurs
hyperboles. Les indulgences ablolvoient à l’inftant
tout coupable, quel que fut fon crime, ttiamfi Matrem
domina ftbpraffet. « J’abfous plus de pêcheurs par mes
V indulgences, difoit Tetqel, que S. Pierre n’a con-
w verti des gentils par f« prédication.
» On ne petit nier , dit le zélé catholique Florimond
de Rémond, « qu^il n’y eût de l’abus| de l’ordure
» & de la vilenie en ces avares quêteur?.
Luther afficha , félon une pédanterie du temps,
à la porte de l’églilè de Vittemberg , auatre-vingt-
quinze propositions contre Tetçzl & les Jacobins, &
leur prédication d’indulgences. Tet^el répondit par
«cent ftx propofinons qu’il fit afficher de mêmè à
Francfort fur l’Oder ; il avoit encore une autre arme ,
il s’en fer vit. En qualité d’inquifiteur, il fit brûler
les proportions de Luther • on fit auffi brûler fes cent
|ix proportions à Hall.
L’Eleéteur de Saxe étoit le prote&eur déclaré de
jLuther : le pape, dans un moment ou il crut avoir •
fies raifons de ménager cet élê&eur, lui envoya pour
jppn.Ce Miltiz , gentilhomme Saxon, eu’ij choiftt exprès
parce qu’il étoit né fujet de leleêteur & qu’il
pouvoit lui être agréable ; Milriz prit avec Luther
le parti de la douceur , c’eft à-dire, félon Palavicin,
de la baflefle ; il carefla & flata Luther, qui, fier
de voir fon parti groffir à chaque pas, daignoit à
peine l’écouter. Miltiz pouffa la complaifance jufqu’à
lui ‘fàcrifier fes ennemis, il accabla en fa préfence
le dominicain Tetçel de reproches fi amers, que ce
malheureux en mourut de douleur ( en 1519 ) , &
mérita la pitié de Luther même.
TEXEIRA , ( Jofeph ) ( Hiß. litt, mod. ) Dominicain
Portugais , attaché à la perfonne <3c au parti
de dom Antoine , prieur de Crato ; après la mort
du roi dom Sebaftien & du cardinal Henri. Il déteftoit
Philippe I I , roi d’Efpagne & tous les Efpagnols. Il
difoit, en prêchant fur l’amour du procha;n : « nous
» devons aimer tous les hommes de quelque feâe
» & de quelaue nation quMs foient , fuffent-ils
P Caßillans l On a de lui un traité de l’oriflamme,
un de portugallioe ortu ,* les aventures de dom Sebaftien
& quelques autres ouvrages. Il étoit venu en France
en 1481 , à la fuite du prieur de Çrato, il y avoit
obtenu la faveur de Henri III & de Henri I V , ennemis
nés de Philippe II. Il mourut en 1604.
TFJJOI, Cm. ( Hiß. chiru ) nom chinois d'une
efpèce particulière de vernis qu’ils mettent à la por-;
celaine, pour lui donner un fond violet, & y applizier
de l’or par-deflus. Leur ancienne méthode
étoit de mêler l'or avec le yemis ordinaire, & d’y
ajouter du bleu, ou de la poudre d’une agate grofe
fière calcinée, qu’on trouve en abondance fur les
bords de leurs rivières ; mais ils ont remarqué depuis
que le yemis brun, qu’ils nomment tfekin , réuffit
beaucoup mieux ; le bleu fe change en violet , &
l’or s’y attache parfaitement. Les Chinois verniffent
encore leur porcelaine d’une manière variée , en la
yerniffant de blanc intérieurement, & extérieurement
d’une couleur brune avec beaucoup d’or. Enfin ils
diyerfifient les nuances de la même couleur extérieurement,
en faifant fur la porcelaine plus ou moins de
couches du même yernis. Obfervationfi fur les -cou*
tûmes de l’A fie. ( D. J. )
j h a i m , f. m. terme de relation, provifion que la
Porte fournit aux princes à qui elle accorde un afyle,
Mehemet Baltggi, gtand-vifir, retrancha au roi de
Suede fon thaim qui étoit eonfidérable , confiftant
en cent écus par jour en argent, & dans une profil»»
fion de tout ce qui peut contribuer à l’entretien d’une
cour dans la fplendeur & dans l’abondance. Voltaire;
( D . J . )
THAÏS , ( Hiß. anc. ) courtifàne Grecque, juflei
ment diffamée dans l'hiftojre, pour avoir, dans une
partie de plaifir , engagé Aléxandre à brûler Perfepolis,
foiis prétexte de reprefailles, parce qu’autrefois Xerxès
avoitbrûlé Athènes. Elle étoit la maîtrefle de Ptolémée,
fils de Lagos , qui, après la mort d’Alexandre, fe fit,
roi d’Egypte.
THAL|S. [ Hifl. 4ne.') Le fyftême de Thaïes g
fcjuî conftitue l’eau principe univerfel, apparient à
•l’expofition de la philofophie ancienne, & ne nous
regarde pas : nous dirons feulement ce qui concerne
la perfonne de ce philofophe. Il étoit de Milet, ville
• célébré de l’Ionie ; il naquit vers l’an 640 avant J. C.
Il voyagea pour s’inftruire ; & ce fut lui qui infh uifit
fes maîtres dans le cours de fes voyages. Ceux qui lui
enfeignèrent la géométrie à Memphis, apprirent de
lui la manière de mefurer exactement les pyramides.
Il parut avec éclat à la cour d’Amafis , roi d'Egypte,
& à celle de Cræfus , roi de Lydie ; mais fon amour
pour la liberté, fes déclamations contre la tyrannie ,
le rendoient peu agréable dans les cours , & lui ren-
doient les cours peu agréables. Il pouffa cet amour de
la liberté, jufqu'à réfuter conftan»ment à fà mère de
fe marier. Il lui dit toujours : il ne fl pas encore temps ;
& enfuite : il ne fi plus temps. Solon, qui vint le voir
à Milet , lui en fit la guerre. Peu de temps après un
voyageur arrive d’Athènes, & annonce qu’il a laiffé la
ville confternée de la mort inopinée d’un jeune homme,
dont le père, alors abfent, étoit, difoit-on , le plus
honnête homme & le plus fage de la ville : cet homme
étoit Solon. L’état oh le mit cette nouvelle fe conçoit
aifément ; Thaïes n’eut pas la cruauté de Ty laifl'er:
Rajfurer-vous, lui dit-il, votre fils efl vivant ; mais
vous vene^ de voir pourquoi je ne veux pas me marier. Il
y a des répontes, fans doute, à cette obje&ion, quoique
très-forte contre le mariage ; mais nous difbns les
faits , & nous ne difeutons point les fyftêmes.
Thaïes eft mis par toute l’antiquité à la tête des tept
fages. 11 eft le fondateur de la feâe Ionique j il eft le
premier des Grecs qui ait traité des matières de phy-
fique : on lui attribue plufieurs découvertes importantes.
11 avoit des idées nobles de la Divinité ; &
c’étoit alors un mérite. On lui demandoit ce que c’etoit
que Dieu ? C’efi, dit-il, ce qui na ni commencement ni
fin. On lui demandoit fi l’homme ne pouvoit pas dérober
à Dieu k cormoiffance de fes aCfions Pas même ,
dit-il , celle de fis penfies : » interrogatus an fada ho-
3î minum DeoSifellerent j nec cogitata inquit ». On eft
fi familiarifé aujourd’hui avec ces idées , qu’on eft
prefque, étonné d’en voir faire honneur à un fage;
mais il faut confidérer les temps & les lieux. Il vouioit
encore que les hommes fuffent bien convaincus que la
Divinité rempliffoit tout & voyoittout : C étoit, difoit—
i l , le moyen de les rendre plus fages & plus religieux :
» Homines exîftimare oportere Deos o‘mn: a cernere,
» deorum omnia effe plena ; fore enim omnes eaf-
» tio. es n.
Un aftrologue un jour te laiffa cheorr
Au fond d’un puits. On lui dit : pauvre béte
Tandis qtià peine à tes pieds tu peux voir ,
Penfisrtu lire au-défius de ta tête ?
Cet aftrologue ou aftronome étoit Thaïes ; & ce fut
une bonne femme qui lui tint ce propos. H n’en eft
pas moins vrai, cependant, que l’homme qui fou-
vent ne voit pas ce qui eft à fes pieds , lit dans les
deux la marche des aftres & i’biftoire de l’année ;
Le ciel devint un livre, ob la terre étonnée
Lut en lettres de feu l’hiftoire de l’année.
Thaïes mourut l’an 548 avant J. C . âgé de quatre-*
vingt-douze ans.
Outre Thaïes le philofophe , il y a Thaïes le poète
lyrique , qui fut attiré à Sparte par Lycurgue, auquel
il fut très-utile, & auquel il prépara tes voies par des
maximes vertueufes exprimées en vers d’une harmonie
douce, qui portoit à l’amour dts ehofes honnêtes
, à la paix & à la concorde.
THALESTRIS, reine des Amazones, vint, dit-on ^
de fort loin pour voir Alexandre, & en avoir des
enfans. Cette hiftoire eft un peu reléguée au rang des
fables. •
THANE, f m. ( Hiß. mod, ) eft le nom d’une di-i
gnité parmi les anciens Anglo-Saxons.
Skene dit que la d'gnité de thane étoit égale autrefois
à celle de fils d’un comte ; mais Cambden prétend
que les thanes n’étoient titrés que relativement aux
charges dont ils étoient revêtus.
Il y avoit deux fortes de thanes ; favoir, lés thanes
du roi & les thanes ordinaires. Les premiers étoient
des courtifans ou des officiers ferrant s la cour des
rois angto-faxons, & pofleclant des fiefs qui rele—
voient immédiatement du roi ; de forte que , dans je
grand cadaftre d’Angleterre, ils font appel es indifféremment
thanes & officiers du roi,, t/iani & firvientes
regis, *
Peu de temps après que les Normands eurent fait
la conquête de l’Ang'ecerre, le nom de thanes fut
aboli, & remplacé par celui de barons du roi, ba»
rones regis
L’origine des thanes eft rapportée au roi Canut *
qui ayant compofé fa garde de la principale noblefle
Danoife, au nombre de trois mille hommes ,. Ôc tes
ayant armés de haches & de fabres à poignées do*
rées, il les appella th 'mg-lïtt, des deux mots Danois
thein, corps de nobleffe , &. liihy ordre de bataillé.
Les thanes■ ordinaires , th.ini minores, étoient les
feigneurs des terres, qui avoient la jurilcliâion particulière
dans l’étendue dé leurs feigneuries , 6c rendoient
la juftiee à leurs fujets &. tenanciers.
Ces deux fort es. de thanes changèreot leur nom eu
celui de barons ; Sl c’eft pour cela que leurs jurife
dirions s'appellent encore aujourd’hui cours de
barons.
DansJes anciens auteurs &dans fes vieilles Chartres *
le nom de thane lignifie un noble, quelquefois un
vaffal libre , & fouvent un mugiflrat.
Terres des thanes, étoient celles dont les rots Taxons
avoient invefti leuis officiers.
THARGELIE , ( Hifi. anc. ) courtifàne de Milet,
qui, parvk avQir tetvi de raoàète à la ç-élèbre Alpafiev