
des mêmes Lacédémoniens contre les Mefféniens,
Ariftomène ou Ariftodème, roi des Mefféniens, battit
les Lacédémoniens, prit Thénpompe leur roi , &
félon Fufage fi général d’immoler des viâimes humaines
, il egorgea, eu l’honneur de Jupiter d’ ithome,
tro:s cens plafonniers Lacédémoniens , à la tête def-
quels étoit ThJopompe leur roi.
‘ L’autre Théopompe eft un hiftorien & un orateur
célébré ; mais dont Iss ouvrages font perdus. Il avoit
été difciple d’ifocrate , qui difoit, en parlant de lui
& d’Ephore, lès deux difciples les plus célèbres,
» au’il étoit obligé d’ufer d’éperon à l'égard d’Ephore,
» «. de bride à î’égard de Théopompe : » fe calcaribus
en Ephoro , contra autem in Theopompofrenis uti fulsre.
Alterum enim exultantem verborum audaciâ reprimebai,
alterum cunEUntem et qudfi verccundum incitabut. Ar-
témife , femme de Maufole , roi de Carie, fi célèbre
par les honneurs qu’elle rendit à la mémoire de fou
mari, & qui a fait étendre à tous les tombeaux magnifiques
le nom de maufolée , comme le nom d’Ar-
témife s’étend, par une efpèce d’acception proverbiale
, à toutes les veuves tendres & fidèles, Arcémife
propofa aux orateurs un prix d’éloquence pour le
meilleur éloge de fon mari. Ifocrate & Théopompe
furent du concours, & le difciple l’emporta fur le
.maître : Théopompe eut le prix On remarqua que dans
fon hiftoire, il avoit repréfenté ce même Maufole
comme un prince d’une avarice feidide, & à qui tout
moyen étoit bon pour amaffer de l’argent.
THEOXÈNE. ( Hijl, onc. ) Dans le temps des
guerres de Philippe, roi de Macédoine, père de
.Perfée, contre les Romains, ce prince foupçonneux
& féroce, à qui tout faifoit ombrage, fe livroit à
toute forte de cruautés. Il foupçonnoit, & peut-être
ne fe trompojt-il pas, que plufieurs de fes fujets auroient
préféré la domination romaine à la fienne. Dans cette j
perfuafion il ver fa beaucoup de fang , & ne fit que
fortifier cette difpofition ; & comme louvent un crime
çn néceffite plufieurs autres, ou du moins les fait
croire néceffâires, Philippe, après avoir fait périr
ceux qüi lui étoierit fufpeéls, crut n avoir pas dfoutre
moyen d’affurer fa propre v ie , que de faire arrêter
& enfermer leurs enfas, qu’il faifoit périr dans la
fuite , s’il lés croyôit à craind e. En attendant, il arrivait
fouvent, on le croyoit du moins, que leur jeu-
neffe les expôfori au danger d-’affouvir les pallions
brutales de Philippe & de fes fatel.ites, & d’être
réduits, par eux, à l’état d’eunuques ; idée qui re- •-
doubloit encore la haine contre Philippe J & qui caufa
le défâftrë d’une famfle des plus puîffântes & des plus
ilhiftres de la Theffâjié,
Philippe, for quelque fbupçon jufte ou injufte ,
avoit fait auffi périr Hérodique, chef de cette famille ,
& fes deux gendres. Ses deux filles, nommées
Jhioxène & Archo , ( Voyez ARCh O ) re tien t avec
chacune un fils. Thioxhne refia veuve; Archo-époufa
un feigneur de la ville drEn a & du pays des Edranes ,
for la rive orientale du globe Thermaïque ou de
JThe/ïalonique } il fe aommojc Poris, Elle çn eut plu- ,
fieurs enfans, qu’elle laiffa en bas âge. Théoxène leS,
adopta tous , en prit le même foin que de fon propre
fils ; & pour être plus particulièrement leur mère ,
elle époufa Poris : les loix du pays permettoient apparemment
cette alliance. Quand Théoxène fut inftruite
de l’étrange réfolution que Philippe avoit prife de
faire enfermer les enfans de ceux qu’il avoit fait
périr; craignant bien moins pour eux la mort que
l’infamie, elle déclara qu’elle égorgerait tous fes enfin”
de fes propres mains, plutôt que de les laiffer
tomber entre les mains de Philippe,Poris, épouvanté
d’un tel projet, lui dit : » qu’il avoit dans la ville
n d’Athènes' des amis affidcs , qui ne refuferoient pas
» de s’en charger, & qu’il iroit lui-même les remettre
entre leurs mains ». Ils partent de Theffalo-
nique, où ils faifoient leur féjour, pour fe rendre à
Enia, & fe trouver à une fêté folemnelle qu’on y
célébrait tous les ans en l’honneur d’Enée, fondateur
de cette ville, dont il eft parlé dans E Enéide •
Feror hue & littore curvo.
Mania prima loco, fàtis ingrejfus iniquis ^
Æneadafque meo nomen de nomine fingo.
Le jour même de la fête, vers minuit, tout 14
monde étant endormi, ils s’embarquèrent for une
galère, comme pour retourner à Theffalonique ; mais
lepr'intention étoit de paffer dans File d’Eubëe , & de
cette île à Athènes : un vent contraire les repouffa toujours
vers la côte. Au point du jour les officiers du
roi, qui avoient la garde du port, les ayant apperçus ,
envoyèrent une chaloupe armée pour ramener 1%
galère. Poris, éperdu, tantôt preffoif les rameurs
d’avancer, & d’échapper à la chaloupe ; tantôt. leYojjÇ
les mains au ciel, & implorait les dieux :
O quantus infiat navitis fudor tuis
Tibique pql'or luteus,
Et ilia non virilis ejulatio ,
Pre ces & averfum ad jovem l
L’jntrépide Théoxène, ayant tout prévu, s’étant
pourvue de coût, & revenant à fon premier defîein
préfente à fes enfan§ du poifon & des poignards ;
qu’elle avoir eu foin d’apporter avec elle t n Mes
» enfans, leur di:-elle, j’ai fait tout ce que j’ai pu
” pour vous fauver; l.s dieux ne le permettent pas,
» Ceft à l’efclavage & à 1* nfamis que vous ères
» refervés, .fi vous avez ’a foibîeffe de vivre. Voilà
” fes derniers feecurs que j’ai à vous offrir : çhoififfez,
” Ayez le mérite de difpofer de vous*mêmes ; sûrs
>> que vos p;jre.ns ne vous furvivront pas ». Tous
obéirent 3 les uns choififfent le poifon, les autres le
fer. Tous furent jetcés dans la mer, morts ou mou-
fans. Théoxène alors embraffant fon mari, s’y
jette au fil avec lui. Les officie; s de Philippe arrivent ;
fe faififfent de la galère , & la trouvent vuide.
Tite-Live, qui rapporte ce tragique événement,'
dit qu’en l’écrivant il fe fent péiîéfc é de tendreffe &
.d’admiratjo.i pour çettç fernme fublime, J1 ajoute que
la haine Contre Philippe s'en accrut a tel poîrit, qu’il
étoit devenu l’objet des imprécations publiques ; imprécations
qui furent entendues des dieux, & qui
eurent leur effet. Ce père , aveugle & infenfé , ayant
bientôt après févi contre fon propre fang, dans la
përfonne de Démétrius fon fils, par les inftigations
& les fuggeftions de Perfée, parce que Démétrius
faifoit profeffion d’eft mer les Romains.
THER AMÈNE, ( Hiß. anc. ) général Athénien,
difciple de Socrate, fut un des trente tyrans établis
par Lyfandre à Athènes, & , feul de ces trente, ne
fut pas un tyran ; aufïî fut-il leur viâime. Critias ,
un d*entreûx, qui avoit é.é lié irttiihement avec lui,
l’accula de troubler l’état, & de vouloir r-enverfer le
^Duvernement préfent. Comme ce. gouvernement étoit
tyrannique, le voeu fecret de tout citoyen étoic de le
renverfer, fans doute. Thiramène, lâchant que fes
ennemis & fes collègues avoient réfolu de le perdre,
embraffa les autels fans elpoir d’y trouver un afyle,
mais pour coûter, dilbit-il, aux affaffins un crime de
plus, & faire voir qu’ils ne refpeéloient ni les dieux
ni les hommes. Socrate , que les Anitus & les Melitus
n’avoient pas encore immolé à leurs fureurs, fut le
feul des fénateurs qui ofa prendre la défenfe de
Thiramène. Il ne put empêcher ce malheureux de
lùccomber : on lui fit avaler la ciguë. Il mourut avec
Je plus grand courage ; il but la plus grande parti«-
du verre de ciguë, & jetta le refte fur la table, en
difant : ceci eß pour le beau Critias ; voulant faire entendre
que fon tour viendrait, & peut-être tarderait
peu. Critias, qui avoit été lui-mê*ne difciple dé So
crate, ne put pardonner à fon* maître d’avoir parlé
pour Thiramène ,• il préluda au crime des affaffins de
Socfate, en lui failant interdire l’inft.uôfion de la
jeuneffe. Peut-être eut-il été plus loin ; mais la pré-
diéfion de Thiramène eut fon effet. Critias fut tué peu
de temps après dans un combat contre Thrafybule,
qui détruifit le règne des trente tyrans, Thiramène
mourut environ quatre fiècles avant l’ère chrétienne.
THERESE, ( fainte) ( Hijlcccléfi') étoit fil'e
d’Alphonfe Sanchez de Cépede & de Beatrix d’A -
humade , tous deux de mailons diftinguées d’Efpagne.
Elle eut de bonne heure une imagination vive &
ardente. La vie des famts, qu’elle emendoit lire affi-
duement dans la maifon paternelle, p oduifit fur elle
d’abord tout fon effet. Elle étoit encore dans l’enfance
, lorfqu’elle s'échappa, ainfi qu’un de fes frères,
pour -aller chercher le martyre chez les Maures'. Op
les rencontra, & on les ramena, honteux & affliges
de n’avoir pu être martyrs. Ils fe confo’èrent en fe
fai Tant her mites; mais fens fortir de chez,eux On les
laiffa, tant qu’ils voulurent, conftruire de petites
xellules dans le jardin de leurs pères, & s’y retirer
pour prier : elle avoit fait tous ces noviciats de fainteté
avant la mort de fon père, qu’elle perdit n’ayant
encore que douze ans. Alors, fort qu’on veillât fur
elle avec moins d’exaéïitude , foit que la même vivacité
avec laquelle elle avoit pris le goût des chôfes
faintes fe portât naturellement fur d’autres objets,
Hifioire, Tome V.
l’anfoQŸ des romans, l’amour du monde, l'envie de
plaire eurent leur temps. Ce temps fut court; fon â^e
demandoit qu’on la mît dans an couvent. Les idées de
erfe&ion revinrent-la faifir; elle fe regarda comme
eureufenîent échappée d’un grand danger, & pour
n’y pas retomber, elle prit l’habit le 2 Novembre.
1536, dans le monaftère de l’incarnation de l’ordre
du Mont-Carmel, à Avila, fa patrie. Ce couvent lui
parut dans un relâchement, que fa piété ne .put fouffrir :
elle le réforma. Elle vit le premier monaftère de fa
réforme fondé dans Avila-en i$6 i. Après les reVi-
gieufes elle réforma auffi les religieux, dans un monaftère
fondé en 1568 à Dorvello , diocèfe d’Avila#
Le bienheureux Jean de la Croix, à la tête de fes
religieux, embraffa cette réforme : c’eft l’origine des
Carmes Déchauffés,
Elle eut le pîaifir de voir julqu’à trente monaftètes
de fa réforme, 'quatorze d’hommes & feize- de filles."
Son inftitut paffa en France, en Italie, aux Pays-Bas,
dans toute la chrétienté ; il fut même porté auMexique
de fon vivant. Elle mourut .le 4 Oélobre 1582 à
Alve, en revenant de Burgos, où elle venoit <Ie
fonder un nouveau mo aftère. Elle étoic née le 2S
Mars 1313 ; le pape Grégoire XV la canônifa en
1621. On a fes lettres, avec les notes de dom Juan
de Palafox, évêque d’Ofma; fa vie, compofée par
elle-même, & on en a auffi une compofée par Ville-
fore. On a fes divers ouvrages, traduits prefque tous
par M. Arnauid d’Andilly. Ils font recommandables
par l’onélion; ils peignent une ame affeéhieufe & 1
tendre , une imagination enflammée. C’éft elle qui a1
dit du démon : ce malheureux , qui n aimera jamais ;
mot dont M. de Voltaire a employé la fubftance dans/
ces vers:
Le paradis eft fait pour les coeurs tendres
Et les damnés font ceux qui n’aiment rien.'
Etant fainte , elle fe fou venoit encore d’avoir été
belle. Un religieux de fa réforme lui dife'nt qu’il la
regardoit déjà comme une fainte fur la terre, &
qu’elle en avoit la réputation. On a dit de moi trois
chofes, répondit-elle, que fêtais ajfe^ bien faite, que
favois de tefprit, & que j ’étois fainte. Toi eu la vanité
de croire les deux premières, & je m en fuis cànfejfée-g
mais je n aurai pas la folie de croire la troifierne.
THERMES , (Hifi. de Fr. ) (Paul de ’a Barthe/
feigneur de) général habile; quoique fouvent malheureux
, fe diftingua par fes, fer vices fous les règnes
de François I , de Henri I I , & de François II. Ce
n’étoit pas feulement comme militaire qu’il. étoit malheureux
; il eut dès fa jeuneffe, *& dès fon entrée au
fervice, des di(grâces & des traverfes de plus d’un
genre. En 1528 une affaire d’honnèur l’obligea de
Îorîir du royaume. D’autres orages encore le tinrent
éloigné de fa patrie; &. lorfque le câline fembloit
vouloir renaître, lorfque de Thermes étoit en route
pour rentrer en France , il tombe entre les mains des
coxfaires, & fubit une longue Si dure« caDtivité.