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grand feigneur-, ow f i , au défaut d*ènfàns, ïîs ont
quelques partns,. à quelque degré qu’ils foient , ô»
a coutume d’en gratifier ceux-ci aux mêmes conditions
, linon oa les confère à d’autres.
Si le revenu excede quinze mille afpres, ou. trente-
nx livres fterlings , ceux qui en jouiffent s’appellent
jubajji , ou çaims, & rendent la juftice dans les. lieux
de leur dépendance , fous l’autorité du fengiac de la
province.
Les timariots. ont des appointemens depuis quatre
ou cinq mille, afprqs , jufqu à vingt mille,. mais on ne
les oblige jamais d’aller à la guerre , à moins que leur
timar ne. rapporte- plus de huit mille afpres y ôc que
le grand feigneur ne fe rende à l’armée en perfonne :
- dans ce dernier cas on n’exempte perfonne.
L’origine des timariots eft rapportée aux premiers
fultans s qui étant les maîtres des fiefs ou terres de
1 empiré , les érigèrent en baronies ou commande-
ïies , pour récompenfer lps fervices de leurs plus
braves foldats , & fur-tout pour lever & tenir'Air
pied un grand nombre de troupes, fans être obligé
de débourfer de l’argent.
Mais ce fut Soliman II qui introduifit te premier
“ ordre ÔC la dfcipline parmi ces barons ou chevaliers
de l’empire ; ôc ce fut par Ion ordre qu’on régla le
nombre de cavaliers que chaque feigneur eut à fournir
a. proportion de fon revenu.
Ce corps a toujours é:é extrêmement paillant &
illuftre dans toutes les parties de l’empire. ; mais fon -
avarice-, defaut ordinaire des Orientaux, a caute depuis
peu fe décadence ôc fon arvilifTement.
Les vice-rois & gouverneurs de province favent li :
bien ménager leurs afFaires à. la cour du grand-fei-
gneur , que-les t’mars fe donnent aujourd'hui à leurs
domeftiques , ou à- ceux qui leur en offrent le plus
d’argent , quand même les timars ne font pas fitués I
dans l’étendue de leur gouvernement.
Il y a deux fortes de timariots ; les uns appointés
par la cour , Ôc les autres par les gouverneurs des
provinces; mais les revenus des uns & des autres ,
font plus modiques que ceux des z a ïm s& leurs tentes
& équipages font, auffi à. proportion moins riches &
moiçs nombreux»
Ceux qui ont des lettres-patentes de la cour , ont
depuis 5 ou 6 m;lie, jufqu a 19999 afpres de gages
par an. Un afpre de plus , les mer au rang des zaïms ;
maïs ceux qui tiennent leurs patentes des vicerois,
©nt depuis trois.qufqu’à. fix mille afpres dappoiate-
ment..
Cette cavalerie eft mieux difciplinée que celle, des
fpahis quoique cette dernière ait meilleure mine ôt
plus de vivacité.
Les fpahis ne fe battent que par pelotons ; au. lieu
que les- zaïms ôc les timariots font enrégimentés , &
commandés par dès colonels , fous les ordres des
Bachas.r Le bacha d’Alep , quand il fé trouve à l’ar-
asoée y effile colonel général de cette cavalerie. (A. R.)
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TIMÊE de Locres , (Hhji. anc. ) philofophe cdl
lèbre, ainfi nommé , parce qu’il étoit de la ville de
Locres en Ifalie, fut difcïple de Pythagore. Ses idées
: ^îr l ame du monde, qui s’infinue dans tous les êtres,
& leur donne le fèntiment, le mouvement & la vie ,.
etoient allez conformes à celles de fon maître , ôc ce
font celles que Virgile a mis en beaux vers dans le
quatrième livre des Géergiques t
EJfe api bus partem divines mentis y & hauflüs-
Ætkereos dixere ; Dcum namque ire per ortines-
Terrajfque , tra&ufqne maris, coelumque profundum 5
Hinc pecudés-, armenta % viras, genus omne fer arum.£
Quemquefibi tenues nafeentem arceffere vitas ,
Scilicct hue reddi dtindè ac refoluta referri
Omnia, nec mord ejfe locum^
Et dans le fixième livre de l’Enéide r.
Prihcipib ccetum acterram campofque lïquentes- J.
Lucent emque globum lu nez y Titania que. ajîm
Spiritus in: us alit , totamque infujd per artus,
Mens agitat molcm.y & magno fe corpore mifeeti. .
Inde hotninumpecudumque genus viueque volantutm
E t quæ marmoreo fert monflm fut czquora pontus ;;
lgneusefi ollis vigory & ccdefeis origd
Se minibus^..
On feit d’ailleurs très-peu de chofe de Timée cfe-
Locres on ignore le temps précis de fa mort. On fai«
feulement qu’il étoit antérieur à Socrate. 11 avoit écrit
la vie de Pythagore 1 Suidas en parle , mais elle elfe
perdue. Il refte feulement de lui un petit Traité de 1*
nature ôc de Tame du Monde , qu?on. trouve dans les
CEuvres.de Platon, auquel ce Tràité a donné l’idée de
fon Timée» Le marquis d’Argens a traduit ce Traité;
en françois.
T imée eft auffi Te nom d’un rhéteur Sicilien , chafle
de fon pays par Agathocle. Ses ouvrages font perdus.*.
Il avoit fait une hiûoire- générale de la Sicile, & une
hiffoire particulière de la guerre de Pyrrhus que
Diodore de Sicile loue à beaucoup d-’égards. Il vivoit
environ deux cents quatre-vingt-cinq ans avant J. G.
T imée ell encore le nom d’un fophifte, qui. a laifleî
un Lcxicon vocum Platonïcarum , imprimé à Leyde en.
17H ? par lis foins d'e David Ruhnkenius.
T imée eft aùffi le. nom de la femmed’Ag's., roi dëfc
Sparte ; elle conçut de l’amour pour A Iclbiade pendant
fon féjour chez les Lacédémoniens; el*e en eut un fils,
nommé Leoty chide, qu’Agis refüfa de reconnbître pour
fon fils, & qui par cette raifon fut exclus de la fucceifion
au trône de Lacédémone. Timée en public, l’appel—-
loit L é 5tychide & fils d’Ag is ; mais en particulier ^
au milieu- de (es femmes & ae fes amies , elle ne rou-'
giffoir pas de l’appel 1er Akibiade , tant le père, de cet
enfant avoit fu inlpiier à cette Lacédé-monienne le*
mépris des devoirs & l’oubli des bienféance.s ! -
T IM O C L E A , ( Hïjl. anc. ) dame ThebaineJ
diftinguée par fon courage '& par fa vertu. A la.priiç
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de ThèÉes par Atexandra-le-Grand , des Thraces
qui fervoient dans l’armée de ce conquérant, abba-
tirent la maifon de Tïnw:lea , pillèrent les meub.es oc
fes tréfors. Leur capitaine , abufant des droits de la
vitloirc, après lui avoir tout enleve , & lui avoir fait
les derniers' outrages, lui demanda encore fi elle na*
voit point d'argent caché. Elle lui répondit qu elle en
avoit ; elle le mena dans fon jardin, lui mot tra un
puits , & lui avoua que quand elle avoit vu la ville
forcée, elle avoit jette dans ce puits tout ce qu’elle
avoit de précieux , efpérant pouvoir l’en retirer dans
la fuite. Charmé de cet aveu, te capitaine s approche
du puits, fe baille pour regarder dédan;, & en examiner
la profondeur ; Tlmoclea le pouffant de toute la
force l’y fini tomber, & l’y affomme à coups, de
pierres. Les Thraces fe jettent fur elle, la chargent de
fers, & la mènent devant Alexandre., qui frappé d a-
bord de l’air de grandeur & de courage qu’elle conter-
yoit dans la captivité, concevant d’ailleurs bonne
opin’on d’elle , .d’après l’affion même dont elle etoit
accufée, lui ‘demanda qui elle étoit. »Je fins, lui dit-
ell?, fe foeur de es I heagene qui combattit contre
» Philippe ton père, pour la l.berté de la Grece, &
jj qui mourut pour elle à la bataille de Cherônee , ou
„ il commandoit les Thébains. » Alexandre, admirant
çette généreufe réponfe , 1a mit en liberté elle fes
enfans, & lui montra toute l’efome. que lui infpiroit
naturellement tout ce qui portoit un earaélere de
grandeur*
TIMOCRÈON , ( Hbfi. anc. ) Rho&en,. poète
comique-, vivoit vers 1 an 4,7^ avant J. C., On lui
reprochoit de 1a gourmandife , & ce qui eft plus
grave, de fe médifence. Il avoit fait des vers mordans
contre les plus grands hommes & lés plus beaux génies
de fon fièc’.e, Thémiftocle & Sinionide.. On n’a
de Titnoc-ém que quelques fragmens dans le cor^ des
poètes Grecs. Ce ’que nous avons dit du caraétère &
des vices, de ce poète , eft. renferme dans ces deux
vers latins faits pour ïui forvir d’épitaphe t
Multa. bibens &rnuha voranstrtalè demque dicens.
Multis , hic jace.Q. Timacreon Rhodius.*.
TIMOLÊON. (Hijk anc. ) Ce grand homme fut
pour Corinthe fa patrie véritable , & pour Syracufe
fa patrie adoptive „ ce qu’Epaminondas & Pélopidas.
forent pour Thèbes. lien fit la puifTanee & la gloire.
TimoUon. femblpit être né pour la ruine des tyrans.. On.
feit que dans, les fiècl’es où la Grèce étoit partagée ea .
une multitude d’états libres, «e nom de tyrans ne défir
gnoit point de mauvais princes, mais en. général tout
citoyen qui s’elevoit a fe fuprême puiffance, ce qui eft’
en effet le plus grand crime dans les. républiques.
Timoléon étok d’une des p!us. nobles familles de Corinthe
; il avoit ùn fi ère. aîné, nommé Timophane,,
qu’il aimoit tendrement , ■ & pour Lequel il avoit rifque
fe vie dans un combat, ofelé voyant en danger, il
PU voit couvert de fon corps. ’lïmophane ne put refifter
à k tentat.on de. fe faitetyran de.Corinthe. TimoUon
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employa en va’n ks prières, les larmes, les menaces
pour l’en détourner. Forcé enfin de prononcer entre •
fon frère & fa patrie, fon choix nefut pas douteux p il
fut citoyen avant tout, & crut devoir immoler ce frère
fi chéri. Après l’avoir avertFplufieurs fois, il prit le
parti de le faire aflafliner en fa préfence par deux de
fes amis & de .fis proches, croyant accorder altez à la
nature en s’abftenant de tremper lui - même fes mains
dans le fang fraternel.
A l’univers furpris, cette grande a&ion
Fut un objet d’horreur & d’admiration.
Les fuffrages fe partagèrent fur ce grand crime com*
mis à force de vertu. Les uns ne virent que 1 effort fe-
blime qu e TimoUon s’ésoit fait pour etouffer la tendreife.
& la nature en faveur de fe patrie Sc de 1a liberté.
TimoUon immolant à de fi grands interets un frère
pour lequel il avoit voulu s’immoler,. leur parut un
citoyen auffi malheureux & auffi refpeélabie , que
l’avoit été un fiècle & demi auparavant, a Rome ,
ce premier Brutus en condamnant fes fi's: fes autres.
ne voulurent voir en lui qu’un fanatique ôc un fratii-
eide. La mère, de TimoUon & c e Timophane. fut dit
nombre de. ces derniers. Quand il y kit poarç la con-
: foler, & lui rendre, compte des. motifs, d'e fon aéhon
elle eut horreur du meurtrier de fon fils , lui ferma fe.
; porte , & prononça contre lui les malédiâions d une
mère & les imprécations d’une ennemie. Timoléon au--
: roit eu befoin lui-même de confoîa'.ibn ; fe douleur ÔC.
les. remords i’àccabloient, il pouvoit dire r
Quoi !; j’ai: fervl l’état , & jefens des. remords l
Il éprouvoît qu’on u’outrage pas la nature imput-
nément ; il' prit la vie. en haine ôc fon.aciion en horreur
, il voulut périr , fe refufa toute nourriture ; ÔC.
; quand fes amis l’eurent enfin- contraint de fouffrir la?.
vie , iL fe- condamna du moins à. palier le refte de fes.
i jours d'ans la retraite & dans la- douleur loin des;
affaires ,. ÔC pleurant toujours le frère dont "il s’étoit
privé. Il paffa vingt ans dans cet éiat : quand iï=
i revint à.Corinthe , il n’ÿ vécut qu’èn fïmplê particu-
! lier ,. toujours, retiré Y toujours ne prenant aucune part
au gouvernement,, mais toujours s’intéreffant tendrement
a fa-patrie..
Denys le jeune tyran de Sÿracufë remonte atü
bout d e d i x ans fur.-le tr-.-.n?, d ’o ù il avoit été.renverfèé
par Dion , devint, plus infùpportable- encore à fes?
: fujets : ceux - ci s’étant révoltés de; nouveau ,, appel—
lërent a leur fecours , ôc chcifxrent pour leur généra?
îcéras , roi ou tyran des Léontins , parce qu ils na—
voient point alors d’autres rfcffôurces.,. ôc qu*Lcetas;
étoit a leur porte. Dans le meme temps* les Carthagi—
I nois , ennemis ordinaires dès Syracufeins, abordoient;
en Sicile avec de grandes, forces, à. la foliickation .fë—
dette d’Ieétas , qui fongeoit bien plus a- fë rendra
maîtr.e de Syracufe qn’àmettre cette ville en liberté;
: Les Sysaeufàins tkoiem leur origine de Cormtbe .;
. ôc. Corinthe s’étoit- toujours haiitement.décfecée.'SOK'tre