outre qu’elles ont le défaut d’être inférieures du côté
de l’éloquence, à prefque toutes celles qu’on connoif»
foit, ont encore le défaut effentiel de n’être point
amenées, & de pouvoir être , fans aucun inconvénient
, placées dans tout autre endroit que dans celui
où celles Te; trouvent ; il femble qu’Orefte n’ait des
foreurs que. parce qu’on fe fouvient qu’ il eft livré
aux furies ; ' elles le faififfent tout-à-coup comme
les accès d’une, maladie. L’auteur eût dû .co'nfidérer*
que dans Andromzque, Orefte devient furieux en
apprenant qù’Hermione s’eft tuée pour ne pas for-
vivre à Pyrrhus ;, que dans t’opéra £ Iphigénieles
fureurs faififfent Orefte, lorfqu’il apprend que Thoas
demande la main d’Eleélre, & que -ce tyran ne veut
accorder la vie-des Grecs captifs, qu’au prix de
cet odieux hyménée ; qu’enfin dans FElectre de M. de
Crébillon, & dans t Orefte de M. de Voltaire-, c,e
font les reproches d’une mère expirante fous fes yeux ,
& par fes coups, qui provoquent les foreurs d’Ôrefte.
D ’après ces exemples., il femble que M. de la Touche
•voulant tourner les fureurs d’Orefte contre Pylade,
eût dû les placer au milieu de cette fcène fi véhémente,
où Orefte s’indigne de Pobftination de Pylade à vouloir
mourir^ pour lui. Peut-être qu’alors l’idée de mettre
Pylade au nombre des objets qui tourmentent Orefte,
eût été affiez heureufe. Les fureurs d’Orefte dans
Euripide ne font qu’en récit; chez la Grange, Orefte,
en paroiffant for la fcène , s’annonce par un violent
accès de fureurs.
On blâme avec raifort dans la nouvelle Iphigénie ,
la foibleffe du caraélère de Thoas, <St fa confiante
inaélion au milieu des périls qu’il redoute. Il eft vrai
que Thoas n’eft ni plus décidé, ni plus aéfi» dans
Euripide, où il- ne paroît qu*au cinquième aéle,
mais c’étoit un défaut à corriger. On a eu raifon
encore de blâmer ou l’abfence éternelle , ou l’inutilité
de ce père d’Ifinéaie dont on parle fans ceffe , qu’on
employé à tout, <$C qui ne paroît jamais; maê cç
qu’il y a de plus blâmable, c’eft le ftyle. Que de
yers profaïques , forcés, mal conftruits, barbares l
Vous , qui le jour, osez à peine en approcher I
Sft-ce le fangqui doit fous votre main .couler!
Enfin je ne fais trop fi c’eft les offenser.
Il voit de lès longs jours pâlir le noir flambeau*
.Aucun dans l’univers n’eft né pour fon tourment#
Du fond de mon exil vous m’arrachez tremblant.
Vous me nommez ces lieux qu’au .crime on proftitue,
Vous m’annoncez qu’il faut en ravir la ftatue.,
Et tranfporter ailleurs fes >aujtels profanés.
De qui faut-il ravir la ftatue & tranfporter ailleurs
les autels? on fait que c’eft.de Diane, mais l’auteur
fie le dit point en cet endroits
C’eft donc en me rendant à Tes arrêts contraire
- Q u’aux vengeances du ciel Ponprétend mefouftraire?
rrote^eur, dites-vous, des mortels innocens ,
Peut-il nous demander leur trépas pour encens !
Sans douté qu ille peut, le demande :
Il nous femble que ce n’eft là ni de la belle poêfiéj
ni de la bonne logique.
Pallois, pourtout tenter, vers mon vaiffeau me rendre^
Comment î Argos a t-il été votre berceau !
Of-z-vous dans vos fers au trépas recourir ?
D ’où vient qu’à fon afpeél s’éclairciffoit la nuit
Qu’autour de moi répand le malheur qui me foitî
Enfin de mes remords qui peut m’avoir diftrait !
D’un mvincibte effroi tous en un mot forpris.
Quel noir tranfport te fait de mon trépas un crime £
Que ta trifte fureur ceffe de t’imputer
Ma mort, qu’en vain ici tu yeux me difputer.
Mais tu ne veux que fuivre en furieux mes pas ,
Et me ravir, ingrat, le prix de mon trépas.
A qui je dois ici de tes jours le bienfait
Il n’a rien vu. Tous deux font encore à fe rendrai-
Et le moment £ après il penfe voir de loin
S'avancer à pas lents quelque indi foret témoin, »
Le faifànt retirer de crainte de furprife,
Je cours voir ea effet fi fon oeil abufé
.Pourvoit n’en avoir pas Fuji à FautreXm^oiê.
Son oeil en a impofé l'un à F autre, n’eft, ni en profe
ni en vers , une phrafe correâe:
Voulez-vous de vos fens moins que jamais Maîtreffe
Et me laiffez frapper fans remords ma viélime*
Q u’au contraire rempli d’innocentes alarmes.
Armez mon bras. Du votre il va faire l’office;
Et qu etts-vous} parlez, il y va de ma vie.
L’on auroit lu d’ ailleurs trouver votre vi élimé
Parmi ces malheureux, connu« parleur feul crimé J
Que ma prudence au port vient de faire arrêter
Sur le vaiffeau caché qui dut La tranfporter. *_
Que de lenteur & de confufion dans cette période
fans harmonie ; en général il eft rare que dans cette
pièce fix vers de fuite marchent d'un pas à peu près
égal, & ne préfentent pas quelque chûte ; ce n’eft
pas dans ce fens que Boileau exige du poète drama«
tique;
Que tantôt il s’élève & tantôt s’humilie.
Il veut que l’harmonie foit fbutenue , & la Iangü#
révérée,
La plus noble penfée
Ne peut plaire à l’efprit, quand l’oreille eft bleffée :
Sans la langue, en un mot, l’auteur le plus divin
Eft toujours, quoiqu’il faffe, un méchant écrivain;
Que penferoit ce fage légiflateur du Parnaffe, d’ufl
poème , où les règles les plus communes de la langue
font quelquefois violée» , où fourent le terme eft
impropre &. le tour, vicieux, fans que l’oreille foit
frappée d’un fon mélodieux ? II ne pourroit cependant
s’empêcher -de voir dans cet ouvrage des traces de
génie, des traits de poëfie.
M. Guymont de la Touche, mourut à la fleuf
de fon âge, le 14 février 1760, Il préparoit un$
, tragédït de Regulu$*
IOUG
TO Ü G , C tn. terme de relation, c\ft une efpèce
d'étendard qu’on porte devant le grand-Vifir , les hachas
, &. les fàngiacs. Il eft compofé d’une demi-pique,
au bout de laquelle eft attachée une queue de
cheval avec un bouton d'or ou dore qui brille au-
deffus. On porte trois tôugs devant le- grand vifir
quand il »a commander \'armèe.,Ricaut. ( D. J .j
TOUQUOA, ( Hiß. mod. Superß. ) c’eft une divinité
reconnue par les Hottentots, qu’ils regardent
comme maîfaifante, comme ennemie de leur nation ,
& comme la fource de tous les maux qui arrivent
dans ce monde on lui offre des facrifices pour l’ap-
paifèr, Quelques-uns de ces famages prétendent,
avoir vu ce démon fous la figure d’un monftre couvert
de poil, vêtu de blanc , avec la tete & les pieds
d’un cheval. ( A . R. )
.T O U R , f. f. ( Hiß. mod. j on donne quelquefois
ce nom à une fortereffe qui fert de prifon d'état,
telle eue la tour de Londres.
Cette fameufo tour eft non-feulement une citadelle
qui défend & commande la ville, la Tamife, &c.
m a" s c’eft encorp une maifon royale où les rois d’Angleterre
ont quelquefois tenu leur cour ; un arfenal
royal qui renferme des armes & des munitions de
guerre pour 60000 hommes^; un tréfer où l’on gardé
Tes joyaux & les ornemens de la couronne ; une
monneie où l’on fabrique les efpèces d’or & d’argent.
là font auffi les grandes archives du royaume,
où l’on conferve tous les anciens regiftres de
la .cour de weftminfter, - & les rôles ou terriers
de tout ce que les rôisd’Angleterre-poffédoient autrefois
en Normandie, en Guitnne, & les nefs de
leur mouvance, &c. Enfin c’eft la prifon principale
où l’on rènferme les criminels d’état, ou comme on
«qit dé haute trahifon.
Au milieu eft la grande tour blanche & quarrée ,
qui fut, bâtie par Guillaume le conquérant. Dans l’en-
. ceinte de la tour eft une églife paroifiïale exempte de
toute jurifdiétion de l’archevêque , & une chapelle
royale où l’on ne fait plus de fervice.
Le principal officier de la tour eft le connétable,
qui a fous lui un lieutenant qui lui eft entièrement
fubordonné, & n’agit que par fes ordres , même en
fon abfence. Différens rois d’Angleterre ont attribué
au connétable le droit de prendre un- flacon tenant
deux gallons & une pinte de vin, fur chaque tonneau
, & une certaine quantité d’écreviflès , d’hui-
tres , & d’autres poiffons à coquille, fur chaque bâtiment
anglois chargé de ces marchandifes.; & le
double fur tout vaiffeau étranger qui paffe devant la
tour. Il jouit auffi d’un honoraire de 200 livres pour
chaque duc que l’on y conftitue prifonnier, 100 livres
pour chaque pair qui n’eft pas duc, -& 50 livres
pour tout autre particulier de quelque qualité eu condition
qu’il foit. Voyeç Connétable.
, Sous cet officier-, &. en fon abfence fous le lieutenant
, eft un gentilhomme de la porte, avec pluûeurs
Hißoire Tome V",
gardes. Ce gentilhomme a la charge d’ouvrir & de
fermer les portes, dé remettre tous les fous les c-efs
au connétable ou au lieutenant, d: les a'ierpr nche
le matin chez l’un ou chez l’autre. Il commande J es
gardes qui font en faélion le jour ;. & à l’entrée de
chaque prifonnier, il a pour ion, honoraire le vêtement
de deffus , ou un équivalent : lequel ^ pour un
pair du royaume, eft ordinairement de 3® livres, &
de 5 pour tout auue particulier
A utrefois le roi accord oit à un duc ou marqu!s prifonnie;
r à la to u r , 1 2 livres fier!l-: par femainie , ce.
qui eft: aujourd hui réduit à 4 '!ivr-:s; à tous les autrer
pairs, 10 livres par T maine , ■r ui font réduites mahitenant
à 2 livres 4 fcheUns 5 der.’r rs; aux chéValiers
& gentilhommes, 4 livres .r,éd.-iires à 13 febéins 4
den: ers ; & aux perfennes di1 commun , il ne'
donne maintenant que 10 sehelins par femaine.
Dans l’ancienne franchi fe qui joint la tour , on com -
prenc-it auffi i’ancien parc £ artillerie , près de la placé
_nomir.ee fpittle-fieLi, comme auffi ce. qu’on appel!«
les petites minories y où le gentilhomme de la porte
exerce la même autorité que les shérifs datas leur ref-
fort. (A. R.)
T our d'Auvergne , ( de la ) ( Hiß. de Fr. ) an-
c'enne &. illuftre maifon d’Auvergne y d ou font
defeendus les ducs de Bouillon. Juftel & Baluze
la f;nt remonter au-delà du douzième fièc'e:
i° . Bernard I mourut le 20 décembre 1253 >
à la cinquième croisade, qui eft la première de'S^int-
Louis.
2°. Bernard I I , fon fils, mourut lé 14 août à
T unis, où il étc-it avec Saint-Louis » a la fixisme &
dernière croifade.
30. Madeleine de la Tour £ Auvergne & de Boulogne
, porta les grands biens de la branche aînée
de cette maifon, dans la maifon de Médicis , &
fin mère de Catherine de Médicis. ( Voye^ l’article
M e d i c i s , ( Laurent II de. )
40. Dans la branche des feigneurs d’OHergr.es ,
vicomtes de Turenne , ducs de Bouillon ^ on dis»
tingue Agne III, tué à la bataille d’Azincourt.
5°. François III, de la Tour, bleffé à la bataille
de Saint-Quentin.
6°. Son fils fut le maréchal de Bouillon, Henri
de la Tour , vicomte de Turenne, à oui Henri .IV.
fit époufer l’héritière de Bouillon la Marek«
Turenne9 qui depuis de la jeune Bouillon, &c.
Voyei l’article LA Marck.
Le 14'oÖöbre 1592, il défit les troupes du duc
de Lorraine, près de Beaumont en Ar gönne, & y
fut 'bleffé de deux coups d’épée. Cette même année
il fut fait maréchal de France. On ne peut pas dire
qu’il ait été allez reconnoiffant des bienfaits dfi
M B W c r