vainqueur d’Qdoacre, qui avoit détruit l’empire d’Occî-
rient » U devint la principale ou l’unique puiflance
de l’Italie. 11 régna glork ufement avec fon iècrétairë
ou fon miniftre Cafliodore. Il embellit Rome de
pluûeurs édifices , il en releva les murailles, il enrichit
Pavie & Ravenne. Beau-frère de Clovis, 8c
gendre d’Alaric, il vengea ce dernier en remportant
fur Clovis, auprès d’Arles , une grande vi&oire, qui
priva Clovis d’une partie confidérable de fes conquêtes
, qui réunit le royaume des Wifigoths à celui
des Offrogoths , 8c qui conferva pour la fuite le
premier au jeune Amalaric, fils d’Alaric, & petit-
fils de Théodoric. On eut à lui reprocher le meurtre
d’Odoacre, lâchement aflaffiné dans un feflin, malgré
les promeffes les plus folemnelles de lui conferver .&
la vie & même la couronne. On eut à lui reprocher
encore la mort de Symmaque 8c de Boëce qui
faifoient l’ornement de fon règne , & qui furent les
viélimés de la calomnie, i l paroît du moins que
Théodoric mourut des remords qu’il fentit de fon
injuftice envers Symmaque.
Théodoric , quoiqu’Arien n’eut point le tort de
jîerfecuter les Orthodoxes, il vouloit qu’on ne consultât
que fa confcience dans le choix d’une religion.
J1 n’aimoit pas qu’on en changeât , fur-tout quand le -
motif de ce changement lui étoit fufpeél d’adulation,
mais il alloit trop loin de ce coté-là , s’il eft vrai
qu’il ait fait trancher la tête a un de fes officiers ,
uniquement pour avoir embraffé l’Arianifme , & qu’il
lui ait dit : Si tu ri as pas gardé la foi à Dieu
.comment pourrasrtu me la garder à moi , qui ne fuis
qu'un homme ? Le difcours étoit fort bon , mais le
châtiment étoit trop fort, quel que fût le motif de
cet homme. Grâce à Cafliodore, Théodoric eft au
rang des princes légifiateurs. R mourut le 3,0 août
52.0.
Les Théodorics de Phiftoire de France font la même
chofè que Thierry , ( voye[ ,ce nom. )
THEODORAS PRODROMUS, {Hifl. Tut.) auteur
Grec, connu par le roman des Amours de Rhodante
& Doficles, imprimé en grec & en latin, à Paris
en 1625 , & traduit en François par Beauchamps
en 1746. On ignore en quel temps il yiyoit.
THEODOSE, ( Hifl. Rom. ) c’efl le nom de
trois empereurs du bas Empire, dont le premier eft
Théodofe le grand , Flavius Theodofius Magnus ,
grand prince qui fit de grandes fautes. Il étoit fils
du comte Théodofe, général illuflre fous les empereurs
Valentinien & Valens ; ce comte avoit fait
la guerre en Afrique ayec beaucoup de prudence &
de courage contre des princes maures fournis à
l'empire Romain & qui s’étoient révoltés , il y
avoit acquis beaucoup de gloire, & fon nom étoit
le plus grand qu'on pût citer dans tout l’Empire ,
ce fut ce qui le perdit ; Valens, un de ces tyrans im-
bécilfes, qui ont déshonoré l’empire Romain, fe dé-
fiant de tout ce qui n’étoit pas imbécille comme
lui^, lui fit trancher la tête à Carthage en 373 , parce
qu'ayaat brea feryj l’Empire, il Soit un de ççux
que la» voix publique appelloit à le gouverner. On
ajoute qu’un magicien- avoit p.édit à Valehs, que fon
foeptre tomberoit un jour entre les mains d’un -homme
dont le nom commenceroit par les lettres Thèod. Les
prédirions ne fe font jamais qu’après l’événement,
mais on font que l’empereur .lui-même ou tout autre
envieux de la gloire du comte Théodofe^ peut avoir
fait celle-ci d’avance pour le perdre. > .b .
5 Théodofey fon fils, né dans la Galice en Efpagne,’
s’étoit diftingué fous fon père, & avoit déjà obtenu
affez de gloire pour faire ombrage aux tyrans 8c
aux flatèurs ; il s’éloigna d’eux, il alla pleurer fon
père dans la retraite & fe confofer en faifant du
bien & en cultivant fes jardins. Cependant une multitude
effroyable de barbares Goths, Aiains., Sarmates,
Huns, Vandales , Quades, Marcomans , inondoient
;les plus belles provinces de l’Empire , pij.loient &
saccagoient tout,, renver-foient ou profanoient les
temples , égorgeqient .les prêtres, déshonoroient les
vierges consacrées à Dieu, outrageoient la nature
& par la débauche 8c par la cruauté-:
Des fureurs des humains c*efl ce qu’ on doit attendre*
Les barrières , de l’Empire étoient forcées de toutes
parts. L’empereur Gratien , fils de V alentinien 1 ,
prince qui ne craigncât pas le mérite parce qu’il en
avoit, fentant par la même raifon qu’il ne pouvoit pas
réfifter feul à tant d’ennemis, crut devoir leur op-
pofor la valeur déjà éprouvée de Théodofe , il lui
écrivit de venir promptement le trouver àSirmium
xlans la Pannonie ( Sirmick en »Hongrie) ; il h fit
général de fon armée contre les Goths. Théodofe,
juftifia ce choix par une vi&oire fignalée qui obligea
les barbares de repaffer le Danube, & dont il vint
lui-meme apporter la nouvelle à la cour. Les envieux
qui avoient reuffi a perdre le père, tentèrent aufti
de perdre le fils ; le bruit fe répandit par leurs foins
que cette vuftoire dont Théodofe fe vantoit , étoit la
plus déplorable défaite, 8c que fa prompte arrivée
à la cour étoit une fuite honteufe ; mais les calomniateurs
n’avojent plus affaire à Valens, Gratien
fevoit qu’il fallait que les accufations fuffent prouvées.
A la prière de Théodofe même , il envoya en Thrace
des perfonnes de confiance & fans intérêt, s’informer
de l’état des affaires ; il fe trouva que Théodofe avoit
été très-modefte, que la défaite des Goths, le nombre
des morts , celui des prifonniers , la quantité
du butin furpaffoient de beaucoup ce qu’il en avoit
dit- Pour toute réponfe aux calomnies des envieux }
Gratien voulut affocier Théodofe à l’Empire : celui-
ci fe montra d’autant plus digne de cet honneur qu’il
fe refufa ; mais Gratien fentoit la néceffité de partager
l’Empire pouf pouvoir 1e défendre ; en effet c’étoit
moins une fimple aflociation qu’il propofoit, qu’un
véritable partage ; il parvint à vaincre la réfiftance
de Théodofe. L’armée eut ordre de s’ affembler auprès
de Sirmium , 1e 19 janvier 379. Gratien s’y rendit
avec Théodof 8c les principaux de fa cour; :1 expofa
Pétât ou fe trouvoit l’Empire un feul homme, ditrij ?
j lui fit faire de magnifiques obsèques j 8c décora la
tombe d’un riche monument. Ces bienfaits ne furent
u ns peut foutenir tant de guerres, ni remédier à tant ,
n de défordres. J’ai befoin d’être foulagé. Il feroit plus
n flaieur fans doute pour l’ambition de régner feul ;
v c’eft un. grand facrifice que je viens faire, mari
» je le fais au bien public. J.e partage l’empire pour
»» l’affermir. 11 me tautuii collègue qui. ait fes.iniérêts
n 8c fes guerres à part, 8c qui en défendant l’état
n défende fon propre bien. J’ai fait choix de Théodofe
» 8i je lui abandonne l’Orient, me réfervant l’Qc-
)> rident 8c l’Afrique.»
Après que Théodofe eut été. proclamé folemnelle-
pient à la grande fatisfaélion de l’armée, il. marcha
vers Theflalonique pour.recommencer la guerre contre
fes barbares qui s’étoient jettés de nouveau fur la
Thrace , la Moefie. 8c la Pannonie ; il les fiirprit ,
les battit , fes fournit 8c vint prendre poffefîion de.
Gonftantinople ». capitale de fon empire le 24, novembre
de la même année 379.
Athanaric/, qui fe faifoit appeller fe juge, des-rois
des Goths, parce qu’il étoit 1e chef 8c fe prince de
toute la nation , avoit été long-temps un grand objet
de terreur pour l’Empire, qu’il ne cefloit. d’attaquer,
& pour fes chrétiens qu’il ne ceffoit de perfécuter
il avoit fourni des fecours à. l’ambitieux. Procope ,
qui avoit voulu détrôner Valens , il avoit fôutenu
'long-temps la guerre contre cet empereur, il L’àvoit
forcé de venir au milieu du Danube ligner, un traité
de paix ; il jouiffoit dàns tout le Nord d’-une grande
-puilfance & d’une grande réputation. Des troubles fur-
venus danS : fes états l’engagèrent,, en 380, à rechercher
l’âliiance du nouvel empereur. Ces troubles s’étant
■ accrus par cette, alliance même 8c par fe foin que
prenoit Athanaric , -d’empêcher fes’ fujets-de fe jetter
iür les provinces de l’Empire;, ce qui étoit toujours
l’objet de tous leurs vceux, il y eut contre lui un
'fouléveinent général, qui l’obligea , en 38-1, de venir
'demander à Théodofe un afÿle dans fa cour. Sur la
première propofition qu’il lui en fit faire ,. en lui mandant
que , détrôné par fes rebelles fujets., chaffé de
fes états, jans reffources, fans afyle, livré au defefpoir ,
al; s’étoit fouvenu de la générofité de Théodofe, &
.qu’il avoit été confolé , Théodofe répondit que l’Empire
étoit ouvert à: Athanaric ,. que toute la puiflance
des Romains feroit fa,- fauvegarde, que la cour de
(fonftantinople feroit la fienne. Ce prince trouva fur
fon paflage les ordres donnés pour qu’il fût reçu
par-tout honorablement; on lui prépara une entrée
magnifique dans la ville Impériale. L’empereur alla
fort loin au devant de lu i, l’accompagna jufqu’au
palais qui lui étoit deffiné , & mefura noblement fes
attentions & fes foins fur la gloire paflee 8c fur les
•malheurs préfens de ce prince.
Athanaric: avoit une ame fenfible , & fàfoëptible
des imprefilons les plus vives ; il avoit été fi fortement
affeélé de la révolte de fes fujets , il fut fi. tendrement
touché des bontés délicates de fon généreux
ennemi ,,.que ce combat de la douleur & de la joie
• lui, devint fatal ; la fièvre le faifit, il mourut quinze
jçurs après fon arrivée à n Confiantinople. Théodofe |
pas perdus, & ç’èff un refiort que la politique
devroit plus fouvent mettre en oeuvre. Athanaric
mourant raffembla autour de fon li t , tous ,les capitaines
qui l’avoient accompagné dans fa retraite, 8c
dans l’effufionde fa recônnoiffance , il fes fit. jurer
d’être à jamais fidèles à ce grand empereur , & quand
ils feroient retournés dans leur patrie, d’y publier
fes bienfaits 8c de porter leurs concitoyens à une
alliance folide & durable avec l’empire. Ils le jurèrent
8c tinrent parole. Après la mort d’Athanaric, Théodofe
leur ayant offert des emplois honorables dans fes
armées , ils préférèrent de retourner dans leur pays où
ils lui feroient plus utiles. Ils racontèrent à leurs concitoyens
ce qu’ils avoient vu 8c ce qu’ils avoient
éprouvé , fes détails de la bienfaifance de Théodofe
à leur égard, fes honneurs dont ils avoient été comblés
, ils montrèrent les- préfens qu’ils avoient reçus,
ils firent aimer 8c refpeéler l’empire 8c l’empereur.
Fritigerne , un de. leurs rois, voulut faire alliance
avec Théodofe.. Oh leur abandonna une partie dé
la Thrace & de la Moefie qu'ils cultivèrent en paix ;
vingt mille Goths s’enrôlèrent dans les troupes de
l’Emptre fes autres fe chargèrent de garder fes paflages
du Danube 8c de fervir de barrière à l’Empire
Romain contre les courfes des barbaresi
En 382 , Théodofe battit encore d’autres peuplades
de ces barbares, il leur infpira une telle terreur 9
qu’ils fe réfugièrent au fond.de leurs régions fepten-
triohales , 8c qu’on- ne fes vit plus reparoître.
Lorfque le Tyran Maxime eut fait aflafliner Gratien
en 383 , Théodofe diflimula quelque temps & descendit
jufqu’à traiter avec lui., de peur que dans le cours
de fes profpérités , il n’opprimât la foibleffe du jeune
Valentinien 11 , frère de Gratien 8c fon afiocié à
l’Empire. Maxime promit de ne point inquiéter Valentinien
, 8c fut reconnu pour empereur par Valen-"
tinien 8c par Théodof et.'
L’Impératrice Juflinemère dé Valentin^n I I ,
Arienne zélée, avoit l’imprudence de perfécuter les
catholiques, &-Saint-Ambroife même, qui n’avoit pas
peu contribué, à contenir Maxime , & à. lui infpirer
des fentimens. de paix. Théodofe voyoit avec douleur,
premièrement ces violences, en elles-mêmes , enfuite
le fpécieux prétexte qu’elles-allofent fournir à Maxime
d’envahir les états^de Vafentinién. En effet Maxime ,
fous couleur de prendre la.’ défenfe des catholiques
8c de- Saint-Ambrcife ^marcha droit à Milan 8c fe
rendit maître de tout l’empiré d’Ôccident. Jufiine
alors implora: le fecours de Théodofe. Dans le confeü
de ce prince, tout le monde fut d’avis de marcher
fans délai contre le tyran. Non, dit Théodofe, n’entrer
prenons jamais , une guerre fans avoir tout tenté pour
la prévenir , &, renouvellant l’ancien ufage établi par
Numa ^d’énvoyer des Féciaux demander juftice avant
de. déclarer la guerre, & la déclarer avant de la faire,
il envoya propofer à Maxime de rendre à Valentinien
les états dont il l’àvoit dépouillé ; fur fon refus > il
I fit fes préparatifs**-