TA B. XXXIV.
S P H I N X C H I O N A N T H I .
LE SPHINX D E L'ARBRE D E N EIGE.
C H IO N A N T H U S V IR G IN IC A . L IN N .
L 'A R B R E DE. N E IG E .
S. dis integris margine poilico aibo punâatis: primoribus firigis duabus undulatis punc-
toque albis, abdomine ocellis trium parium fulris.
Sphinx mltica. Fabr. Enlom. emaiJ. V. 4. 366. Cram.Paf. 1. 301. ƒ . A.
L a chenille fe n o u rrit fur l’arbre aux franges, autrement appelle Barbe du vieillard,
à caufe des bouquets que forment fes fleurs blanches: il v it aufli fur le Troène e t le
Lilas. J e me procurai en Virginie plufieurs individus qu’on p rit fur l ’arbrifleau
d o n t j e viens de parle r; ils entrèrent en te rre le 31 de Juille t, mais tous périrent
dans l’é ta t de chryfalide pendant l’hiver. Après avoir pafîe plufieurs années en
Géorgie, j ’en trouvai quelques-unes dans le mois de Ju in fur la barbe du vieillard ;
elles s’enterrèrent le 22 du même mois, e t p arurent en é ta t de voler le 22 de Juillet.
Ce phalène n ’eft pas commun.
Par rapport à ces infectes qui fe cachent fous terre, e t qui multiplient deux fois
l ’année, il eft p lus à propos de préférer les chenilles du printemps, qui très probablem
en t relie ront en vie, à celles d’automne q ui communément meurent en hiver fouâ
la forme de chryfalide.
Quoique tout auteur judicieux doive fe conformer à cette maxime fage, qui par le confen-
tement unanime des naturalises fyftématiques a force de loi parmi eux, qu’aucun nom trivial
une fois imprimé, pourvuqu’il foit paflable, ne puifle être changé dans la fuite par aucun
écrivain, parcequ’il n’y auroit point de fin, fi, fous prétexte de mieux, on altérait -les. noms,
et les inconvénients de tels changements pour l’ordinaire n’étant point compenfés par les avantages
qui en réfultent, néanmoins nous nous fommes ici hafardés à tranfgrefîer la loi. Nous
le faifons fondés fur une opinion, j’ai prefque dit un décret de Linnæus, (Syft: Nat. 7-67* note)
et fur une autorité encore plus irréfragable, celle de la raifon et du bon fens. Linnæus dit,
dans l’endroit qui vient d’être cité, que les noms triviaux des infeéles pris des plantes qui fervent
à les nourrir, toutes les fois qu’on peut le faire, doivent être employés de préférence, et
qu’on ne fauroit prendre trop de foin pour les découvrir, afin que la dépendance du règne
végétal et du règne animal ainfi rapprochés foit toujours fous nos yeux. Une fois ce .principe
admis certainement le nom infignifiant de rujlica donné à ce noble infeéte par Cramer, doit le
céder à un nom qui peint fon aliment, qui d’ailleurs fe trouve, chofe finguhère, fi propre à
montrer l’analogie de la nature; car l’arbriffeau Américain Chionanthus appartient exactement
au même ordre naturel de plantes que le Lilas et le Troène, dont elle s’accomode très bien,
félon les obfervations de M. Abbot, quoiqu’elles foient étrangères à fon propre pays ; et
comme nous avons un Sphinx particulier au Troène en Europe fon pays natal, (le Sphinx
Liguftn), il eft fingulièrement fatisfaifant de trouver de l’autre côté de l’Atlantique un Sphinx
Chiomnthu