T A B. XIX.
P A P I L I O T I T T R U S.
L E G R A N D S A U T E U R A U X T A C H E S D ’A R G E N T .
R O B IN IA P S E U D O -A C A C IA . L IN N . FAR.
L E FAUX A CA C IA A FL EU R S ROUGES.
P. P. alis fubcaudatis fufcis : anticis utrinque fafcia flava; pofticis fubtus ftriga argentea.
Helperia Tityrus. Fabr. Entom. entend. V.4 . 331.
Cett e chenille fu t trouvée à la fin d’Ao û t rongeant les feuilles du caroubier lau-
vage. Elle les lie enfemble p a r des fils de foie, e t fe tie n t dans cette petite habitation
po u r n ’être pas la proie des oifeaux; procédé employé par les autres elpèces de cette
tribu. Le 6 de Septembre elle fe fila u n e coque entre les feuilles, e t fe transforma en
chryfalide deux jo u rs après. Le papillon naquit le 10 d ’Avril fiiivant. I l n ’efl: pas
très commun en Yirginie, cependant il y efi: indigène.
Quoique nous n’ayons vu nulle part que le commun Robinia Pfeudo-Acacia varie au point
que, de blanc qu’il efi communément, il foit quelquefois de couleur rouge,- nous ne pouvons
néanmoins fuppofer que le defiin de M. Abbot repréfente aucune autre efpèce, d’autant plus
que fous tous les autres rapports la refiemblance qu’elle a avec la première, même dans les
plus petits détails, efi on ne peut plus frappante.
Le genre de Robinia doit fon nom à un botanifie François; on cite à fonfujet les anecdotes
fuivantes qu’on ne lira pas fans plaifir. Le paffage efi tiré des Mélanges cFHiftoire et de
' Littérature, par M. de Ftgneul-Marvïlle, êd. 4. Paris. 1715, Fol. 1. 255, le véritable auteur de
cet ouvrage efi un chartreux Dom Bonnaventure d’Aigonne, le Zoïle de la Bruyère.
fc Joannes Robinus, garde du jardin royal des plantes, erat eunuchus. C’étoit le plus curieux
“ botanifie de fon tems. On a fon portrait dans u n recueil de fleurs et de plantes qu’il avoit
“ cultivées, gravé par les foins de fes amis, avec ce diftique :
“ Omnes herbas novi.
“ Quot tulit helperidum, mundi quot fertilis hortus,
■ “ Herbarum fpecies novit hic anus eas.
“ Il efi le premier qui a élevé T Acacia en France, et qui a donné la vogue aux tubéreufes,
“ qu’on ne connoifloit qu’en Provence. Jamais homme n’a été plus entêté de fleurs que ce-
“ lui-là. De quelque chofe qu’on lui parlât, il en revenoit toujours à fa grippe: ce qui faifoit
“ dire à M. Patin, qu’il feroit changer le proverbe; et qu’on ne diroit plus, // fouvient à
“ Robin de fes fiâtes ; mais, il fouvient à Robin de fes fleurs. Le même M. Patin l’appelloit
“ Eunuchus Hefperidunr, mais un eunuque jaloux, et fi jaloux de fes fleurs, qu’il aimoit mieux
** en écrafer les caïeux, que d’en faire part à fes amis. Un médecin enragé de cette dureté,
ft lui adrefla une fatire Latine très cruelle avec ce titre:
“ Joanni Robino totius propaginis inimico nato.”