établis d’après une contemplation, aufli étendue qu’elle pouvoit l’être,
des efpèces naturellement alliées; c’eft pour cela que fouvent on les
trouvera plus exaéfs et plus parfaits que ceux de Linnæus, qui eon-
noilioit comparativement peu de Lepidoptera\ ou que ceux de Fabri-
cius qui n’en connoifloit pas particulièrement les métamorphofes, les
ayant principalement connus dans les cabinets, et manquant par con-
féquent du fil eflentiel pour parvenir à un arrangement naturel. Aufli,
femble-t-il par fa préface relativement à cette tribu, n’être pas bien fur
d’y avoir réufli. Ses travaux néanmoins lui font beaucoup d’honneur;
et, quoique nous n’adoptions pas fes genres et fes fubdivifions, nous admirons
la fagacité avec laquelle il a caraétérifé les efpècès. Il efi feulement
à regretter que cet illuftre écrivain n’ait pu avoir devant lui,
fous un feul point de vue, toutes les efpèces qu’il avoit auparavant
décrites de chaque genre, afin de pouvoir, autant qu’il étoit poflible,
placer enfemble toutes celles qui étoient naturellement alliées; car fa
dernière édition eft peut-être plus défectueufe en ce point qu’en tout
autre.
En nommant les nouvelles efpèces contenues dans cet ouvrage, on-
a fait attention aux règles bien établies, et on a eu égard à tout ce
qui pouvoit aider la mémoire ou infini ire. L’éditeur fe flatte que les
peines, qu’il s’eft données à ce fujet, ne feront pas confïdérées comme
inutiles. En montrant ce qu’il eft poflible de faire, à l’aide de quelque
attention et avec de F exactitude, il a peut-être fourni un nouveau
moyen de prouver que cette partie d e là fcience peut efficacement
fervir à l’inftruéfion, et que la mémoire et le jugement peuvent fe prêter
un mutuel fecours. Ses travaux paraîtront à quelques-uns frivoles
et peu utiles. Il y a. eu des naturaliftes qui, pourvu qu’ils ajoutaf-
fent des noms à l’amas confus et ftérile que recéloit leur mémoire,
s’embarrafloient peu de la philofophie des chofes. Ils ont par-là jetté
du difcrédit fur l’étude à laquelle ils s’adonnoient, e t prefque juftifié
le paradoxe que d’autres ont foutenu, favoir, que les noms qui ne fig-
nifioient rien étoient les meilleurs. Mais certainement s’il-eft jamais
utile de diftinguer un objet naturel d’un autre, on ne peut employer
trop de moyens d’aflifter la mémoire, dans une fcience aufli vafte que
l’eft: devenue de nos jours l’hiftoire naturelle.
Les figures dans cet ouvrage font deftinées à rèpréfenter les efpèces
aufli parfaitement qu’il étoit néceflàire pour les diftinguer. L’infeéte
parfait des deux fexes, quand il y a entr’eux quelque différence, avec
la chryfalide et la chenille d’où il provient, accompagne la plante qui
fert à chaque efpèce d’unique ou de principal aliment. On a figuré
fréquemment le defîùs et le deffous des Papiliones ou Papillons de
jour; y ayant fouvent entre l’un et l’autre une grande différence.
Mais comme le deffous des Phaloenoe ou papillons de nuit reffemble
beaucoup plus au defîùs, à cela près qu’en général il eft d’une teinte
plus foible, une courte mention de ces différences rend abfolument
inutile la repréfentation. Il arrive néanmoins affez fouvent que les
deux fexes différent notablement, même plus que quelques autres
efpèces diftinétes, et c’efl: pour cela que quelquefois on a jugé nécef-
faire de les figurer féparément.
L’Amérique Septentrionale, d’après les obfervations de M. Abbot,
produit nombre d’efpèces d’infeétes curieux, très différens de ceux
d’Angleterre, et pour la plupart répandus dans tout le pays. Il paroît
qu’une partie lui eft commune avec l’Amérique Méridionale et, les
Indes Occidentales; tandis que l’autre appartient plus particulièrement
à cette contrée. Quelques efpèces rèffemblent à celles d’Angleterre,
telles que quelques-unes des tribus le Laquais, le Touffu et l’Argus.
Certaines chenilles entièrement différentes de célles qu’on rencontre
en Angleterre, donnent des phalènes qui ont bien des traits
de reffemblance avec plufieurs des nôtres, tels que les phalènes le
Poignard et le Gris; tandis que d’un autre côté des chenilles qui ref-
femblent à celles de ce pays naiffent des infeétes tout-à-fait différens
des nôtres, ainfi que nous le voyons dans le genre Sphinx et dans
quelques ■ Phaloenoe.