dans un état de perfection qui laide à peine quelque chofe à defirer;
mais où font les métamorphofes par lefquelles ont paffé ces formes
finies? et où font leurs différentes habitations, leur aliment et leurs
moeurs? quelques phalènes et quelques papillons d’Europe feulement
ont été préfentés au public, avec tous leurs changements et quelques-
unes de leurs variétés, par Harris, Wilkes, Efper, Èrnft, l’admirable
Roefel et l’inimitable Sepp ; mais, depuis la célèbre Mérian qui n’a pas
été très exacte, quel eft celui qui a confiamment et attentivement
obfervé ceux des régions éloignées de l’Inde ou de l’Amérique?
Les matériaux de cet ouvrage ont été recueillis fur le lieu même
par un obfervateur exact, M. Jean Abbot, qui a réfidé plufieurs années
en Géorgie, et qui, après avoir auparavant étudié les métamorphofes
des infectes Angloifes, a pourfuivi le cours de fes recherches en Géorgie.
et dans les parties voifines de l’Amérique Septentrionale. Il a figuré le
réfultat de fes obfervations avec une beauté de pinceau et une exactitude
qu’il feroit difficile de furpaffer; et il a accompagné fes figures
d’une courte indication, aiiifi que d’une repréfentation, des plantes
dont chaque infecte fait fà principale nourriture, auxquelles fe trouvent
jointes plufieurs circonftances relatives à fes moeurs, ainfi que les
temps de fes différentes métamorphofes et d’autres particularités inté-
reffantes. Quant à tous les faits de ce genre contenus dans cet
ouvrage le public en eft entièrement redevable à M. Abbot. Les notes
de ce dernier n’ayant point été rédigées par lui-même méthodiquement
à l’effet d’être publiées, l’éditeur leur a purement donné une
forte de liaifon et d’ordre; et a généralement ajouté fes propres remarques,
dans un paragraphe féparé et en caractères différents du
refte de l’ouvrage, étant d’ailleurs entièrement refponfable des noms
fyftématiques et des définitions, attendu que M. Abbot n’a pas même
tenté de traiter cet objet.
L’exécution de cette partie de l’ouvrage n’étoit pas fans difficultés.
Les efpèces de Lepidoptera, telles qu’on les voit dans la dernière
édition de Fabricius, font fi prodigieufement nombreufes, qu’il ne
faut pas peu d’étude et d’obfervation pour parvenir à les connoître
affez bien, pour être en état de décider fi un infecte particulier qu’on
nous préfente fe trouve parmi elles ou non. Cette difficulté a été en
grande partie applanie par-le libre accès, qu’on a bien voulu, donner à
l’éditeur dans les cabinets du Britilh Muféum, de Sir Jofeph Banks,
de feu M. Lee d’Hammerfmith, et dans celui de feu le Dr. Hunter,
maintenant dans la poffeffion du Dr. Baillie, où l’on trouvera prêfque
toutes les nouvelles efpèces de Fabricius nommées par lui-même;
tandis que la collection originale, de Linnæus a répandu le plus grand
jour fur les efpèces Linnéennes. La plupart des infectes même nouveaux,
figurés dans cet ouvrage, fe trouvent répandus dans les cabinets
dont il. vient d’être parlé, et tous fe rencontrent dans l’excellente col-
lection de M. Francillon, tranfmife par M. Abbot lui-même. Dans
le genre de Papilio, l’éditeur n’a pas été peu aidé.par fon exact et officieux
ami, M. Jones de Chelfea, qui connoît peut-être le plus parfaitement
cette tribu, et dont les deflins font eux-mêmes l’autorité originale,
pour plufieurs Papiliones nouvellement publiés du Profeffeur
Fabricius, qui n’ont été en effet décrits que d’après eux.
Partout où quelques-uns des infectes dans cet ouvrage pouvoient
être découverts dans ceux de Fabricius, et on efpère qu’il en eft peu,
fi toutefois il y en a des liens parmi eux qui n’aient pas été trouvés,
fes noms triviaux ont été fcrupuleufement confervés, excepté lorfque,
ainfi qu’on le verra, de puifîantes raifons exigeoient qu’on les changeât.
Dans plufieurs cas il a ete ablblument neceffaire de changer la termi-
naifon de fes noms, pour les faire quadrer avec les terminaifons particulières
que Linnæus a jndicieufement attribuées à des fections
particulières de Phaloenoe. Ainfi le mot imperialis de Fabricius a
été changé en imperatoria, celui de regalis en regia, parce que les
noms finiffànt en alis font exclufivement réfervés aux Phaloenoe- Py-
rales. Cependant les caractères fpécifiques n’ont pas été aveuglément
adoptés, foit de Fabricius, foit de Linnæus lui-même; mais ils ont.été